Être belle
tout simplement !

L’inconscient collectif véhicule parfois des concepts qu’il serait bon de revisiter pour le plus grand bien de tous et de chacun. « Beau, beau, beau… et con à la fois », chantait Jacques Brel. Socrate, paraît-il, était très laid. On parle même de la « beauté du diable », comme s’il fallait choisir entre le corps et l’esprit, l’un excluant fatalement l’autre…

Ainsi, le « Sois belle et tais-toi ! » résonne encore dans certaines émissions télévisuelles où la jolie fille est là pour faire office de potiche. Et pourtant…

Être un « canon » ne suffit plus !

Même si la publicité nous présente encore la « femme objet », l’associant à telle marque d’automobile ou autre produit de consommation, la duperie n’est plus de mise. La femme ne veut plus se laisser réduire à un corps dont on disposerait à sa guise. Elle a d’autres ambitions et veut participer, à juste titre, à la bonne marche de l’humanité autrement que dans un rôle de figuration. Il suffit de voir les statistiques. Dans les divers centres de formation concernant les sciences humaines (psychologie, psychanalyse, psychothérapie, développement personnel), on compte près de 70 % de femmes. Ce chiffre prouve bien que quelque chose a changé. Même si elles accordent toujours une grande importance à leur esthétique et c’est tant mieux, elles ne s’en contentent plus. Elles veulent comprendre. La vie intérieure les intéresse autant que l’image extérieure qu’elles désirent donner. Elles ne veulent plus répondre à un « canon » imposé. Si elles se pomponnent encore, c’est moins pour être la plus belle pour aller danser que pour manifester ce qu’elles sont vraiment.

Une question d’équilibre

Le culte exacerbé du corps, s’il est toujours présent dans notre société, avec ses dérives pathologiques (anorexie, chirurgie esthétique décalée, lutte contre le vieillissement) est surtout le symptôme d’une non-acceptation. La beauté artificielle ne dupe pas grand monde. De plus en plus, les femmes aspirent à être bien dans leur corps sans pour cela vouloir ressembler à un top model. L’engouement pour les publications bien-être et santé en est une preuve objective. L’esthétique relève d’une question d’harmonie, d’équilibre. Certes, la grâce doit se manifester mais sans pour autant gommer le principe de réalité qui veut que nous ne saurions nous limiter à notre apparence. Respecter ce que nous montrons aux autres ne veut pas dire que nous restions esclaves d’une image. En outre, notre corps est un véhicule qu’il faut entretenir, si nous voulons traverser la vie de la manière la plus intelligente possible. La tradition yoguique l’a compris, elle qui, au contraire de nos cultures judéo-chrétiennes, prend en compte la réalité physique. Ce n’est pas pour rien que l’on retrouve de nos jours, dans les pays occidentaux, cet engouement des femmes pour cette pratique qui s’intéresse au corps en première intention. Le yoga aide à habiter le corps avant d’être capable de s’en détacher. La psychanalyse rejoint cette philosophie dans la mesure où elle enseigne que le moi (le soma) est ce que nous avons de plus réel. Le corps, contrairement à ce qui peut être véhiculé, est tout à fait concerné en tant que manifestant l’unicité de l’être. Et il ne sera en aucune manière le corps de l’autre.

Parle et tu seras belle…

Raphaëlle de dire : Avant ma psychanalyse, je fantasmais être laide sans même oser m’en plaindre. J’ai toujours cru que ma jeune sœur était plus belle que moi, comme si j’avais été le brouillon avant le chef d’œuvre. J’ai relaté, lors d’une séance, un souvenir d’adolescente particulièrement humiliant qui m’a laissée sans réaction : un jour, un jeune homme que je connaissais dans le village, s’est approché de moi pour me dire qu’il me trouvait laide, comme pour objectiver cette honte que j’avais déjà en moi. Le psychanalyste interrompit la séance sur le mot « laide » que je pus entendre différemment. En effet, ce qui me bloquait inconsciemment, c’est plus d’avoir dû être « l’aide » de ma sœur parce que j’étais l’aînée que d’être laide objectivement. En fait, ce qui coinçait était le fait que je n’avais jamais pu exprimer ce refus intérieur de devoir remplacer ma mère en ce qui concernait les devoirs scolaires de ma sœur, sous prétexte que j’étais soi-disant plus intelligente qu’elle et comme on ne peut pas tout avoir… Bien que n’étant pas une femme fatale, je n’ai plus été gênée par le regard des autres car j’ai compris que celui-ci peut être l’expression aussi d’un complexe d’infériorité…
Voilà l’exemple même de la force du fantasme. Il est parfois des femmes dont le physique n’est en rien sujet à la laideur et qui, pourtant, souffrent de leur image. C’est bien que le problème est ailleurs et qu’elles se laissent finalement réduire de ne pas pouvoir mettre en mots ce qui se cache derrière leurs formes.

 

Roseline Dubosc

 

 

Qu’est-ce que le lying ?

On doit le lying à Swâmi Prajnânpad. Initié aux méthodes de méditation indienne, ce maître utilise l’utilité de revivre des émotions de la petite enfance pour ne plus être étriqué par celles-ci. On constate avec le lying qu’il n’y a décidément pas à être sectaire car cette technique n’est pas sans rappeler celle du divan ou encore la pratique de la sophrologie et pourquoi pas du rebirth. Tous ces outils utilisent, en plus de leur spécificité propre, la position étendue, lying signifiant d’ailleurs être allongé. Dans tous les cas, le but est une bonne réappropriation de ses énergies, grâce à une meilleure adéquation corps/esprit.