Si le terme s’est vu peu à peu popularisé, le principe même de l’Académie ne date pas d’hier !
Ainsi, c’est en 1563 que l’Italie ouvre la voie avec son Accadémia del Disegno. Cette toute première marche vers un enseignement ouvert de la philosophie et des sciences a été rendue possible grâce à Cosme de Médicis, selon le désir de Vasari. Cette liberté s’est imposée comme une évidence au point que, 8 ans plus tard, un décret voit le jour. Le pape Grégoire XIII emboîte le pas quelques mois après avec l’Académie de Saint-Luc à Rome. Les copistes peuvent alors s’en donner à cœur joie pour parfaire leur geste, tout en restant à l’identique des maîtres.
L’élan pour les académies est tel que le mécénat s’en empare en installant ses propres académies privées dans ses palais : le palais Ghislieri à Bologne en est un exemple concret. C’est à ce moment que le modèle vivant connaît un essor prépondérant. Rien n’est laissé au hasard sur la toile puisque la littérature entre implicitement dans la composition des œuvres. Les intellectuels sont fascinés. La France aussi, instituant de son côté dès la fin du XVIème siècle l’Académie royale de peinture et de sculpture. Mignard rejette le principe mais Louis XIV ne pouvant se passer ni d’art, ni de modernité, l’Académie royale s’impose comme la référence européenne majeure. Quelques réticences émergent tout de même, dues aux mentalités de certains pays : c’est le cas notamment de la Hollande. Curieusement, Venise résiste aussi ! Ceci dit, l’Allemagne et l’Espagne, malgré un joug institutionnel marqué, s’inscrivent volontiers dans cette nouvelle perspective. La Royal Academy de Londres, privée, échappe, quant à elle, aux tentatives de domination politique. Ce pays est une exception car partout ailleurs l’idée même d’académie souffre toujours un peu de la hiérarchie des décideurs et autres gouvernementaux. Il faut attendre le XIXème siècle et l’École d’art publique qui embraye de façon paradoxale et réactionnaire avec l’Académisme. L’Art vivant progresse contre vents et marées. Petit à petit, la peinture devient une profession et les œuvres acquièrent une réelle valeur marchande.
Ivan Calatayud
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