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La psycho
dans Signes & sens
Qu'est-ce que l'autisme ?
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Pathologie complexe, l’autisme n’en finit plus de questionner le milieu médical. Son polymorphisme a rendu son classement difficile. Cette maladie est désormais définie, selon le DSM IV et le CIM 10 (classifications des troubles mentaux), comme un trouble envahissant du développement à point de départ de l’enfance.
Une meilleure connaissance de cette pathologie et son approche avec des critères de diagnostics nouveaux ont permis d’améliorer le dépistage des personnalités autistiques. D’où des chiffes épidémiologiques à la hausse : selon l’HAS (Haute autorité de santé), en 2009, la prévalence estimée pour l’autisme infantile était de 2 pour 1000 personnes de moins de 20 ans, alors que dans les années 1960-1970, celle de l’autisme était de 0.4 pour 1000 personnes. En revanche, son étiologie demeure mystérieuse.
Une triade caractéristique
Cliniquement, le trouble autistique se manifeste avant l’âge de 3 ans. Trois éléments clefs sont à repérer : des troubles de la communication verbale et/ou non verbale majeurs, des troubles du contact et des relations sociales, des troubles du comportement et/ou des activités répétitives et restreintes avec stéréotypies. Les perturbations du langage parlé sont très présentes sous la forme d’absence, de retard ou d’émissions de mots spécifiques, comme l’écholalie. La gestuelle pauvre, l’absence de mimiques expressives du regard tel le sourire, limitent les échanges. Dans sa forme typique, le retrait autistique s’identifie par aucune recherche de contact de l’enfant avec son entourage, celui-ci semblant comme perdu dans son monde, sans émotion apparente. Capter son regard, son attention, est problématique. En revanche, l’enfant tend à fixer sur certains objets ou à répéter inlassablement des attitudes de façon stéréotypées, comme se balancer d’avant en arrière par exemple. L’anxiété et les peurs imprévisibles, notamment en présence de situations nouvelles, accompagnent ce tableau. Elles peuvent engendrer colère et agressivité. L’altération des capacités intellectuelles est très variable. Selon les pédopsychiatres, le docteur Pascal Lenoir, le docteur Joëlle Malvy et le docteur Chrystèle Bodier-Rethore dans leur ouvrage « L’autisme et les troubles du développement psychologique » aux Éditions Masson, la majorité des enfants autistiques présentent un quotient intellectuel non verbal inférieur à 70 % et un quotient intellectuel global inférieur à 55 %. En fait, il existe des fonctionnements cognitifs de bas et plus rarement de haut niveau, avec différents intermédiaires. Ce développement est à la fois hétérogène et atypique.
Le syndrome d’Asperger
Encore très discuté, le syndrome d’Asperger, autre trouble envahissant du développement, pourrait être assimilé à une forme plus légère d’autisme, compte tenu de ses éléments communs avec l’autisme. Il se caractérise par la persistance d’une difficulté à mettre en place des relations sociales, de troubles psychomoteurs mais connaît un meilleur apprentissage du langage, favorisant tout de même un certain mode de communication. Le quotient intellectuel est normal ou proche de la normale.
Une prise en charge complexe
Le dépistage précoce d’un syndrome autistique, même si celui-ci demeure un diagnostic extrêmement douloureux, reste essentiel. Il justifie la présence d’une équipe pluridisciplinaire, associant médecins, pédopsychiatres, psychologues, orthophonistes, psychomotriciens pour accompagner l’enfant puis l’adolescent dans son devenir, sans oublier ses parents, premiers intervenants au quotidien à ses côtés. L’extrême variabilité de ces troubles du développement nécessite un suivi régulier et évolutif permanent, adapté à sa personnalité. Ceci afin de favoriser ses possibilités d’apprentissage, son insertion scolaire, sa socialisation et l’amener progressivement vers une prise d’autonomie. L’usage de traitements pharmacologiques peut devenir nécessaire. La diversité des méthodes thérapeutiques existantes est le reflet de cette pathologie délicate à cerner. Elles comprennent, entre autres, l’approche éducative et comportementale comme la méthode ABA, l’approche éducative et cognitive – soit par exemple la méthode TEACCH, des thérapies basées sur le développement tel le Floor Time (thérapie par le jeu). Des psychothérapies d’inspiration analytique peuvent être proposées, notamment pour certains adolescents, avec les techniques de psychodrame. Parallèlement, privilégier un temps d’écoute et un relationnel de qualité avec les parents reste primordial. Entre espoir et désespoir, épuisement physique et moral, le parent d’un enfant autiste se sent souvent bien seul pour accompagner dans la vie cet être différent. Il est donc indispensable de maintenir une communication constante entre les équipes de soignants et l’entourage familial. La dénarcissisation générée par le handicap de l’enfant peut nécessiter une aide sur le plan psychologique. Cet accompagnement peut s’effectuer en psychanalyse, un travail sur soi utile pour amener le parent à faire le deuil de l’enfant idéal, maintenir un regard positif sur le petit malade et libérer l’énergie nécessaire pour l’aider dans son devenir.
Docteur Laurence Pescay
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