Deux scènes un peu pathétiques auxquelles j'ai assisté :
Une dame dans une cabine d'essayage. Visiblement, elle s'y trouve depuis un certain temps ! Elle sort brutalement, furieuse, projette sur la commerçante plusieurs shorts en vociférant :
. " Vos shorts sont très mal coupés, je n'en garde aucun ! "...
La commerçante, excédée, de lui répondre :
. " D'habitude ce sont les clientes qui disent qu'elles sont mal faites ou qu'elles ont grossi ! "...
Une dame dans un salon de coiffure. Peu de cheveux et fins de surcroît. Elle monopolise la coiffeuse en lui faisant voir des modèles irréalisables sur sa pauvre chevelure... La coiffeuse bout, c'est visible. N'en pouvant plus, elle lui lâche après avoir découvert un énième modèle digne d'Angelina Jolie :
. " On n'est pas à Lourdes ici ! "...
Ces deux anecdotes surréalistes se passent dans le Sud de la France où il est vrai que le vocabulaire peut être assez cru et dénué de formes... En revanche, elles donnent à constater que l'absence de principe de réalité génère des conflits, plus ou moins larvés, même s'il s'agit du domaine de l'apparence.
Si se voir tel que l'on est n'appartient pas au registre de la facilité, cette authenticité libère à l'évidence de fantasmes et de leurres persécuteurs. En permettant d'accéder à soi, cette posture - empreinte de sagesse et de maturité - supprime des identifications improbables. Je trouve toujours très tristes ces sosies d'artistes, de plus souvent décédés, qui se donnent en spectacle. J'imagine la douleur qu'ils doivent ressentir quand, une fois rentrés dans leur modeste demeure, en posant leur habit de lumière ils sont face à un double qu'il n'aime pas, alors qu'il est pourtant question de leur propre personne, de leur Moi, la seule vérité qui soit...
S'accepter allège effectivement d'une falsification qui empêche de découvrir ses potentialités et donc ses réels désirs. Une condition cependant pour y parvenir : fermer les yeux sur cette facette trouble de la société qui veut nous faire croire que les autres sont et font toujours mieux que nous. Le drame que la célèbre famille Pastor vit actuellement sur le Rocher, malgré sa fortune inestimable et incalculable selon les spécialistes de la finance, est une sacrée leçon : les paillettes peuvent aveugler au point d'en perdre la raison... S'aimer tel que l'on est ? Un accord qui comble tous nos besoins...
Fanchon Picaud