Très loin du conte pour enfants qui ridiculise la maison du premier « petit cochon », construire des murs en ballots de paille relève d’une véritable révolution. À la fois en termes de solidité, d’esthétique, d’économie, d’isolation mais aussi de simplicité d’exécution.
Les spécialistes de l’habitat bio-climatique et les tenants d’un habitat écologique véhiculent et insistent, autant qu’ils le peuvent, sur les mérites de ce type de construction. Mais de quoi s’agit-il en fait ?
Des briques végétales
François Tanguay, auteur du « Petit manuel de l’habitat bio-climatique », publié aux Éditions de Mortagne, explique, après évaluation d’une maison faite en briques végétales par le CNRS d’Ottawa au Québec, que
pour l’État, le mur en ballots de paille demeure une expérience intéressante et surprenante… Ces études scientifiques mettent donc en exergue les avantages d’une telle méthode. Issue des techniques ancestrales – et efficaces – des maisons en torchis (mélange de terre argileuse et de paille), la méthode des briques végétales consiste à assembler les ballots de paille à l’aide de mortier, celui-ci jouant son rôle structurel. Sa fabrication nécessite des coffrages mobiles afin d’ériger convenablement le mur. Le résultat apparent est le même qu’un mur traditionnel. Sauf que le mur en brique végétale respire…
Économie et efficacité
Premier hiver pour Julio dans sa maison de paille. Il se dit ravi :
Ma maison n’est pas tout à fait terminée mais ma famille et moi y vivons déjà… Et je dis bravo à ceux qui m’ont fait découvrir cette opportunité. Seulement 4 kg de bois par jour. Les voisins n’en reviennent pas lorsqu’ils comparent leurs dépenses de gaz ou d’électricité avec la mienne… D’autres témoignages viennent confirmer la qualité première d’une telle habitation : l’isolation. Si on ajoute son aspect écologique – réduction des déchets lors de la construction, voire de sa démolition –, il est à noter que dans une maison en paille, l’assainissement de l’air s’effectue de manière entièrement naturelle. En effet, les murs régulent l’humidité des pièces. Ainsi les performances thermiques sont-elles remarquables aussi bien en été qu’en hiver…
Un toit en chaume
Il est possible de fignoler sa maison en paille avec un toit parfaitement étanche dont la longévité est reconnue : un toit en chaume – composé de matériaux naturels comme le seigle, le roseau et la terre pour les faitages – dure 50 ans et plus, selon la qualité de la pose. L’entretien des parties défectueuses se fait en général tous les 15 ans, comme pour une toiture classique.
Cédric Sens
Les isolants naturels
Nombreuses sont maintenant les alternatives écologiques quant aux isolants. Parmi elles on peut citer le liège, le chanvre, la laine de bois, le lin, la ouate de cellulose et même la laine de mouton. Aussi performants, ou même davantage, que la laine de verre ou le polystyrène, ils sont de plus en plus utilisés dans le cadre d’une politique de développement durable. Chacun a sa spécificité. Aujourd’hui d’ailleurs, des études très précises permettent de savoir quel est l’isolant le mieux adapté à la construction, en prenant en compte le lieu, le climat et la fonction de l’habitat.