La condition humaine ne peut faire abstraction de la maladie. Grave ou bénigne, elle a beaucoup de choses à nous dire. Un raccourci linguistique un peu facile parle d’ailleurs de « mal a dit », sous-entendant que toutes nos pathologies ont un sens caché. Pour autant, lorsque la somatisation est là au quotidien, il s’agit de l’apprivoiser pour qu’elle ne prenne pas toute la place…
Selon les Écritures védiques antiques, la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort représentent les quatre difficultés que l’Homme doit apprendre à traverser pour atteindre la Sagesse. Le Bouddha, au travers de ses « Quatre Nobles Vérités », les évoque également. Aucune désespérance donc puisqu’il n’est donné à chacun que ce qu’il peut supporter, précise, dans le même esprit, la spiritualité musulmane. Quant aux psys, indépendamment de toute croyance, ils évoquent, à l’instar des découvertes de Sigmund Freud, que toute atteinte physique constitue une façon qu’a l’inconscient de s’exprimer. L’inventeur de la psychanalyse n’y a d’ailleurs pas échappé, ayant souffert d’un cancer de la mâchoire pendant une longue période, seize années durant lesquelles il n’a jamais baissé les bras…
Être acteur de son traitement
André Giordan (physiologiste et épistémologue) et Alain Golay, auteurs de « Bien vivre avec sa maladie », publié aux Éditions J-C Lattès, prônent l’acceptation active de la maladie pour ne pas y rajouter la lamentation et la déprime qui ne font qu’accentuer les symptômes.
Un quart des Européens (150 millions), écrivent-ils,
sont atteints d’une pathologie de longue durée : diabète, asthme, obésité, cancer du sein ou de la prostate, maladies cardiovasculaires, rhumatismes articulaires, mal au dos chronique, etc… Entre traitements lourds et auto-surveillance, on peut apprendre à vivre en santé avec sa maladie, on peut en éviter certaines complications. Accompagné de soignants, on peut devenir « acteur » de son propre traitement et conserver une vraie qualité de vie au quotidien. Pourquoi ne pas positiver pour commencer en prenant soin de son mental et de ses émotions ?
Un moral de gagnant
Des expériences en hôpitaux pour enfants où interviennent des « clowns-thérapeutes » ont clairement démontré que la bonne humeur a un effet positif sur l’efficacité des traitements lourds. Aussi est-il essentiel, quelle que soit la maladie dont vous souffrez, de conserver une bonne dose d’humour et de multiplier les occasions de rire. Préférez les programmes télé qui vont dans ce sens plutôt que des documentaires alarmants ou des films dramatisants. Une astuce : fuyez comme la peste les visiteurs ou interlocuteurs affichant des visages contrits, véritables transmetteurs de microbes psychiques morbides. Si vous êtes sensible à une dimension authentiquement spirituelle de l’existence, vous attirerez essentiellement des êtres rayonnants qui augmenteront votre énergie, et certainement pas des
pleurnichards voyeuristes. Par ailleurs, sachez que vous avez, par votre attitude psychique positive, beaucoup à apporter à votre entourage. Combien de personnes valides ont témoigné, témoignent et témoigneront encore de ce que leur a apporté la visite d’un malade dont le rayonnement moral transcendait l’atteinte physique ? Preuve que le miracle est toujours possible. C’est d’ailleurs là tout le sens d’une pathologie sublimée lorsqu’elle est mise au service d’une transmission humanisante. Ainsi, bien vivre sa maladie consiste à ne rien négliger quant à son traitement médical, tout en étant persuadé, comme pour tout obstacle dans l’existence, qu’elle peut devenir un tremplin pour agrandir la vie…
Didier Fustier