La chirurgie esthétique se définit comme un ensemble de techniques destinées à moduler ou redonner forme au corps. Les changements demandés par le patient pour modifier l’apparence, dans le sens du beau, peuvent être importants. Ou relever plus simplement de la correction de petits détails, vécus comme imperfections insupportables et dévalorisantes.
Ce désir de changement renvoie à la notion d’image idéale de soi-même, avec attente d’un reflet pleinement satisfaisant, de ce corps qui est le sien, dans le miroir. La chirurgie reconstructrice intervient sur des dommages corporels liés à un accident, une maladie ou une malformation de naissance. En revanche, la demande d’intervention esthétique, effectuée par le patient lui-même, étant l’expression de sa volonté est, de ce fait, entièrement à ses frais. La motivation de ce type de démarche repose parfois sur des critères d’ordre affectif. Un élément seul de l’anatomie, comme le nez, les seins ou les fesses, ressenti comme particulièrement disgracieux, est vecteur de complexes, d’inhibition ; il peut même renvoyer à une identification refusée à l’un des membres de la lignée. Par ailleurs, dans une société où l’apparence compte beaucoup, l’angoisse liée au vieillissement est un motif fréquent de consultation, à propos de rides du visage essentiellement. Il peut aussi s’agir de modifications voulues dans un but social, pour une plus grande efficacité au niveau professionnel, avec volonté de rester compétitif. De fait, la chirurgie esthétique n’est plus de nos jours exclusivement féminine ; elle est également utilisée par la gent masculine.
Le visage
En tout état de cause, les possibilités chirurgicales nombreuses, variées, qui nécessitent bien évidemment des opérateurs confirmés, peuvent s’appliquer en différentes parties du corps. Parmi elles, le visage est un site d’intervention extrêmement demandé ; il est le lieu même où le vieillissement cutané est le plus marqué et le plus visible. À noter que tabac, alcool et forte exposition au soleil constituent des facteurs d’aggravation en ce domaine. Le chirurgien dispose de diverses approches selon le résultat escompté :
- Peeling et dermabrasion conviennent pour de fines ridules.
- Injections d’acide hyaluronique permettent de traiter les rides plus profondes. Ce produit s’utilise, soit dans la technique de comblement de la ride, soit dans le Mésolift (multiples injections), qui permettent, dans tous les cas, de faire disparaître ou d’atténuer les rides du visage, de redonner bonne mine ; leur effet s’estompant au bout de quelques mois, il nécessite d’être entretenu.
- Le lifting, pour le bas du visage, le front, les tempes et le cou, permet de rajeunir de dix ans. La peau est retendue et défripée. Pour le haut du visage, le botox s’y substitue de plus en plus.
- Le botox, toxine botulinique, est un puissant poison. Du fait des résultats obtenus, il s’avère aux yeux de beaucoup extrêmement attrayant. Par contre, chez d’autres, il soulève de nombreuses mises en garde. Après injection, ce produit entraîne une paralysie des muscles à traiter. Ainsi offre-t-il la possibilité de re-lisser et rajeunir un visage. Ce procédé est particulièrement efficace pour les rides du front entre les deux sourcils (glabelle) et sur le bord extrême des yeux (pattes d’oie). Là encore, l’effet diminuant dans le temps, le traitement doit être pratiqué tous les 4 à 5 mois. En revanche, le rajeunissement obtenu a une contre partie : la diminution, voire la disparition, de certaines expressions du visage.
- Le filting, intervention chirurgicale, repose sur la suspension, par un fil, des zones d’affaissement du visage, ce qui les corrige.
- Le laser, instrument de prédilection de la chirurgie des paupières, supérieures et inférieures, supprime poches sous les yeux ou relâchement cutané.
- La rhinoplastie, technique employée pour modifier le nez quant à sa taille, la forme de l’arête nasale ou de la pointe, contribue à obtenir un nez qui paraisse naturel et ne se remarque pas. Cette intervention, pourtant, nécessite d’attendre le fin de la croissance du nez, c’est-à-dire que le patient ait atteint l’âge de 17 ans environ. Par ailleurs, la chirurgie du menton est souvent associée à celle du nez pour corriger un menton fuyant ou trop proéminent.
- L’otoplastie, quant à elle, est une chirurgie des oreilles trop grandes ou décollées. L’idéal est d’intervenir chez les jeunes enfants vers 6-7 ans. L’intervention est alors prise en charge par la sécurité sociale.
- Les micro-greffes interviennent dans les cas de la calvitie du cuir chevelu.
Le corps
Côté corps, nombreuses sont les interventions sur la poitrine et dans le domaine de la liposculpture.
- En cas d’hypotrophie mammaire, la pose de prothèses mammaires est l’unique traitement existant pour des seins de petit volume, peu développés ou pour des seins tombants, dont la forme s’est modifiée après un ou plusieurs accouchements. Deux types d’implants mammaires existent. L’enveloppe en silicone, l’interdiction sur les gels de silicone étant levée depuis 2002. L’incision est pratiquée dans le sillon sous-mammaire, à la périphérie de l’aréole ou, le plus souvent, dans le creux axillaire.
- Après un cancer du sein, la reconstruction mammaire (prise en charge par la sécurité sociale) apporte un résultat majeur pour la patiente ; elle constitue une aide à la guérison importante sur le plan psychologique.
- Pour l’hypertrophie mammaire, une réduction chirurgicale de la poitrine peut corriger des seins trop gros et être aussi prise en charge, dans certains cas, par la sécurité sociale. La cicatrice est fine, en ancre de chaîne. Il ne faut au demeurant pas oublier que pour ces deux types d’opération, une évolution vers une cicatrice chéloïde, disgracieuse, reste toujours possible ; elle est propre à la nature de la peau de l’opérée à cet instant de sa vie.
- La liposuccion abdominale effectue une liposculpture du corps en réduisant les graisses stockées par un phénomène d’aspiration. Cette technique permet notamment de faire disparaître la culotte de cheval et les réserves en graisses du tronc, véritable bouée de la taille. Elle est également utilisée pour un double menton. Attention, mal faite, elle laissera vagues et dépressions cutanées qui donnent à la peau un relief inesthétique.
- La plastie abdominale, souvent associée à la liposuccion, retend peau et muscles abdominaux distendus après plusieurs grossesses ou lors de variations de poids importantes, en enlevant les réserves en graisse. Souvent, le désir de changement s’exprime quant à l’identité. Le souhait est alors celui d’une image plus féminine pour une femme, plus virile pour un homme. Cette situation se rencontre pour des demandes de prothèses mammaires chez des jeunes femmes, sans enfant, ayant le sentiment d’un handicap affectif, manquant selon elles de féminité de par la taille de leur seins.
Un domaine en plein essor
Si aucune chirurgie n’est à même de régler un problème identitaire, elle peut cependant permettre de le dépister et l’aborder. À l’évidence, discussion, réflexion, sont de mise. Le chirurgien peut refuser un geste chirurgical ou demander auparavant une consultation sur le plan psychologique.
Dans certains cas, l’intervention sur un organe du corps, sans qu’il y ait de trouble identitaire sous-jacent, est vécue comme une véritable libération. En est un exemple, celui de la réduction de poitrine pour hypertrophie mammaire chez des femmes jeunes, parfois adolescentes, cause de dorsalgies permanentes. La chirurgie permet à ces patientes de retrouver une activité normale et de se réconcilier avec leurs seins.
Le domaine de la chirurgie esthétique connaît à l’heure actuelle un plein essor et ses techniques sont à la fois nombreuses, variées et performantes. Il incombe au patient, seul dans sa demande, de vérifier les références de son correspondant et se renseigner éventuellement auprès d’instances reconnues, comme le Conseil de l’ordre des Médecins. Parallèlement, il est de la responsabilité du chirurgien d’accepter ou non de réaliser l’intervention et d’en expliquer possibilités et limites. En outre, si la transformation physique de l’individu est assurée, pour autant il semble prudent de ne pas effectuer une telle pratique sans prendre en compte la dimension psychique de la demande de celui-ci, une problématique cachée pouvant se trouver derrière cet écran corporel.
Docteur Laurence Pescay
Évaluer la demande
Alliée du patient dans sa démarche, la chirurgie esthétique devient une aide à la « renarcissisation ». À l’inverse, mal positionnée, elle peut devenir destructrice et aggraver un déséquilibre préexistant. Pour cette raison, un délai de réflexion est posé entre la première consultation et l’intervention, en plus d’un entretien sur le plan psychologique demandé par de nombreux chirurgiens. Surtout pour les opérations importantes. Toute la difficulté, pour le spécialiste, consiste à évaluer la demande du patient. Si, au conscient, celle-ci porte sur des critères esthétiques corporels, l’attente sur le plan inconscient est celle d’une restauration de l’image et de la confiance en soi. Or, cette image idéalisée reste du domaine du fantasme. Si le décalage entre réalité chirurgicale et résultat escompté est trop important, le chirurgien, opérateur magique et tout-puissant pour le patient, sera mis en échec et le demandeur déçu, frustré, pourra devenir procédurier. En matière de chirurgie esthétique, prendre le temps de comprendre sa démarche est important. Une séance analytique portant sur le désir de la personne, même sur une consultation unique, peut aider le chirurgien dans l’évaluation de la motivation de son patient. Elle représente, pour le candidat à la chirurgie, une possibilité d’exprimer une souffrance masquée, des incertitudes, de dévoiler une vraie difficulté identitaire. Certains resteront imperméables à cette approche. D’autres peuvent choisir de débuter un travail psychothérapeutique ou psychanalytique, de préférence avant l’intervention, voire après. Il est vrai, dans le premier cas, que le patient peut alors renoncer à son projet. Mais un changement sur le plan corporel, couplé à une transformation au niveau du psychisme, permet d’inscrire cette intervention dans la réussite et d’éviter une répétition des actes.
