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La santé et la forme
dans Signes & sens
La gale,
une situation inquiétante
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Affection contagieuse, la gale est provoquée par l’invasion cutanée d’un parasite, l’acarien Sarcoptes scabiei, variété Hominis (gale humaine). Bien que surnommée « maladie des gens propres », son diagnostic déclenche encore, pour la grande majorité, un sentiment de honte et une angoisse de contamination, renforcés en ce sens par la multiplication des individus infectés depuis quelques années. En effet, selon l’OMS, le nombre de cas annuels recensés serait de 300 millions. Une situation qui devient préoccupante.
Redoutable par son mode d’invasion car non visible à l’œil nu, la gale atteint – sans discernement – adultes, enfants ou nourrissons et ce d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une même famille. Sa transmission s’effectue en général par contact direct interhumain mais également par les draps, les couvertures, le partage d’un lit et les vêtements. Le décalage entre la période d’incubation silencieuse et les manifestations cliniques ressenties à 30 jours s’explique par le cycle de reproduction de ce parasite. Les femelles creusent et déposent leurs œufs dans les sillons sous-cutanés. Il faut ensuite attendre l’éclosion des œufs, la libération des larves et leur migration en surface où elles deviennent adultes, pour observer le déclenchement des démangeaisons. Fort heureusement, ce sarcopte ne survit pas longtemps en dehors de l’Homme : 2 à 3 jours maximum.
Des tableaux cliniques variés
C’est donc un prurit féroce à recrudescence nocturne qui donne l’alerte chez un sujet. Même si les zones concernées sont préférentiellement au départ les mains, en particulier les régions interdigitales, les coudes et les avant-bras, l’ensemble du corps peut être rapidement touché : thorax, épaules, membres inférieurs, zones génitales, exception faite le plus souvent du visage. L’examen clinique permet alors d’identifier les sillons cutanés légèrement surélevés, plus ou moins linéaires, caractéristiques de la gale, mais aussi d’autres lésions telles que des vésicules, des papules ou nodules. Les zones de grattage peuvent se surinfecter ou s’eczématiser. Si certaines formes sont profuses et très invalidantes, d’autres sont au contraire parfois très frustes. Différente, la gale norvégienne, très contagieuse, se traduit par un aspect particulier, croûteux. Elle survient plus fréquemment sur des terrains immunodéprimés et s’accompagne de démangeaisons moins marquées, voire absentes. Poser un diagnostic est nécessaire et indispensable puisqu’une éviction scolaire ou professionnelle est de mise durant quelques jours. Mais des mesures de protection pour soignants et soignés sont également incontournables dans certaines structures, comme dans les maisons de retraite par exemple. Celles-ci restent avant tout cliniques mais un prélèvement au niveau d’un sillon ou d’une vésicule peut permettre d’identifier la présence de cet acarien, de ses œufs ou de ses fécès au microscope ou au moyen d’un dermoscope lors d’une consultation chez un dermatologue.
Comment se traiter
Si l’annonce de cette infection n’est pas toujours facile à accepter, force est de reconnaître que le descriptif des différentes attitudes à adopter pour l’éradiquer n’est pas spécialement réjouissant. La prise en charge de la gale nécessite en effet une désinfection minutieuse de l’environnement des sujets afin d’éviter tout risque de recontamination, soit le lavage des vêtements de chaque membre de la famille concernée, ainsi que le linge de maison susceptible d’être infesté, à 60°. Un grand nettoyage de printemps assuré ! Sans oublier la désinfection avec un produit acaricide des tapis, matelas, fauteuils et canapés... Simultanément, le traitement par voie externe des personnes atteintes s’effectue sous la forme d’une lotion cutanée à appliquer au pinceau sur l’ensemble du corps, associée ou non – selon l’intensité de la gale – à une prise médicamenteuse per os. Particularité de cette affection, même correctement traitée, le prurit peut persister plusieurs semaines après traitement. Aussi des produits anti-histaminiques sont-ils souvent justifiés pour le soulager. Parallèlement, le recours à des savons doux, hydratants, ou des huiles essentielles aux vertus apaisantes ou antiseptiques, s’avère être une aide précieuse pour amoindrir les effets souvent irritants et allergisants de ces traitements corporels.
Docteur Laurence Pescay
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