Le sein nourricier
n’exclut pas une poitrine sexy…
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Le terme « sein » dérivé du latin « sinus », signifiant courbure, pli, ne date – selon le Petit Robert – que du XIIème siècle. Auparavant, on lui préférait le mot « mamelle ». Son érotisation aurait paradoxalement une origine moraliste, due à un interdit religieux à une époque où la femme ne devait plus montrer quoi que ce soit de son anatomie…
L’art préhistorique témoigne de l’ambiguïté des imaginaires humains. Ils se révèlent depuis des millénaires partagés entre les gros et les petits seins. C’est bien la preuve que la poitrine de la femme est investie différemment selon la représentation psychique.
La courbe mammaire à travers les âges
L’Homme, il y a environ 30 000 ans, façonnait déjà sur les parois des cavernes, aussi bien des représentations de seins volumineux – en général associés à des ventres ronds et à des hanches très larges – que de seins tout petits ou à peine signalés sur des silhouettes très stylisées. Quant à attribuer un sens érotique aux uns comme aux autres, il est difficile de s’en faire une idée précise. En ce qui concerne l’Antiquité grecque, les femmes semblaient prendre soin de leur poitrine. Elle était soutenue par une bande de tissu. Les statues de l’époque ont conservé l’image de poitrines fermes mais plutôt modestes. D’autre part, aucune représentation érotique (sur les poteries notamment) ne montre de caresses ou de baisers sur les seins alors que toutes les positions érotiques sont figurées. Les Romains paraissent aussi indifférents aux seins que les Grecs. Le grand roman érotique de Pétrone, « Le Satyricon », ne parle pas des seins des femmes. C’est une épaule dénudée qui donne le désir d’embrasser, et non les seins. Les fresques de Pompéi représentent des femmes dans des positions érotiques mais leurs seins ne sont pas souvent visibles. Ou bien elles gardent leur bande soutien-gorge alors qu’elles chevauchent nues leur homme : ce ne sont donc pas les seins qui sont érotiques et, quand ils sont figurés, ils sont petits et discrets. C’est avec les premiers moralistes chrétiens que les seins vont devenir une source de désir sexuel. Le Moyen Âge oppose les prédicateurs pestant contre les femmes décolletées à la poitrine offerte et les romanciers décrivant avec sensualité les petits seins, fermes comme des pommes, que leurs héroïnes montrent grâce à des vêtements savamment ajourés. À la Renaissance, les peintres représentent beaucoup de seins, que l’on touche et caresse, et les poètes rivalisent d’ingéniosité pour en parler. Puis les seins se libèrent et prennent de l’ampleur, du XVIe au XVIIIe siècle, ce dont témoignent aussi bien Le Titien, que Rubens, puis Fragonard ou Boucher. La femme à la Cour déploie sa gorge sans pudeur, bien consciente de l’enjeu érotique de ses formes généreuses. Le sein est alors libre d’être vu, touché, caressé, mis en valeur. L’apparition du corset balaye le symbole maternel, incitant l’homme à fantasmer sur le sein qui se dérobe, plus qu’il ne se dévoile, exerçant sur lui un pouvoir de fascination.
Du sein nourricier au symbole sexuel
La glande mammaire en tant qu’objet rond renvoie inconsciemment à une notion archétypale. Liée à l’instinct de conservation, elle est synonyme de ressourcement. Ainsi, donner le sein associe la femme à la terre nourricière. Mais de nos jours, ce symbole de féminité, outre sa fonction biologique, revêt une signification psychique importante. Il est devenu pour la femme un atout : dès l’adolescence, il lui permet d’entrer dans l’univers de la séduction. Et l’inscrit dans la lignée des femmes. Elle en usera, dans un subtil dosage, à l’égard de ses rivales autant qu’à l’égard de la gent masculine. Aujourd’hui, bien que soi-disant libérée, la poitrine reste une partie intime du corps que l’on voudrait conforme à un idéal. Se faire refaire les seins fait d’ailleurs partie des demandes fréquentes en chirurgie esthétique... Selon les canons en vigueur, on les désirera plutôt en forme de poire et fermes. Le silicone vient au secours de ce besoin d’être sexy. Ainsi, accepter sa poitrine telle qu’elle est ne peut faire l’impasse d’une certaine sagesse ! La féminité ne se mesure pas à la grosseur des seins, ni à leur forme, comme en atteste entre autres le charme de Jane Birkin…
Alice Carrière
Saint Mamert, un Saint de glace :
homonymie troublante
ou simple coïncidence ?
Vous n’ignorez sûrement pas que les Saints de glace sont traditionnellement fêtés le 11, 12 et 13 mai de chaque année. Mais saviez-vous que le premier d’entre eux se nomme Saint Mamert (hasard ou coïncidence ?) ? Saint Mamert est fêté le 11 mai. Il s’agit d’un Archevêque de Vienne en Gaule, décédé en 474. Il institua les Rogations, ces prières de demande liturgique et ordonna 3 jours, précédant L’Ascension, de prières contre les calamités. On l’associe à Saint Pancrace (patron des enfants !), fêté le 12 mai, et à Saint Servais le 13 mai. D’après les croyances populaires d’Europe, au nord de la mer Méditerranée, ces figures religieuses sont implorées par les agriculteurs et mises à contribution pour éviter l’effet, sur les plantations, d’un refroidissement de la température qui s’observe à cette période et qui peut amener une vague de gel. En tout état de cause, le lien à la terre nourricière reste troublant !