L'avis du psy de Signes & sens
Vous traversez une difficulté, vous avez du mal à résoudre un problème, un conflit, à trouver une solution adaptée à une crise affective ou sociale, cet espace d’écriture est le vôtre. Quel que soit votre âge.
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Chantal Calatayud, psychanalyste,
didacticienne analytique, auteur,
répond à votre courrier…
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« Je fais comment quand il recherche le conflit ? »
Il y a des jours où l’enfant se lève de mauvaise humeur. Et puis ça passe rapidement. Mais il y a aussi des jours où l’agressivité se renforce, soutenue et amplifiée par des attitudes à la limite de la provocation. Malgré une bonne dose de patience de la part de l’adulte, l’enfant continue à projeter son mécontentement alentour. Jusqu’au moment où la recherche de conflit est telle que le parent pose une limite, parfois un peu excessive, qui installe un malaise quasi général. Pourtant, avant d’en arriver là et que la journée soit définitivement gâchée, des solutions existent…
> Analyser la situation
1) Observer
> Très souvent, une nuit agitée sur fond de cauchemars
est responsable du comportement désagréable
de l’enfant. Ceci dit, rien ne sert de lui poser la
moindre question à ce sujet car refoulement aidant,
le matériel onirique ne se trouve pas véritablement
accessible au conscient. Parfois aussi, les heures qui
ont précédé le coucher ont pu le perturber ou une émission de télévision – même sur peu de temps –
a pu l’affecter. Aussi banale soit-elle en apparence.
Ainsi le parent doit-il prendre conscience qu’un dessin
animé a priori anodin peut toucher une corde
sensible intériorisée. Cette remarque vaut pour certains
contes, mal organisés pour un jeune psychisme
fragile. Une fois au fait des choses, le parent doit
simplement observer contre quoi ou contre qui le
chérubin dirige ses pulsions destructrices. Cette première
lecture donne déjà des pistes de réflexion. S’il
refuse de parler, la mère est davantage concernée
par ce difficile jeu transférentiel. S’il ne veut pas
s’habiller, le père se retrouve inconsciemment au
centre de la problématique. Autrement dit, ces deux exemples éclairent le fait que ne pas dire est une punition
dirigée vers la génitrice, ne pas faire est une
punition infligée au géniteur. Dans le fantasme bien
entendu.
2) Dédramatiser
> Il ne s’agit toutefois pas de faire une affaire d’État
de ces manifestations intempestives ! Si la mère est « visée » par l’enfant, elle ne doit pas le solliciter
avec acharnement pour qu’il lui parle. Quant au père,
déguisé en « mauvais objet », il ne doit en aucun cas
et d’aucune façon « faire » à la place de son chérubin.
Dans certains cas plus marqués, l’héritier ne
veut ni dire, ni faire : les parents continueront alors à vaquer à leurs occupations en s’adressant – entre
eux – quelques propos agréables sans s’occuper
outre mesure des réactions de l’enfant. L’ignorance
n’est-elle pas le plus grand des mépris… Le petit
obstiné réalisera de la sorte que la maisonnée ne se
laisse ni impressionner ni contrôler par ses sautes
d’humeur.
3) Participer
> Si la recherche de conflit dure, le mieux consiste à
parler gentiment et calmement au chien ou au chat
de la maison ! Le poisson rouge, la tortue d’eau, le
lapin ou les perruches, peuvent très bien convenir
aussi. Si une tranche de cette population ne loge pas
dans la famille – ce qui reste exceptionnel de nos
jours –, il convient d’utiliser une médiation qui fera diversion : la musique se révèle bien adaptée à ce
genre de stratégie. L’enfant n’étant plus le centre du
monde, sentant que le ou les membres de la famille
se connectent sur l’extérieur, se vivra quelque peu
délaissé. C’est lui qui tentera un rapprochement en
utilisant un prétexte fallacieux, comme par exemple : J’ai perdu un bouton de ma chemise… Tout penaud,
cherchant à rétablir le lien distendu… En revanche,
le parent s’abstiendra de toute allusion au conflit,
comme si rien ne s’était passé…
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