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La psycho
dans Signes & sens
Interpréter un symbole fascine l’humanité depuis toujours. Pour exemple, l’Ancien Testament raconte que Joseph, alors prisonnier de Pharaon, gagna sa liberté et sa condition de vice-roi d’Égypte à sa juste interprétation d’un rêve, alors que d’autres avaient échoué jusque-là. Il y était question du nombre 7 revenant en invariant dans le récit onirique. Le rêve utilise donc la symbolique mais encore faut-il la mettre en lien avec l’inconscient du rêveur…
Sigmund Freud en 1900, après quatre années de travail, publie « L’interprétation des rêves ». Ses travaux l’amènent à considérer le rêve comme étant la voie royale d’accès à l’inconscient. Son disciple Carl Gustav Jung, à sa suite, développe la notion d’archétypes, ces symboles qui permettent de retrouver la relation entre l’Homme et l’Univers. L’étude de la symbolique des rêves est un passage obligé pour une meilleure compréhension du monde onirique.
Les couples d’opposés
Le philosophe français Gaston Bachelard (1884-1962) est un auteur qui, de son côté, développe de façon remarquable dans ses écrits la richesse et la complexité de la symbolique. Ainsi, partant des quatre éléments que sont l’eau, le feu, l’air et la terre, il les décline tout d’abord en termes de passivité et d’activité. On retrouve d’ailleurs cette notion de couples d’opposés dans la symbolique freudienne. Pour exemple, un objet ayant une forme sphérique sera relié dans la symbolique du rêve à la mère, tandis qu’une forme allongée ramènera plutôt au père. La manifestation onirique est, de fait, une façon détournée de mettre en scène un complexe (terme utilisé par Jung). Tout symbole, en effet, renferme une dualité et doit être interprété en fonction d’un tout. Le feu peut réchauffer mais aussi détruire. Il en est de même pour les autres éléments. Quant à la féminité et la masculinité, la passivité et l’activité, elles peuvent prendre des apparences multiples, sachant que l’art de l’interprétation consiste à décrypter chaque symbole en fonction de l’unicité de chaque sujet, selon son sexe, son éducation, son histoire et son contexte actuel.
Les quatre éléments
Bien qu’il faille rester très prudent avant d’interpréter un rêve, voici cependant quelques bases de décryptage en ce qui concerne la symbolique des quatre éléments :
- L’eau renvoie au fondement de la vie. On retrouve cet élément passif dans toutes les traditions. La bible relate qu’au commencement, le monde n’était qu’une étendue d’eau. Pourtant, cet élément vital peut aussi engloutir. Les déluges sont présents dans les mythes chaque fois qu’une transformation est nécessaire. La symbolique de l’eau peut donc être perçue de manière positive mais aussi négative. Certains courants l’associent au monde des émotions. Selon le contexte du rêve, elle témoigne d’un sujet équilibré, ou au contraire, d’un psychisme coupé de ses émotions ou bien encore submergé par elles.
- La terre est également un élément de type passif. Renvoyant au matériel comme au principe féminin, la terre dans un rêve, selon sa représentation, est associée à la notion de fondation qui peut être solide ou, au contraire, insécurisante. Le spécialiste devra ici aussi prendre en compte le contexte du songe.
- L’air (pneuma en grec) correspond à l’esprit. Pour Gaston Bachelard, c’est l’imagination en mouvement. Élément actif, on le retrouve dans la tradition biblique au moment de la création de l’Homme. Dieu souffle dans les narines d’Adam une haleine de vie. Certains courants associent cet élément à la vivacité (une personne à l’esprit vif). L’air est aussi lié à l’intelligence, la cérébralité.
- Le feu, synonyme d’énergie, d’action, renvoie au dynamisme. Il est actif et peut s’interpréter différemment, selon le récit du rêve. Il purifie tout en détruisant. Les associations libres du rêveur aident, dans ce cas-là, à donner un sens évolutif à l’interprétation.
Guy Berthalot
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