Nul ne conteste aujourd’hui que les ressources de la planète ne sont pas inépuisables et que le temps est venu de réviser certains comportements avant qu’il ne soit trop tard. Le philosophe et sociologue allemand Theodor Wiesengrund (1903-1969) avait d’ailleurs déjà affirmé au siècle dernier : « Les musées préservent notre passé, le recyclage préserve notre avenir »…
Le premier maillon de la chaîne s’inscrivant dans ce qu’il est convenu d’appeler le développement durable, consiste – au niveau de l’écocitoyenneté – à trier ses déchets. Pour exemple, 1000 kg de matière plastique recyclée permettent d’économiser 800 kg de pétrole brut. De quoi parer à l’épuisement des ressources naturelles. D’autres avantages sociétaux non négligeables sont liés au recyclage, comme la création d’emplois spécifiques favorisant l’économie locale.
Les inconvénients de l’enfouissement des déchets
Continuer à stocker les déchets sans limite de durée et sans espoir de dégradation naturelle pose un sérieux problème. Les centres d’enfouissement ayant atteint leur capacité maximale, les collectivités se voient contraintes de construire de nouvelles installations de traitements, accompagnées malheureusement des nuisances en terme d’écologie qu’elles génèrent pour les riverains…
Le recyclage en pratique
La plus grande partie des déchets recyclables est constituée par les produits usuels dits inertes, dus aux ménages et aux industries. Simples à collecter et à transformer, ils peuvent tout à fait accéder à une seconde vie. Outre les initiatives créatives personnelles – relayées via de nombreux sites Internet – qui consistent à relooker des vêtements et du mobilier, de plus en plus de boutiques se spécialisent en fabriquant des produits issus de matériaux recyclés. D’autant que la civilisation du « tout jetable » ne semble plus convenir à tous. En effet, à en croire le sociologue Michel Maffesoli, Le recyclage participe d’une nostalgie des objets anciens qui étaient dotés d’une aura puissante. L’ambition est de dépasser la simple fonctionnalité des accessoires, de leur redonner un pouvoir magique, à la façon des totems prémodernes, en les inscrivant dans une histoire longue…
Au niveau collectif, le processus est enclenché puisque des sociétés de récupération de métaux reprennent la matière première, comme l’acier en l’état, pour fabriquer des pièces de moteur, des outils, des boîtes de conserve… L’aluminium, quant à lui, sert à produire des canettes, du papier d’emballage. Les pneus hors d’usage se voient recyclés en bacs à fleur, en panneau d’insonorisation. Le verre refondu est réutilisé. Un tonne de verre recyclé évite de consommer 660 kg de sable, tout en permettant à 2 500 nouvelles bouteilles en verre d’être ré-instiller sur le marché. Des briques alimentaires broyées selon la technique dite de pulpage, lavées, essorées et séchées, sont extraites du papier et du PE (Poly Ethylène), un élément servant à produire des bidons, des bouteilles ou des tuyaux. Sachez que le recyclage d’une tonne de briques alimentaires fait économiser 2 tonnes de bois, 2 mois de consommation en énergie pour un habitant, ainsi que 2 mois de la consommation domestique en eau pour une personne...
La valorisation biologique
La valorisation biologique revient à se servir de la matière première organique des biodéchets sous forme de compost. Les tenants de l’agriculture biologique donnent des conseils avisés aux particuliers désireux d’utiliser ce procédé pour leur jardin. De manière plus générale, la loi Grenelle prévoit que 45 % des déchets ménagers et assimilés devront être compostés ou recyclés d’ici 2015. Certaines communes en développent la collecte sélective. Le processus répond à plusieurs défis dont l’élaboration d’amendements organiques normalisés utilisables dans l’agriculture, ainsi que la diminution des coûts concernant le traitement traditionnel des déchets. Par ailleurs, il est question de produire du biogaz convertissable en électricité de façon à réduire la facture énergétique. De quoi revisiter positivement la fameuse formule de Lavoisier qui affirme que rien ne se perd, à condition toutefois que l’Homme poursuive ses efforts dans la bonne direction en prenant conscience des formidables atouts du recyclage…
Guy Lavergne