Des centaines d’idées reçues, généralement sans fondement, courent les rues. Beaucoup de consommateurs en viennent à bannir des aliments et des produits qui sont excellents pour la santé et vantent les mérites d’autres qui n’ont rien des atouts escomptés ! Quand ce n’est pas la façon de cuisiner ou de manger qui frôle l’aberration. Pourtant tout le monde pense bien faire…
Pour effectuer un tri sérieux dans toute cette cacophonie diététique, entre croyances, aliments tabous et informations sans fondement scientifique, voici un petit jeu destiné à démêler le vrai du faux.
> Sauter un repas permet de maigrir sans trop se priver.
Faux. La privation aboutit le plus souvent à une perte de contrôle dans la soirée ou le lendemain et en final à une prise de poids.
> Les régimes très restrictifs ou les diètes complètes, en clinique ou chez soi, font davantage grossir que maigrir.
Vrai. Quand on maigrit rapidement grâce à un régime très restrictif, dans la grande majorité des cas, on a tous les risques, pour des raisons biologiques et psychologiques, de perdre le contrôle de son alimentation lorsque le régime est terminé. La reprise de poids est rapide et supérieure à ce qui été perdu.
> Les aliments ne font pas grossir par eux-mêmes, mais uniquement s’ils sont associés à d’autres. On peut donc manger n’importe quel aliment à volonté, du moment qu’on ne mange que celui-là au cours du même repas ou de la même journée.
Faux. Les régimes dissociés, fondés sur la simple croyance que tel ou tel mélange favoriserait la perte de poids ou la majorerait, n’ont aucune justification scientifique.
> L’amaigrissement terminé, on ne peut plus jamais manger comme avant.
Vrai. Une fois l’amaigrissement terminé, on ne peut remanger autant qu’avant la perte de poids. En réalité, il ne faut pas trop s’éloigner de l’alimentation que l’on avait pendant le régime. Il faut considérer que les habitudes mises en place durant l’amaigrissement devront se perpétuer indéfiniment, d’où l’importance d’avoir le régime le plus large et le moins restrictif possible.
> Certains aliments, comme les sucres ou les corps gras, font automatiquement grossir quelle que soit la quantité mangée. Il convient donc de les éliminer de son alimentation.
Faux. L’aliment gras qui ferait grossir, quelle que soit la quantité consommée, est une simple croyance. Ce qui fait grossir (ou maigrir), c’est la quantité globale d’aliments consommés, évaluée en valeur calorique. Même s’il est vrai que les lipides sont les nutriments les plus énergétiques (9 kcal pour 1 g), il n’est pas justifié et même dangereux de les supprimer totalement. De plus, diaboliser les graisses ou les sucres et les éliminer de son alimentation en fait des aliments tabous, que l’on consommera en grande quantité, sans possibilité de contrôle, à un moment ou à un autre.
> Les laitages, les plats à base de légumes, les fruits ou les aliments céréaliers sont des aliments sains qui ne sauraient faire grossir. Une alimentation basée sur ces produits fait donc automatiquement maigrir.
Faux. La qualité de l’alimentation n’a que très partiellement à voir avec le poids. Un régime à base de frites, charcuteries et chocolat pourrait tout aussi bien faire perdre du poids qu’un régime à base de légumes, pour peu que l’apport total des calories soit abaissé. Le problème est que ce type d’alimentation est peu rassasiante, peu diversifiée et peut avoir des conséquences néfastes pour la santé. Un régime comme celui-ci, pour peu qu’il existerait, serait très déséquilibré, donc non conseillé. Il s’agit davantage d’un problème qualitatif (apports de nutriments) que quantitatif (apports de calories).
> Plus on mange certains aliments, comme certains légumes ou certains fruits (ananas, pamplemousse…), plus on maigrit.
Faux. Il n’existe pas d’aliments miracles qui seraient amaigrissants et qui feraient d’autant plus maigrir qu’on en mangerait beaucoup.
> Ce sont les aliments à la fois gras et sucrés ou les repas apportant des aliments gras et d’autres sucrés qui font grossir.
Faux. Il s’agit d’une forme de régime dissocié sans justification scientifique, très déséquilibré, inefficace à long terme et dangereux pour la santé.
> On peut maigrir en mangeant exclusivement du chocolat.
Vrai. Tout dépend combien on en mange. Prenons un exemple: si on mange quotidiennement deux tablettes et demie de chocolat, on apporte 1 300 k ; avec cette ration, la plupart des gens maigrissent à un bon rythme. Cependant, un tel régime est fortement déconseillé car très déséquilibré : même si les graisses du chocolat n’ont pas une influence néfaste sur le taux de cholestérol et qu’il apporte du magnésium et d’autres éléments intéressants, il n’en reste pas moins très pauvre en protéines, en vitamines et sels minéraux. La perte de poids sera certes au rendez-vous mais entraînera carences, fonte musculaire, fatigue, abandon et rechute. Tous les régimes, même les plus absurdes, font maigrir. Le problème n’est pas là. Il réside davantage dans les conséquences sur la santé physique et mentale.
> Manger un sandwich au jambon et un fruit au déjeuner en guise de repas peut parfaitement se concevoir dans le cadre d’un amaigrissement.
Vrai. Le jambon cuit est une viande maigre qui apporte les protéines nécessaires ; le pain, aliment glucidique, est rassasiant ; le fruit apporte des sucres, des fibres, des vitamines et des minéraux. Si on ne met pas de beurre, que l’on ajoute quelques cornichons, des feuilles de salade, des rondelles de tomate, nous avons là un repas diététiquement correct et qui permet de ne pas avoir faim trop vite.
Françoise Quint*
*Pour en savoir plus, lire :
« Bien maigrir sans rechute »,
Éditions Trajectoire
Le set point !
Le poids idéal, ou set point, correspond au poids que l’on peut maintenir en mangeant à sa faim. C’est le seul poids qu’il est possible de maintenir à long terme sans se restreindre, en mangeant sans y penser. Refuser ce poids implique que l’on s’affame. Or, ceci n’est possible que durant une période de temps limitée. Vouloir se maintenir au-dessous de son set point n’est possible qu’au prix d’efforts insensés qui finissent par affecter la personnalité en profondeur.