Friedrich Nietzche affirmait que « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ». Cette maxime se révèle paradoxalement vraie…
La psychanalyse s’emploie à donner sens au symptôme, aussi pénible puisse-t-il paraître. Ce sens enfin découvert permet, de par le processus de sublimation, de poser un principe de guérison. Qui dit principe de guérison ne signifie pas pour autant que l’épreuve traversée soit reléguée aux oubliettes pour faire place à un état idyllique. Il indique – et c’est déjà beaucoup – qu’un enseignement, une leçon de vie ont été intégrés par le sujet. Cette traversée du désert se transforme alors en une forme de connaissance, d’apprentis-sage qui ne peut que renforcer les pulsions de vie et, pourquoi pas, se transmettre…
Un processus déroutant
Depuis son premier grand traumatisme, au moment où il a quitté le ventre maternel, fantasmé paradisiaque par son inconscient, la vie n’est qu’une succession d’épreuves initiatiques pour le petit d’Homme. Pourtant, il a gagné en autonomie dès lors qu’il n’a plus eu besoin de sa mère pour respirer. Il existe donc, au tout début de l’existence, une corrélation étroite entre épreuve à traverser et sensation d’avoir gagné en maturité. Cette conscience moïque se développe peu à peu au cours des périodes d’identification, puis de détachement quant aux objets d’amour que représentent les parents. Puis, par un jeu transférentiel subtil, le même processus continue tout au long du chemin existentiel. Ainsi, une épreuve (divorce, perte d’emploi, décès d’un proche, maladie) renvoie invariablement à cette nécessité évolutive. Le principe de réalité fait que la vie ne s’arrête pas au départ du conjoint, ni après un licenciement, ni à la suite de la mort d'un être cher, ni durant la maladie. La raison ? Tant que nous sommes présents à nous-mêmes, la difficulté aussi grave soit-elle a quelque chose à apporter, au-delà de la douleur et de la souffrance. Nous sommes donc nés pour grandir, et ce jusqu’au dernier souffle…
Un devoir de transmission
Martin Gray, un homme dont la vie fut jalonnée d’épreuves, a toujours fini par accepter l’inacceptable. Son attitude et son témoignage ont soutenu des millions d’êtres dans l’épreuve et l’ont, de fait, transformer en véritable roc inébranlable. Interviewé sur le paradoxe de l’existence, il cite ce que son père, alors résistant dans le ghetto de Varsovie, lui a transmis :
« Mon fils, aujourd’hui, nous devons tuer, mais n’oublie jamais : la vie est sacrée. Le jour où tu auras des enfants, va jusqu’au bout… ». Ces mots ont guidé toute ma vie, ils m’ont servi d’objectif, témoigne-t-il.
L’amour, la fraternité et l’espérance triomphent toujours du mal, du désespoir et de la mort. Je suis ici pour le croire, le dire et l’écrire…
Charles Dupuis