S’il est vrai que l’alcool lève l’inhibition (in vino veritas) et favorise la convivialité, il convient toutefois de ne pas en abuser, l’excès en toute chose étant néfaste.
Ouvrir les yeux sur les risques de la consommation immodérée d’une substance qui, à l’origine, devrait nous apporter du plaisir, permet de poser un principe de réalité salvateur pour soi et pour les autres… Loin de porter un jugement moral sur l’addiction alcoolique, les lignes qui suivent ont simplement pour sens d’objectiver un processus autodestructeur auquel chacun de nous peut être confronté un jour ou l’autre.
L’alcoolisme, un désastre national
Avec 40 000 décès par an, l’alcoolisme est la troisième cause de mortalité en France :
– 1/3 des accidents de la route
– 15 % des accidents du travail
– 50 % des crimes et délits
– 1 lit d’hôpital sur 2 est occupé par un malade victime de l’alcool, ainsi que 55 % des lits des hôpitaux psychiatriques
– 50 % des budgets psychiatriques et 42 % des budgets hospitaliers lui sont consacrés
– 5 millions de Français sont des buveurs excessifs
– 8 millions de personnes, dans notre pays, souffrent directement ou indirectement de l’alcool. L’alcoolisme est la cause principale des drames familiaux et sociaux : enfants battus, tares transmises, foyers détruits, vies gâchées…
L’alcoolisme de la femme enceinte est la cause principale de 40 % des tares physiques ou psychiques.
Les dégâts causés par l’alcool
Ce qui est dangereux, c’est l’excès, lorsque les doses sont supérieures à celle que notre foie a la capacité de détruire.
Cela peut aller :
– de l’abstention complète de toute boisson alcoolisée, y compris le vin et la bière :
• chez l’enfant au-dessous de 15 ans
• au cours de certaines maladies ou de certains traitements
• chez l’ancien buveur guéri « qui a perdu la liberté de boire de l’alcool »
– jusqu’à 1/2 litre de vin par jour (ou équivalent), à l’exclusion
de toute autre boisson alcoolisée, pour un adulte en bonne santé et actif (1/4 de litre chez la femme).
L’alcoolisme aigu
L’alcoolisme aigu réalise une intoxication aiguë.
Son évolution
Il évolue en 4 phases :
– phase inapparente, pour une alcoolémie de 0,20 à 0,50 g. Il y a déjà perturbation des réflexes et du jugement.
– phase d’ébriété, pour une alcoolémie de 0,50 à 1 g. Il y a :
• excitation, loquacité, assurance
• ou abattement avec irritabilité, susceptibilité
• levée des inhibitions
• perturbation du jugement
• diminution du contrôle de soi.
Le sujet devient redoutable au volant d’une voiture...
– phase d’incoordination, pour une alcoolémie de 1 à 2 g. Elle se traduit par :
• des troubles de l’équilibre et du langage
• une incohérence des propos
• une diminution de l’acuité visuelle avec vision double
• la perte du contrôle de soi avec colère et libération
des instincts.
– phase de somnolence, puis de coma, à partir de 2,5 à 3 g
d’alcoolémie. Le sujet est « ivre-mort ». Cette phase est souvent d’apparition brutale ; elle traduit une intoxication grave des centres nerveux.
Le réveil s’accompagne d’amnésie et de la « gueule de bois » avec lourdeur de tête et nausées.
Ses effets sur l’organisme
Les risques majeurs de l’alcoolisme aigu résident dans les troubles du comportement qui en résultent :
– Les accidents
• Le risque d’accident est multiplié par 3 au stade d’ébriété, qui provoque un état euphorique trompeur, avec hardiesse factice.
• Il est multiplié par 11 pour une alcoolémie de 1,50 g et par 54 à partir de 2 g d’alcoolémie.
Les accidents de la route sont le fait de sujets alcoolisés dans 40 % des cas, les accidents du travail dans 15 à 20 % des cas.
– La délinquance
• L’alcool est un facteur d’agressivité ; il lève les inhibitions.
• Le sujet dépasse les limites de son comportement habituel et commet des actes de violence brutale, sans même s’en rendre compte : rixes, parfois homicides, coups et blessures, délits sexuels et viols, incendies volontaires, dégradation d’objets, vols…
• L’alcool est la cause la plus fréquente des violences vespérales.
Parmi les tués sur les routes, un sur quatre est âgé de 18 à 25 ans. 78 % de ces accidents surviennent de nuit et pendant le week-end. La cause principale réside dans l’alcool et l’excès de vitesse.
Docteur René Flurin