C’est un médecin endocrinologue canadien d’origine autrichienne, Hans Selye, qui introduit pour la première fois la notion de stress dans un ouvrage publié en 1956 sous le titre de « The stress of life » (« Le stress de la vie »). Le terme, utilisé à l’origine dans le domaine de la biologie, définit l’ensemble des réponses d’un organisme soumis à des pressions ou contraintes de l’environnement. Transposé au psychisme humain, Selye développe le concept de syndrome d’adaptation, montrant que ces réponses dépendent de la perception que chaque individu a des obstacles qu’il rencontre, et surtout de la manière dont il réagit. Il nomme « eustress » ou « bon stress » celui qui stimule de manière positive l’énergie en mobilisant les ressources d’un individu. Le « distress » ou « stress négatif », à l’inverse, génère de l’anxiété, suivie de son cortège de possibles somatisations.
D’un point de vue psychologique, la notion de représentation est donc essentielle quant à l’augmentation ou à la diminution du stress lié à une situation de vie. Ce regard singulier face aux événements diffère pour chaque sujet en fonction de son histoire et de sa construction psychique. Ainsi, à la suite d’une rupture amoureuse ou d’un licenciement, une personne peut se sentir engloutie, alors qu’une autre verra là une opportunité pour aller de l’avant. C’est bien évidemment vers la deuxième solution qu’il s’agit de se diriger en ayant conscience, comme l’assure le psychologue Dominique Chalvin, auteur de « Mieux vivre avec son stress », que gérer son stress, c’est gérer sa vie, qui n’est faite que d’obstacles à surmonter et de problèmes à résoudre, prévisibles ou imprévisibles…
Des signaux parlants
Les deux extrêmes qui signalent un stress négatif sont les sensations récurrentes d’irritabilité ou, à l’inverse, une tendance au repli sur soi. Il faut être particulièrement vigilant envers certaines attitudes au quotidien comme le pessimisme ou des pensées obsessionnelles. Un autre comportement, générateur de stress, consiste à nier une difficulté pour faire bonne figure. C’est oublier que l’inconscient se chargera un jour ou l’autre de manifester ce mal-être au niveau corporel. La première étape revient donc à identifier ce qui dysfonctionne. Cette objectivation contribue à ne pas laisser le processus s’envenimer au détriment de la santé.
Les causes du stress
Énumérons, par ordre décroissant, les principales causes d’un tel état :
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La perte : facteur stressant le plus puissant, il prend la forme du décès d’un proche, d’un divorce, du départ des enfants du nid familial. Mais ce peut être aussi une mutation professionnelle entraînant un déménagement, une difficulté financière…
- La sensation de solitude : ne pas parvenir à établir une relation avec son entourage engendre un isolement générateur de dysfonctionnements.
- Les contrariétés du quotidien : un embouteillage, une difficulté à se garer, des retards, des réunions ennuyeuses, des réflexions désobligeantes, sont autant d’événements qui peuvent, lorsqu’ils compulsent, déclencher les hormones du stress.
- La pression du temps : véritable fléau de notre époque, l’impression de manquer de temps est liée à une société qui prône l’activisme plutôt que l’activité. Un élément à prendre en considération.
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L’environnement extérieur : il est évident que vivre entouré de béton, au milieu du bruit, ne génère pas les impressions harmonieuses d’un habitat à la campagne…
La transformation
Transformer le
distress en
eustress, c’est apporter une réponse appropriée à chaque difficulté pour avancer. Pour mieux vivre les situations stressantes, des plus douloureuses aux plus anodines, il existe des clés efficaces :
> Pour évoquer la perte douloureuse, Chalvin consacre un paragraphe entier à cette émotion, à ne pas négliger, que représente la tristesse :
Osez pleurer pour être heureux !, écrit-il.
Le chagrin, continue-t-il,
est en fait la meilleure façon que l’homme ait trouvé pour dire au revoir. S’interdire d’exprimer sa peine, c’est conserver en soi du stress négatif. Toujours selon cet auteur, des études ont démontré que
les larmes venant de la décharge de tristesse sont composées de 90 % de substances biochimiques toxiques. C’est pourquoi il ne faut surtout pas ravaler ses larmes, tout à fait libératrices en pareil cas. L’émotion ainsi déchargée amène un processus de détente propice à un regain d’énergie vitale. Il va alors être possible d’élaborer un véritable deuil en acceptant la réalité, tout en prenant conscience que la vie continue malgré tout. Pour la psychanalyse, ce type de stress est dû à la perte qui découle d’une angoisse originelle, dite
angoisse de dissociation, que chacun a connue au moment où il a quitté la matrice maternelle. Pourtant, rien n’a été fondamentalement perdu. Envisager le problème de cette manière permet de ne pas rester fixé au traumatisme, puisqu’il devient une opportunité d’évoluer autrement.
> Dans son ouvrage « 101 conseils pour vaincre la solitude », Claude Ullin propose – entre autres – comme antidote à ce facteur de stress important, de
donner un peu de son temps et de ses efforts à plus démuni que soi. D’autant, précise-t-il, que
la demande de bénévolat va croissant, contrairement à ce qu’on observe, par ailleurs, d’individualisme et d’égoïsme dans notre société…
> Au quotidien, une accumulation de contrariétés peut entamer votre capital sérénité : un rendez-vous déplacé, un proche qui vous irrite, etc. Là aussi, il est important de savoir décharger régulièrement son stress. Dominique Chalvin conseille dans le cas d’une colère qui ne pourrait s’exprimer autrement de
pousser des cris ou même des hurlements au volant de votre voiture ! Par exemple. Mais ce peut être aussi pratiquer un sport ou encore écouter de la musique relaxante. L’essentiel consiste à trouver l’activité qui convient le mieux afin de retrouver les plus rapidement possible son équilibre.
> La course contre le temps met également notre santé à rude épreuve. Pourtant, il suffirait juste d’un peu d’organisation pour se préserver. Appliquer la méthode des listes pour gérer son planning réduit considérablement le niveau de stress. À faire le soir, au calme, pour préparer le lendemain : listez toutes les tâches à effectuer dans la journée à venir, puis hiérarchisez vos priorités. Cette simple astuce vous aidera à ne plus vous sentir submergé. Cochez au fur et à mesure ce qui n’est plus à faire sur votre carnet. Votre esprit s’éclaircira et vous développerez une attitude de gagnant.
> Ce n’est pas une coïncidence si notre société hyperurbaine génère un engouement, jamais égalé jusqu’ici, pour les techniques de bien-être au naturel. Parmi elles, la phytothérapie (médecine par les plantes) est en très bonne place. Pour réduire les palpitations cardiaques et la tension nerveuse qui l’accompagnent, rien de tel que l’
aubépine. Pour lutter contre les insomnies, pensez à la
valériane. Quant à la
mélisse, elle aide à soulager les maux de ventre d’origine nerveuse. Même si vous n’avez pas la chance d’habiter au milieu de la nature, il est possible de gérer ce manque en invitant les trésors qu’elle distille… chez vous.
Valérie Cirin
