Des artistes verriers de la cathédrale de Chartres au XIIIème siècle à Pierre Soulages, concepteur des vitraux de l’abbatiale de Conques (1987-1994), en passant par Henri Matisse à Saint-Paul de Vence, l’art du vitrail n’en finit pas d’inspirer les artistes, qu’ils soient croyants ou pas. Il est vrai que la magie de la lumière à travers le verre a de quoi fasciner… Une technique ancienne et universelleLe vitrail est une composition décorative faite de pièces de verre blanches ou colorées. Assemblées traditionnellement par des baguettes de plomb, elles peuvent l’être aussi avec des rubans de cuivre. À notre époque, on utilise aussi la technique de la dalle de pierre enchâssée dans du béton ou bien le silicone. La méthode des collages avec des résines et des polymères est aussi largement pratiquée. Le terme vitrerie est employé lorsque le dessin du vitrail est de forme géométrique et répétitive et dépourvu de couleur. Quant au verre coloré, il est connu depuis l’antiquité, témoin la tasse de Lycurgue, propriété du British Museum, dont la teinte couleur moutarde prend des reflets pourpres lorsque la lumière la traverse. Le monde musulman n’est pas en reste puisque certaines mosquées, en Asie mineure, témoignent d’effets semblables, atteints avec une plus grande sophistication par des créateurs musulmans en utilisant le verre coloré en lieu et place de la pierre… De l’âge classique à la modernitéL’apogée de l’art du vitrail se situe quoi qu’il en soit au Moyen Âge. Ainsi, l’art roman nécessite la réalisation de surfaces vitrées. Le processus s’accentue avec le gothique et les églises laissent de plus en plus entrer la lumière. Avec des cathédrales et des églises paroissiales, les vitraux deviennent des créations audacieuses. La forme circulaire, ou rosace, se développe en France et évolue jusqu’à atteindre une grande complexité. La technique dite du vitrail à verre libre est contemporaine. On la doit à un artiste verrier québécois, Guy Simard, qui met au point dans les années 80 un assemblage composé de pièces de diverses natures (verre de récupération, billes, verres antiques, etc.). L’originalité de cette technique réside, entre autres, dans le déplacement des effets de lumière lorsque le spectateur se déplace. Élaboration et savoir-faireContrairement à la peinture qui peut laisser une grande place à l’improvisation, l’art du vitrail exige, en amont, d’élaborer le dessin et les couleurs. De plus, le lieu et la qualité de la lumière y sont d’une importance essentielle. Il est donc nécessaire qu’une maquette soit réalisée, comportant les tracés des plombs, s’il s’agit d’une création traditionnelle par exemple. En général réalisé à l’échelle 1/10, le document sert de référence tout au long de la construction du vitrail. Pour couper le verre, on utilise le plus souvent un diamant ou une roulette de vitrier. L’art de la coupe demande une certaine maîtrise pour que la construction soit fidèle à ce que l’artiste a imaginé. Le support qui reçoit l’assemblage de verre est appelé table de montage. Elle est généralement en bois de peuplier. Le monteur utilise des couteaux de montage de différentes largeurs qui servent à couper le plomb et à le manipuler. Plusieurs opérations, comme le calibrage, le masticage, et autres gestes techniques, convoquent en fait un savoir-faire passionnant qui attire un grand nombre de néophytes si l’on en juge par les demandes de stages de plus en plus croissantes.
Charly Liegard |
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