Réussir, rencontrer le succès dans ce que l'on entreprend, se sentir bien dans sa peau et bien dans sa vie, c'est ce que nous désirons tous, quelle que soit la forme sous laquelle nous souhaitons voir se manifester cette réussite dans notre existence : réussite affective, professionnelle ou sociale, aptitude à concrétiser projets et objectifs, vie de famille heureuse et épanouie, réalisation de soi-même, abondance matérielle... Or il semble bien que, comme nous sommes programmés pour survivre, y compris dans des circonstances extrêmes, il en soit de même pour la réussite de ce que nous désirons entreprendre. La survie même en dépend : de l'individu, autant que de l'évolution en tant qu'espèce. Voyez l'histoire de notre monde : elle est faite, depuis ses premiers instants, de l'accumulation de milliards de milliards de petits et grands succès des entreprises diverses de nos ancêtres qui nous ont ainsi permis d'arriver où nous sommes. Cela va de la compréhension, lors des ères glaciaires, de la nécessité de migrer vers des climats plus favorables à la maîtrise du feu, la fabrication d'un simple outil ou la construction d'une hutte. Nos inventions modernes ne sont que le prolongement de toutes ces réussites accumulées ; rien de plus !
La réussite n'a jamais été l'apanage de personnes « équipées » de connaissances ou de talents particuliers, pas plus autrefois que maintenant. Nous avons tous rencontré ou entendu parler de la réussite flamboyante de certains qui avaient pourtant commencé leur existence dans les pires conditions. De même, combien de diplômés ayant pourtant suivi des études supérieures ne parviennent pas à vraiment « démarrer » dans la vie. Pourquoi donc quelques-uns semblent-ils favorisés par les dieux, tandis que d'autres voient s'effondrer dans l'œuf leurs rêves les plus chéris ? Malchance ? Inaptitude ? Et s'il s'agissait avant tout d'une méconnaissance des règles du jeu de la vie – un peu comme si nous en avions égaré le mode d'emploi et tentions, en tâtonnant, de retrouver comment ça marche ?
Reprendre confiance en soi
Combien de fois n'osons-nous pas dans la vie de tous les jours ! Et combien de fois aussi n'avons-nous pas regretté amèrement cette retenue excessive, ce manque de courage, ces hésitations incessantes qui nous freinent tant et si bien que, lorsque enfin nous nous décidons à agir, cela fait belle lurette que le train porteur de l'occasion est déjà reparti ! Alors nous ne manquons pas d'arguments pour nous dédouaner :
> Si j 'hésitais tant que ça, c'est que mon instinct (ou mon intuition) me le dictait sûrement - ce qui peut être vrai, sauf si cette hésitation fait partie de ce qui vous gâche si bien la vie depuis tant d'années : le doute !
> La situation présentait quelques risques et j'ai horreur de prendre des risques ! Car tout le monde le sait, le risque est dangereux et je hais le danger, quel qu'il soit : risque de foncer dans une mauvaise direction, risque de prendre la mauvaise décision, risque de me montrer sous un mauvais jour, etc, etc.
> Le monde est tellement fou qu'il vaut mieux que je continue de me faire oublier en évitant de me faire remarquer ! Et tant pis si je meurs de solitude et d'ennui dans mon coin en ayant l'impression pénible de passer à côté de mon existence sans vraiment la vivre, après tout, cela vaut certainement mieux que de mettre en danger ma tranquillité.
> De toute manière, je n'en aurais pas été capable !... et c'est reparti pour un petit tour de mésestime de soi.
Or, la vie est en elle-même une aventure dangereuse et tenter d'éviter sans cesse le risque, c'est aussi prendre le risque de... ne pas vivre du tout ! Entre casse-cou professionnel et timide violette qui attend de faner dans son coin, à l'ombre d'autres plantes, il est bien des degrés et des nuances. Bien sûr, nous ne sommes pas tous coulés dans le même moule et ce qui poussera certains à s'exclamer de plaisir en terrifiera beaucoup d'autres ; notre rapport personnel à l'insécurité est très variable selon les situations et les personnes. Tel qui passe ses dimanches à pratiquer le saut à ski ou le parapente peut se sentir incapable de gérer un conflit au travail ou à la maison (et dans ce cas, la fuite, même dans le risque, n'en demeure pas moins une fuite). Tel autre, pour sa part, a horreur des sports dangereux, ce qui ne l'empêche pas dans le même temps de présenter un haut degré de résistance au stress lui permettant d'affronter à peu près toutes les situations risquées de la vie, sans grand dommage. Le courage et la force morale peuvent se manifester dans bien des domaines et de bien des manières. Pourtant, l'être humain est une vraie petite merveille, capable certes du meilleur comme du pire mais surtout de sans cesse créer, explorer, aller plus loin, oser et trouver le moyen de se tirer des plus mauvais pas pour peu qu'il ait conservé intacte la confiance en soi, l'estime de lui-même et une claire évaluation de ses possibilités – ni surévaluée, ni sous-estimée – base essentielle à la prise de risque calculée, inhérente à toute entreprise. Voyez un bébé au moment où il tente de se mettre debout pour la première fois pour apprendre à marcher, imaginez la sensation extrême d'instabilité, l'insécurité qu'il éprouve en quittant son monde «à quatre pattes» auquel il s'était habitué et qu'il explorait avec l'efficacité d'une longue pratique. Qu'est-ce qui peut bien pousser le petit d'Homme à l'intense effort que représente la station debout, à la peur que génère cet horizon différent et cette instabilité qui le fait chuter sans cesse ? Le désir de relever le défi, le besoin de mieux contrôler sa vie et en premier lieu ses déplacements, de se donner un nouveau point de vue sur le monde qui l'entoure, plus élevé, au propre comme au figuré, le besoin de se redresser – ce qui libère ses mains du sol et lui permet de tenir un objet dans le même temps
– et de démontrer : « Je suis un homme : je me tiens debout ! » Toute l'enfance est une énorme prise de risques, une aventure extraordinaire au cours de laquelle les frontières reculent sans cesse, celles de l'espace qu'occupe l'enfant lors de ses déplacements aussi bien que celles du savoir, de la famille, des émotions nouvelles sans cesse expérimentées. Alors, qu'est-ce qui fait qu'un beau jour, cet extraordinaire élan puisse se trouver freiné, comme entravé par d'invisibles liens ? Pourquoi arrive-t-il parfois que s'étouffent ce goût de la découverte, cette volonté naturelle de franchir les obstacles et d'affronter les défis, hérités de nos ancêtres depuis l'éclosion de l'espèce humaine, qui sans cela n'auraient pas survécu aux dangers épouvantables rencontrés au fil des époques successives sous des climats extrêmes et dans des conditions rendant improbable la survie même de l'espèce ? Pourquoi peut-on se retrouver en état de mal-être, rongé d'anxiété, bourré de complexes et notre élan ralenti par des inhibitions diverses, au point qu'elles nous empêchent de vivre et d'agir efficacement dans ce monde dans lequel, pourtant, nous sommes censés nous exprimer et nous réaliser ? Pourquoi cette timidité qui nous obsède et nous empêche d'aller vers les autres librement et joyeusement ?
Un pas essentiel
Quand on considère cette extraordinaire et complexe machinerie qu'est le composé « corps-esprit », cette unité indissociable qui fait la personne humaine, on ne peut que s'extasier de cette merveille mise à notre disposition pour en jouir tout au long de notre existence et pour nous permettre d'exprimer dans la vie le maximum de notre potentiel de créativité. Aussi ne peut-on guère s'étonner que, parfois, la machine se « grippe » et que des dysfonctionnements apparaissent. Lesquels ne sont pas obligatoirement dramatiques. Notre temps a introduit la prise de conscience de la faculté naturelle qu'a notre corps de se régénérer, de s'auto-réparer, pour peu qu'on lui en laisse le loisir. Mais on ignore souvent qu'il en est exactement de même de l'esprit, des émotions, des facultés mentales. Tout en nous tend à nous faire retrouver notre équilibre lorsque, pour une quelconque raison, il se trouve perturbé. Encore faut-il en être conscient et savoir laisser cette précieuse faculté s'exercer sans entrave! Trop souvent encore, nous avons tendance à nous jeter sur des molécules chimiques ou autres techniques thérapeutiques au moindre signe de déséquilibre. Notre ignorance de nous-mêmes, faite de préjugés divers et d'idées reçues, nous pousse à nous maltraiter, à douter de nous et de notre aptitude naturelle à retrouver l'équilibre un temps égaré. Et bien sûr, il en résulte une incapacité, ou du moins une difficulté, à nous manifester dans la vie, à relever les défis et à garder la maîtrise de notre destinée et de nos choix. Or, le plus souvent, il n'est besoin que de peu de choses pour rétablir cet équilibre momentanément rompu... même si l'on garde l'impression qu'il en est ainsi depuis notre venue au monde !
La vie : champ de mine ou mine d'opportunités ?
Selon que vous êtes de nature pessimiste ou résolument optimiste, la vie peut vous apparaître comme un véritable champ de
mine ou au contraire comme une
mine d'opportunités magiques, en dépit des passages délicats. A vous de choisir ! Quoi qu'il en soit et quelle que soit votre optique, vous n'y échapperez pas, à moins de vous enfermer définitivement dans une tour d'ivoire qui finira bien, elle aussi, par devenir un véritable défi tant vous aurez à un moment besoin d'en sortir. Cependant, pour être en mesure de relever les défis de la vie, qu'ils soient de nature émotionnelle, qu'il s'agisse de ceux que peut un jour ou l'autre vous poser votre santé, qu'ils touchent le domaine professionnel, vos amitiés, votre famille, vos biens ou remettent en question votre point de vue même sur l'existence, il est quelques outils essentiels qui sont indispensables. Une bonne dose de confiance en soi (la vraie, pas celle qu'il vous arrive d'afficher en « roulant les mécaniques » pour épater la galerie) est la condition préalable pour pouvoir disposer de toutes vos forces et d'une vision juste de la situation. Le doute, le recul, la défiance, la crainte, la difficulté à prendre une décision..., tous ces éléments prennent racine dans un sol trop meuble d'où fait défaut cette capacité (naturelle) d'affronter les circonstances, même défavorables, et d'y faire face avec efficacité.
« Rêver » sa vie pour réaliser ses rêves
Le rêve est à la base de toute réalisation (rien ne se crée qui n'ait auparavant été « rêvé » par son concepteur, soi-même y compris) ; il ouvre large la porte à tous les possibles : c'est une sorte de plongeon vers des racines de soi qui remontent à la nuit des temps. Ce rêve réveille le goût du jeu de la vie, de l'aventure dont on est le héros. En lisant ceci, ne sentez-vous pas pointer le goût de l'aventure, celui que vous éprouviez avec tant de plaisir quand, enfant, vous vous plongiez dans un roman d'aventure palpitant ? C'est tout le contraire du désespoir qui envahit le cœur de ceux, trop nombreux, qui courent le risque grave de laisser les portes de la légende se refermer sur leurs rêves perdus. Un cœur d'aventurier, ça se travaille, ça s'apprend, ça redonne son sens à la vie ! Le secret réside en partie dans la juste synthèse entre « rêver sa vie » et « vivre ses rêves ». Je ne conseillerais à personne de passer son temps en rêvasseries inutiles, c'est évident mais son opposé, l'absence de rêves, est tout aussi préjudiciable. On ne peut vivre sa vie sans l'avoir au préalable rêvée (ce qu'on appelle aussi « faire des projets »), le contraire consistant à se laisser emporter sur un fleuve torrentueux sans personne au gouvernail. À l'inverse, se contenter de rêver sa vie est du temps perdu puisqu'il n'y a pas concrétisation. Je crois profondément que nous sommes là pour incarner des rêves.
Cette vie dont vous êtes le héros !
Je vais tout de suite vous confier un secret, de ceux que connaissent d'instinct les enfants : la vie est un jeu ! Parfois on perd, souvent on gagne et même quand on perd, on peut encore transformer cela en victoire (tout dépend du regard que l'on porte sur l'expérience), ce qui fait de nous des gagnants potentiels à tous les coups. Autrement dit, c'est passionnant. Travailler comme un jeu, ce n'est plus tout à fait travailler, ça devient un plaisir. Vivre les évènements de sa vie comme un parcours ludique dédramatise quelque peu les temps difficiles et laisse des forces neuves pour reprendre la partie. Comme lorsqu'on vous dit au cours d'un jeu vidéo : « Vous avez gagné (ou perdu) une vie ! ». Attention, ça ne veut absolument pas dire que rien n'a d'importance, tant s'en faut, et ce n'est pas synonyme de légèreté, insouciance, irresponsabilité : on peut jouer sérieusement au grand jeu de sa vie ! Est-on venu sur cette terre dans un but précis qu'il s'agirait de découvrir et de réaliser ? Si cette idée vous tente, elle peut représenter un bon point de départ. Il n'y a pas d'angoisse là-dedans mais plutôt de la passion pour cette grande aventure, de l'intérêt quant à la suite des évènements, du suspense quant à la manière dont les choses vont se mettre en place et se développer... Cela nécessite une présence constante à soi-même afin d'entendre sa voix intérieure, aux autres afin de capter leurs messages parfois inconscients, à la vie autour de soi à laquelle on participe, en fait à tout ce qui nous entoure car on ne sait jamais d'où va venir l'information qu'on attend. Cet état d'attention est en lui-même un outil fort précieux.
Sans déséquilibre, pas de marche
Vous êtes en route sur le chemin de votre vie, ce qui signifie que vous marchez. Or la marche est en elle-même un état entretenu de déséquilibre quand vous passez d'un pied sur l'autre. Et que dire de la course ou du saut ! Voulez-vous instaurer l'équilibre ? Vous n'avez que le choix de... vous arrêter ! Ce n'est certainement pas votre désir, encore moins celui de l'enfant enthousiaste qui crie encore au fond de vous ses encouragements à poursuivre l'aventure. Certes, on doit alors accepter l'insécurité qui en découle généralement car c'est en marchant que l'on crée le chemin, qu'on le découvre et que l'on s'aperçoit si oui ou non, on est en train de faire fausse route. Si c'est le cas, pas question de s'asseoir en se désespérant, c'est le moment de rebondir, d'examiner de quelle façon il est possible d'utiliser ses erreurs pour regagner du terrain et du temps. C'est une manière de transmutation. Et dans tout ça, la vie aide merveilleusement ; il suffit le plus souvent de montrer de la bonne volonté, l'enthousiasme juvénile de celui qui sait bien qu'il a la vie devant lui (le contraire bloque bien souvent toute possibilité), quel que soit son âge, et qui ne se laisse pas démonter pour si peu, même si l'obstacle est de taille. Il découle de pareille attitude la plupart du temps des coïncidences troublantes, de ces hasards étranges qui semblent surgir de nulle part mais qui tombent à point nommé pour retourner la situation ou lui permettre d'évoluer. A prêter attention à ces petits riens ou ces ahurissantes synchronicités, on acquiert le sentiment d'une sécurité intérieure et ce, quelles qu'en soient les circonstances puisqu'elle n'en dépend pas et que nous la portons en nous. La vie n'est que bien rarement un long fleuve tranquille ; ne vous est-il jamais arrivé, au tout dernier moment, alors que tout semblait perdu, que le miracle se produise ? Et plus on y prête attention, plus souvent cela arrive ! Alors, après un certain nombre de crises d'angoisse justifiées par les évènements, on apprend à se calmer, avec la certitude que tout va s'arranger et c'est bien souvent ce qui se passe. La confiance s'apprend et notre maître en la matière, c'est la vie elle-même, encore que pour qu'elle nous enseigne, pour aussi que nous soyons en mesure de l'entendre, faut-il avant tout l'aimer ! Et cela aussi s'apprend, c'est le sésame de la réalisation de soi.
Aimez la vie et la vie vous aimera
Si on aime la vie, la vie nous aime. Comme dans un couple, ce peut être un long apprentissage. Rares sont ceux d'entre nous qui peuvent dire qu'ils ont toujours aimé la vie, leur vie. Tous, nous avons connu des époques où nous avons pleuré, désespéré, pesté contre tout et tous, contre le destin, contre nous-mêmes. Je me souviens d'un de ces temps difficiles où j'avais soudain pris claire conscience que je ne regardais pas par le bon bout de la lorgnette ; je voyais petit ce qui était grand, je voyais problème, difficulté, manque, où il y avait apprentissage, préparation, développement de soi, maturation, naissance à soi-même. De ce jour, tout a changé, ça s'est fait d'un coup, en quelques minutes, comme un gant dont on réalise soudain qu'on l'avait enfilé à l'envers et qu'on retourne. Depuis, je remercie la vie de ce qu'elle m'offre d'opportunités, même lorsque de prime abord, j'ai envie de protester. En fait, j'ai compris que si l'on s'attend toujours à ce que la vie nous fasse des cadeaux, c'est ce qu'elle fait ; cependant, attendez bien d'avoir défait tout l'emballage avant de protester : « Mais, ce n'est pas ça que j'avais demandé, dont j'avais besoin, que j'attendais... ». Vous verrez que c'est toujours un présent de valeur, quoi qu'il semble parfois. En cela, le lâcher prise est un autre outil, ô combien indispensable. Là encore, c'est un apprentissage, rarement facile pour ceux qui voudraient pouvoir tout diriger dans leur vie selon leurs vues. Et pourtant, il semblerait bien que certains combats n'aient pour seule raison d'être que de faire lâcher prise ! Alors, tout « coule » soudain naturellement et aisément. Cette simple prise de conscience est un élément-clé. Peut-être certaines difficultés ne sont-elles là que pour nous y exercer ?
Marie-France Muller