Le narcissisme fait partie du développement psychologique de l’être humain. Toutefois, il est une pathologie rare mais néanmoins destructrice pour l’entourage : la perversion narcissique. Ce trouble du comportement induit, selon Sigmund Freud, un déni de l’altérité. Le psychiatre et psychanalyste Paul Récamier a, de son côté, mis en évidence ce dysfonctionnement psychique grave.
Paul Récamier, travaillant donc en milieu psychiatrique, a observé le comportement des sujets qu’il nomme « pervers narcissiques », dans le cadre de l’institution médicale. Pour autant, il est malheureusement possible de retrouver ce type de profil dans la société : « Prendre insidieusement sans donner » pourrait être son credo…
Séduction et pulsions d’emprise
Dans la relation objectale du tout-petit d’Homme, l’inconscient a besoin de s’identifier à ses
objets d’amour (maman, puis papa) pour se construire. Il s’en détache par la suite pour vivre par lui-même, tout en prenant en compte et en respectant l’altérité. Chez le pervers narcissique, l’évolution est différente, le narcissisme étant perverti, c’est-à-dire dévié de son sens. Il ne distingue aucunement, en effet, son interlocuteur comme étant un
alter ego, semblable et différent. Racamier utilise, à dessein, le terme d’
ustensile pour définir l’autre
objet – et non
sujet – tel que le perçoit cet individu dangereusement pathologique dont le but consiste essentiellement à
utiliser son entourage à ses propres fins. Pour y parvenir, son arme préférée reste la séduction par laquelle il assouvit ses
pulsions d’emprise. Il avance masqué au début de la relation et finit par se montrer tel qu’il est lorsque sa proie est inhibée, à l’instar du serpent de la Genèse biblique.
Mensonge et culpabilisation
C’est dans la sphère du mensonge que le pervers narcissique est le plus à l’aise. D’où la difficulté à faire la part des choses sur sa véritable identité. Affabulateur, il l’est mais ses victimes l’ignorent, en tout cas au début de la relation, tant elles sont fascinées par le personnage. Ainsi, connaissant les failles de sa proie, le pervers narcissique répond favorablement et surtout rapidement à toutes les demandes (vie matrimoniale, désir d’enfant, proposition professionnelle). Il a une propension orale à offrir du merveilleux tout de suite pour mieux jouer ensuite sur la culpabilité de son partenaire. Il s’agit d’une véritable vampirisation. Il ne se contente pas de manipuler, il veut s’accaparer inconsciemment les qualités de sa victime en la détruisant. Nous sommes quasiment au bord de la psychose.
Les signes
En revanche, il n’est pas question de voir des pervers narcissiques partout ! Heureusement, leur nombre est infime mais la vigilance reste de mise dans certaines situations. Voici quelques signes qui ne se veulent absolument pas être des attributs d’un portrait type du pervers narcissique mais qui présentent l’avantage de prévenir d’une relation illusoire :
-
comportement trop séducteur
- tendance à magnifier ses expériences
- victimisation exagérée
- dévalorisation d’autrui
-
propension à faire culpabiliser.
Le recours salvateur à la psychanalyse
Il ne faut pas vraiment compter sur la démarche du pervers narcissique pour changer. En revanche, son entourage consulte… La méthode psychanalytique opère favorablement dans la mesure où elle permet à la victime de ce grand destructeur de mettre en exergue ce qu’il est censé devoir faire et qu’il ne fait jamais ! Les promesses restent systématiquement vaines. En outre, la méthode freudienne permet de réaliser que le partenaire a l’art de couper progressivement de la famille, des amis, de l’entourage professionnel… Autant de mises en miroir qui accélèrent les processus salvateurs de séparation et de reconstruction, tout aussi indispensables l’un que l’autre pour un retour à une vie normale.
Simon Meyer