|
Le bio
dans Signes & sens
Le coton bio,
l'ami des peaux fragiles
|
S'il est un endroit identitaire important de notre corps, c’est bien notre visage. La peau du visage est celle qui reste la plus nue, la plus dénuée, écrivait le philosophe Emmanuel Levinas. Raison de plus pour ne pas l’agresser…
Depuis quelques années, l’attention du public est attirée fort justement par la qualité des produits de soins du visage. Parmi eux, le coton pose un problème quant à sa culture. Explications.
Une manne économique
Issu de la graine du cotonnier (gossypium), le coton est la fibre végétale la plus produite au monde. Le gossypium, à l’état sauvage, atteint une taille majestueuse : jusqu’à 10 mètres de longueur. Possédant une durée de vie conséquente (10 ans), il est cependant exploité sous forme de plante annuelle. Sa culture est très ancienne (7000 ans av. J. C, selon certains chercheurs). La plus vieille trace écrite que l’on connaisse évoque le coton indien. On le trouve ainsi mentionné dans le Rig-Veda… Là-bas, il y a des arbres qui poussent à l’état sauvage, dont le fruit est une laine bien plus belle et douce que celle des moutons. Les Indiens en font des vêtements, rapporte le philosophe grec Hérodote. Plus tard, le coton, dont le nom vient de l’arabe el kutun, se répand en Amérique, en Afrique et en Eurasie. Ce fut l’une des premières cultures des colons européens en Amérique, dont la première plantation dans la colonie de Jamestown date de 1607. On connaît ensuite l’histoire des champs de coton liés à l’esclavage. La musique blues noire américaine évoque le dur quotidien de cette époque. Produire toujours plus pour gagner plus finit par poser un problème de limites. Ainsi, comme tout ce qui pousse dans la nature, les parasites existent. Aussi, certains cultivateurs utilisent des produits contenant de l’arsenic, aggravant la pollution des sols. Aujourd’hui, grâce aux OGM (organismes génétiquement modifiés), une solution économique semble être trouvée mais gardera-t-elle un visage humain ?
Une alternative
Depuis de nombreuses années, une prise de conscience de certains agriculteurs semble donner à voir une autre manière de cultiver le coton. Sans utiliser de produits chimiques nocifs. Leurs rendements sont excellents et la qualité de leur coton est égale, voire supérieure, à celle du coton cultivé de façon conventionnelle. Leurs méthodes favorisent la biodiversité et la santé, des écosystèmes améliorent la qualité des sols, nécessitant, bien souvent, moins d’irrigation. La culture biologique demande plus de temps, davantage de savoir-faire et de compétences. Résultat, le coton bio étant réputé anallergique, il est conseillé pour les peaux sensibles. Sa principale qualité est sa douceur. C’est ainsi que le coton bio peut devenir l’ami de notre visage. On trouve en effet des disques à démaquiller 100 % bio. D’autre part, les dérivés du coton bio, notamment son huile, offrent une gamme de soins cosmétiques toujours plus large pour le plus grand bien de la peau. Ainsi, l’huile de coton, riche en oméga-6, contribue à la nourrir et à la régénérer. Des masques visage, certifiés biologiques et commerce équitable, sont maintenant facilement accessibles à toutes les bourses.
Sabine Gercourt
|
