Une série documentaires, tournée en 2001 sur le thème « Les gardiens de la forêt » et diffusée dans l’émission « Ushuaia », a sensibilisé le public à cet animal menacé d’extinction : le singe-araignée.
Recouvert de longs poils noirs, assez raides, le singe araignée peut atteindre 70 cm, avec une queue de 85 cm. Celle-ci lui est très utile dans ses déplacements. Comme la majorité des autres primates, elle est préhensile, lui servant en quelque sorte de cinquième membre. Il est arboricole, vit naturellement en bande et fait preuve d’une grande sociabilité.
La destruction massive de la forêt
Le déclin de la population des
singes araignée est en fait la conséquence de l’accroissement de la population humaine depuis 1800. En effet, ce phénomène a provoqué une destruction incontrôlée et massive de la forêt atlantique brésilienne pour des raisons économiques logiques : exploitation du bois, essor de l’agriculture, activités minières et industrie. Pourtant, le prix à payer est qu’aujourd’hui seulement 2 % du couvert forestier originel subsistent. De plus, le
singe araignée a été chassé et, malgré la protection, l’est sans doute toujours localement, sa chair étant fort appréciée des Créoles et des Amérindiens. 70 % des animaux tués sont des femelles avec leur petit, ce qui menace le capital reproducteur de l’espèce. Toutefois, il existe plusieurs espèces de singes araignées. Les plus exposées d’entre elles sont l’
Ateles belzebuth(Colombie, Pérou, Brésil, Ecuador),
l’Ateles fusciceps (de Panama à Ecuador),
l’Ateles marginatus (Brésil). Ce dernier est le plus grand singe du Nouveau Monde. On pense que ses effectifs atteignaient 500 000 individus au XVIe siècle. En 1996, seuls 700 individus ont été recensés. Aujourd’hui, les 11 populations connues, dont la plus grande est d’environ 100 individus, sont dispersées dans des plantations privées, où leur statut est précaire, et dans des réserves. Elles sont entourées de terres défrichées et isolées les unes des autres, ce qui pose le problème des échanges génétiques entre populations. La survie à long terme des petites populations semble compromise, à moins de recourir à des déplacements d’individus ou à des réintroductions. Enfin, la captivité, solution ultime de la conservation des espèces, est mal supportée par le
singe araignée.
Un chantier de sauvetage international
Une prise de conscience, initiée par l’obstination des naturalistes qui consacrent leur existence au sauvetage du
singe araignée, semble relayée par les médias et chargée d’espérance pour l’avenir… Ainsi, dans la réserve naturelle de
Barro Colorado, au milieu du Canal de Panama, ces scientifiques peuvent y observer les
singes araignées soigneusement protégés depuis 80 ans : ils notent pendant des semaines entières, sous la pluie tropicale, les détails de leur comportement et leur alimentation, avant de retourner en Colombie pour tenter de préserver les zones favorables à l’objet de leurs passions. La solution serait la mise en place de plus en plus nombreuse de réserves naturelles, ainsi qu’une lutte vigilante contre le braconnage. Pour exemple, récemment, 25 singes laineux et 10
ateles chamek issus du trafic illégal, ont pu retrouver l’Amazonie et vivent en semi-liberté à
Tarangué, sous l’œil attentif de leurs soigneurs, depuis les plates-formes installées en haut des arbres. Par ailleurs, un gigantesque programme international, reconnu en Europe et dans le monde sous le nom de
Plants Recovery Program, tente de s’y atteler. Mais, même si nous n’en sommes qu’aux balbutiements, le chantier est en marche.
Jean Ferréol