Matteo Giovanetti
(14ème siècle)
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S’il a été prieur de l’église San Martino, ce peintre italien – né à Viterbe – est considéré comme le peintre n° 1 de la grande époque avignonnaise : effectivement, on trouve sa trace en 1343, période à laquelle il participe aux fresques du Palais des Papes et, notamment, à celles de la tour de la Garde-Robe. Il excelle dans la réalisation qui met en scène la pêche et la chasse à la façon des tapisseries de l’époque. Mais il ne faut pas oublier que ce travail est un travail d’équipe dans lequel se fond une complémentarité d’envergure : les écoles italiennes et françaises. Aussi apparaît-il difficile d’envisager le seul talent pictural de Matteo Giovanetti dans cette décoration précise. En revanche, un an plus tard Giovanetti s’occupe de façon plus prépondérante des fresques de la chapelle Saint-Martial du Palais des Papes. Il s’agit-là fondamentalement de l’expression de sa personnalité artistique. Giovanetti excelle dans la restitution graphique d’attitudes psychologiques retranscrites sur les portraits qu’il représente de façon percutante, attitudes qui sont alors avant tout au service du témoignage. Matteo Giovanetti est connu et reconnu de l’importante communauté religieuse du 14ème siècle. Lui sont alors confiées plusieurs peintures comme celles de la chapelle pontificale de Saint-Michel du Palais des Papes, malheureusement aujourd’hui disparues, comme d’autres exécutées à Villeneuve-lès-Avignon pour le pape Clément VI. Matteo Giovanetti est d’ailleurs très apprécié de ce Pape qui lui demande de décorer la salle du consistoire du Palais des Papes. Là encore, on ne peut plus apprécier cette réalisation de nos jours car un incendie a emporté avec lui la magie de cette œuvre. Toutefois, on peut toujours admirer les fresques de la chapelle Saint-Jean-Baptiste. Dans l’ensemble de ses réalisations, Giovanetti offre des compositions d’une rare harmonie, mêlée à une intensité qu’il doit à ses influences toscanes et, en particulier, Ambrogio Lorenzetti. Les tons qu’utilise Giovanetti entraînent le regard dans un imaginaire fait de magie et de positivisme : de véritables images d’espérance. C’est sur ce mode d’ailleurs qu’est confiée à l’artiste la Salle de la Grande Audience dont l’essentiel à traiter est le Jugement dernier. Nous sommes alors en 1352 et le temps a essuyé depuis une grande partie de ce travail majestueux, à l’exception d’une infime partie de voûte qui affiche, au nom d’une spiritualité rare, Vingt Prophètes et la Sibylle d’Érythrée. Giovanetti libère de plus en plus son pinceau dont les mouvements s’imposent dans un style gothique exceptionnel. Il travaille sans relâche. On ne compte plus les œuvres qu’il enchaîne les unes derrière les autres, jusqu’à celles que lui commande le Pape Urbain V. C’est ainsi qu’en 1367, l’artiste l’accompagne à Rome. Il effectue des travaux au Vatican pour lesquels on sait qu’il a été payé en 1368. Même si c’est à cette période que l’on perd la trace de Matteo Giovanetti, l’ensemble de son travail reste remarquable quelques six siècles plus loin.
Ivan Calatayud