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Le développement personnel
dans Signes & sens
Suivre des ateliers d'écriture
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Écrire ramène chacun d’entre nous au moment où, sur les bancs de l’école, il s’agissait plus d’un devoir que d’un moyen d’expression. La pédagogie des années 70, avec l’introduction de son texte dit « libre », avait cependant ouvert quelques brèches. Mais c’était oublier que l’école est plus un lieu d’apprentissage que d’expression libre. Pourtant, le désir d’écrire existe bel et bien…
Dans les « Ateliers d’écriture », sous forme de stages que proposent certains organismes, ce désir semble pris en compte depuis maintenant de nombreuses années. Tout le problème est celui du passage à l’acte. Celui-ci est souvent inhibé par quelques idéalisations massives et dépréciations de soi-même. Rendre à l’écriture son sens de communication avec soi et avec les autres, tels sont les objectifs que se fixe l’atelier d’écriture. L’expérience a montré qu’il pouvait même avoir une visée thérapeutique dans la mesure où la névrose d’échec cède pour laisser la place à un narcissisme restauré.
Copier n’est pas toujours tricher !
L’intérêt de suivre un atelier d’écriture est qu’il s’agit aussi bien d’une expérience de développement personnel que d’interaction avec un groupe. La nouveauté est que le jugement scolaire en est banni. Il n’est pas question de notes et de premier ou dernier de la classe. Ainsi et paradoxalement, copier n’est pas vilain, contrairement à l’interdiction scolaire. Comme le langage oral, l’écriture n’est pas innée. Nous avons bien eu besoin de nous approprier le langage de nos parents avant d’articuler notre propre discours. L’auteur Yack Rivais, par exemple, a fabriqué son roman, « Les Demoiselles d’A », publié chez Belfond, en n’utilisant que des phrases de romanciers antérieurs. Le résultat est pourtant cocasse et très original ! De la même manière, Georges Perec, dans « la Vie Mode d’Emploi » chez P.O.L., truffe son texte de citations d’Agatha Christie et d’autres auteurs, parfois légèrement modifiées, et n’en dévoile la présence qu’en post-scriptum. Ainsi, nous participons d’une chaîne de signifiants et il est illusoire de croire qu’un auteur soit le créateur ex nihilo de son texte. Julia Kristeva, psychanalyste et écrivain, parle de la notion d’intertextualité, expliquant que tout écrit est le produit de tous les textes lus antérieurement et que tout auteur est pris dans le vaste réseau de tous les écrivains passés, présents et futurs. La seule différence, et elle est de taille, est que le signifié, c’est-à-dire le sens de ce que l’on a à écrire, reste unique et nous appartient en propre. L’atelier d’écriture peut nous aider à l’identifier et à le mettre en forme. Certains vont même jusqu’à la publication chez un éditeur ou plus simplement à compte d’auteur…
Des contraintes qui libèrent
L’originalité de l’atelier d’écriture est qu’il va proposer des règles du jeu qui ont pour objectif de liquider l’angoisse de la page blanche. On sait bien que les limites sécurisent. De même qu’en musique, l’improvisation, aussi libre soit-elle, du jazzman nécessite qu’il ait intégré la grille d’accords sous-jacente. Picasso, avant de trouver sa voie, a intégré de nombreuses règles picturales. De la même manière, l’écrivain a toujours en tête une trame, un titre sur lequel va s’articuler son oeuvre, même s’il peut l’abandonner en cours de route. Dans l’atelier d’écriture, il s’agit de poser des rails pour que le train démarre. Voici par exemple un exercice ludique que proposent Anne Roche, Andrée Guiget et Nicole Voltz dans leur ouvrage « L’atelier d’écriture, éléments pour la rédaction d’un texte littéraire », publié chez Bordas : Prenez un mot, pas trop court : ex. TAVERNIER. Décomposez-le en ses éléments et combinez-les de toutes les façons possibles : TARE, VERT, VERNI, RAVE, RAVIR, NIER, RIEN, RIVER, RITA… Vous avez déjà tous les éléments pour écrire un mini-drame paysan (un vol de raves, que le voleur nie, à moins qu’il ne s’agisse du rapt de Rita, etc.)…
Atelier d’écriture et art-thérapie
La spécificité de l’atelier d’écriture abordé comme art-thérapie exige du praticien une technique spécifique visant à une ouverture, une prise de conscience des blocages. L’écriture devient médiation pour les personnes ayant du mal à oraliser. Elle permet au psychisme de s’exprimer, de dire. Ici, l’interprétation du thérapeute est essentielle. Il n’est pas rare que l’atelier d’écriture, sous forme d’art-thérapie, résolve certains symptômes, au même titre que la musicothérapie ou la peinture-thérapie.
Raymond Julliard
La calligraphie, qu’est-ce que c’est ?
Étymologiquement, calligraphie signifie écrire beau. Toutes les civilisations pratiquant l’écriture ont développé cet art. Certaines l’ont même élevé au rang d’art sacré. En Occident, elle était étroitement liée à la spiritualité et obéissait à des règles très strictes. Les moines copistes et les enlumineurs en étaient les dépositaires. Abandonné en Occident, l’art de la calligraphie persiste cependant en Extrême Orient. En effet, les idéogrammes de la langue classique chinoise existent depuis presque 3000 ans (VIe siècle avant Jésus-Christ) et c’est vers 210 avant Jésus-Christ que Li Sseu déclarait : Dans l’écriture d’un caractère, ce n’est pas seulement la composition qui importe, c’est aussi la force du coup de pinceau. Faites que votre trait danse comme le nuage dans le ciel, parfois lourd, parfois léger. C’est seulement alors que vous imprégnerez votre esprit de ce que vous faites et que vous arriverez à la vérité. Beaucoup d’occidentaux sont fascinés par cette forme de méditation jusqu’à aller suivre les cours d’un maître calligraphe.
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