L'avis du psy de Signes & sens Vous traversez une difficulté, vous avez du mal à résoudre un problème, un conflit, à trouver une solution adaptée à une crise affective ou sociale, cet espace d’écriture est le vôtre. Quel que soit votre âge. « Je pense que mon père n’est pas mon père »
Ma mère est décédée d’un cancer il y a 4 ans. J’ai 20 ans et depuis sa mort, je m’occupe de tout à la maison. Y compris de mon frère de 15 ans. J’ai arrêté le lycée et suis maintenant des cours par correspondance pour devenir secrétaire médicale. Ma maman me manque beaucoup mais le plus terrible, c’est que j’ai toujours su que mon père n’était pas mon père. On ne se ressemble pas physiquement, ni moralement. Je porte ce terrible secret sur mes épaules et je n’en peux plus… Comment m’en libérer ? Clara A. – 03270 Hauterive La réponse du psychanalyste Bien sûr, Clara, votre courrier a retenu toute mon attention. Toutefois, il est particulièrement succinct, ce qui n’est sûrement pas un hasard… Rien, absolument rien dans les lignes que vous m’adressez, ne laisse envisager que votre père n’est pas votre père. Au regard des éléments que vous livrez, vous souffrez a priori d’un complexe d’Œdipe non encore résolu. Il s’agit de l’amour que toute petite fille, puis toute adolescente porte à son père (ou à un substitut de père ou même à un père transférentiel comme un oncle, un grand frère, un enseignant, un professeur, un médecin ou un voisin par exemple)… Logiquement, notamment entre 16 et 18 ans, ce complexe s’essouffle de par ce que la psychanalyse appelle « l’interdit de l’inceste » qui œuvre à bon escient quand un père ou tout homme de l’entourage responsable n’entre pas dans le jeu de séduction de la jeune fille. En ce qui vous concerne, votre « propre » père a bien entendu su vous dire non quand il le fallait et mettre une juste distance avec vous à l’adolescence. Pour autant, votre chemin de vie vous a privée de votre mère et, sans le vouloir, pour la bonne marche de la maison vous avez pris sa place en tout honneur. Mais l’inconscient voit souvent ce type de situation autrement. Votre frère – plus jeune – vient compléter et renforcer la difficulté de couper ce lien œdipien paternel dans la mesure où vous avez recréé fantasmatiquement un couple avec un enfant. Vous avez l’impression que votre père n’est pas votre père simplement parce que la loi n’autorise pas à fonder une famille avec son géniteur. Vous me demandez comment vous libérer de ce poids. À 20 ans, il faut sortir, fréquenter ses ami(e)s et mettre les chances de son côté pour rencontrer un petit copain… Vous avez le droit de vous amuser à votre âge, c’est même plus que conseillé dans votre cas. Votre maman vous a quittés prématurément, vous n’y êtes pour rien. Ne culpabilisez pas. Pensez à vous et croquez la vie à pleines dents. Vous l’avez bien mérité…
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