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Le bio
dans Signes & sens
Vous prendrez bien
une infusion ?
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La phytothérapie – utilisée de tout temps – a perdu beaucoup, pour ne pas dire la totalité, du terrain qu’elle occupait autrefois dans le registre thérapeutique du médecin. Relégué au rang des remèdes de grand-mère, le potentiel curatif qu’offre la plante, trop longtemps ignoré du corps médical, doit retrouver la place qui lui revient.
La pharmacognosie et les analyses biochimiques des dernières décennies ont mis en lumière de façon indéniable le pouvoir thérapeutique réel des plantes. L’intérêt d’une meilleure santé pour l’ensemble de la population voudrait que la plante soit enfin reconnue d’utilité publique non seulement pour soigner les petits maux, mais aussi pour traiter de manière complémentaire les grands fléaux dont les médias se font l’écho quotidiennement. Il faudrait pour cela redéfinir la notion de santé, les objectifs et les résultats attendus, ainsi que la manière dont la maladie doit être perçue et analysée au travers du patient qui consulte. La phytothérapie peut, par le caractère physiologique de son action, permettre d’agir de manière plus respectueuse non seulement sur les symptômes, mais aussi sur l’équilibre général propre à chacun. Il paraît étonnant de constater que, contrairement à l’homéopathie, la phytothérapie soit totalement ignorée, voire niée au sein des facultés de médecine, alors que de plus en plus de patients demandent à ce que leurs problèmes de santé soient analysés et traités autrement.
L’infusion
Elle reste la fameuse tisane de grand-mère que cette dernière préparait avec attention, soit pour soulager une digestion difficile, faciliter un sommeil long à venir, ou bien faire face à un état grippal accompagné de courbatures et d’une forte fièvre. Tout cela reste encore vrai aujourd’hui. Mais il est possible d’élargir les indications pour peu qu’une certaine expérience soit acquise.
Le principe de l’infusion est simple : il suffit de mettre 1 cuillerée à café de plantes sèches (environ 2 à 3 grammes) dans une grande tasse à thé dans laquelle est versée de l’eau frémissante, puis de laisser reposer en couvrant le tout entre 3 et 15 minutes. Le breuvage est ensuite filtré. Il faudra enfin laisser refroidir pendant une dizaine de minutes, de manière à ne pas se brûler la langue ou la gorge en le buvant. Il est souvent possible de boire l’infusion froide, pour les palais sensibles. Le goût parfois prononcé de la boisson peut être agréablement atténué par l’ajout d’une cuillerée de miel, dans la mesure où cela vous est permis.
Pour une saine utilisation
La durée de l’infusion peut influer sur la concentration des principes actifs, les uns étant détruits très vite si l’infusion dure trop longtemps, d’autres étant révélés dans la durée (infusion prolongée). L’intensité et la qualité de l’action sont donc dépendantes de ces phénomènes.
Les parties de la plante utilisées pour cette méthode intéressent principalement celles qui sont tendres, à savoir les feuilles, les fleurs et les jeunes pousses, voire la plante entière lorsque l’ensemble de ses éléments sont tendres. Il est évident que les fleurs sont des parties très fragiles et que l’infusion ne doit pas durer plus d’une à deux minutes, au risque de voir détruit un grand nombre de ses principes actifs.
Il est possible d’évoquer ici la notion « d’infusion prolongée », qui consiste à mettre par avance la plante ou partie de plantes dans l’eau froide avant de porter à ébullition, puis de laisser reposer le temps nécessaire, comme précédemment indiqué. Cette méthode est intéressante lorsque les parties de plantes sont un peu plus épaisses et/ou très sèches (petites tiges, écorce et racines concassées, feuilles de plantes aromatiques telles que le laurier ou l’eucalyptus).
Le rythme des prises variera généralement entre 1 à 3 fois par jour, soit en début de repas, soit en fin de repas, voire au cours du repas selon les circonstances.
Il faut aussi retenir que le produit de l’infusion devra être utilisé dans un délai très court. Les principes actifs sont en effet très instables et rapidement victimes des phénomènes d’oxydation. L’utilisation de la préparation se fera au mieux dans la journée, au plus dans les 48 heures si elle est conservée au frais.
Il faut enfin garder à l’esprit que, comme tout acte thérapeutique, les motifs de la prise d’un traitement, même sous forme d’infusion, doivent être sous-tendus par un diagnostic fiable. L’automédication ne doit donc pas être prolongée au-delà d’une quinzaine de jours sans un avis médical éclairé.
Docteur Telphon*
*Pour en savoir plus, lire :
« ABC des tisanes. Infusions et décoctions »,
Éditions Grancher
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