Avignon Certains historiens prétendent qu’Avignon (et le Vaucluse en règle générale) s’est imposée timidement dans le secteur artistique. Du XIVème siècle au XVIème siècle, cette région française est effectivement peu innovante. Exception faite pour le XVème siècle. Il est vrai que ces 200 ans ont subi l’influence de la papauté et des ses dogmes : si Avignon, grâce à cette volonté pontificale, pouvait être un référent en matière artistique, les concepts psychorigides s’affichaient manifestement dans les représentations qui devenaient alors, ostensiblement, un message religieux à introjecter. Malgré tout, peu à peu la ville du Palais des papes se développe car cette capitale attire bien sûr des artistes européens mais aussi beaucoup d’intellectuels de tous bords. L’influence italienne est omniprésente, empreinte d’un réalisme mêlé de prosélytisme toujours plus évident, le tout s’alliant finalement avec intelligence à l’art français de l’époque, plus en rondeur et en séduction. Le XVème siècle va s’imposer à la faveur de la mise en lumière d’un art régional provençal qui fera finalement école. La Provence bénéficiant alors d’une prospérité commerciale, puisqu’ayant su globalement échapper à la barbarie guerrière et à la folie conflictuelle meurtrière, séduit la petite bourgeoisie qui afflue de toutes parts, et surtout grand nombre de financiers nantis. Les peintres le savent et s’invitent en masse dans la région. Beaucoup de chefs d’œuvre anonymes de la décennie 1450-1460 attestent d’un exercice talentueux qui a trouvé l’énergie de séparer l’ivraie du bon grain. Le climat sec et chaud entraîne des toiles plus arides qui abandonnent peu à peu l’excès de détails italiens et la sollicitude exacerbée des flamands. Une œuvre représentative de Quarton, la Pieta d’Avignon, s’inscrit dans cette révolution locale culturelle. Cependant, l’Italie gardera longtemps encore une suprématie qui fera de la tradition picturale avignonnaise une sorte d’improvisation marginale qui, petit à petit, contribuera à son identité qu’elle continue à assumer sans complexe. L’ensoleillement et la luminosité exceptionnelle de la région ont toujours joué un rôle prépondérant dans cette peinture magistrale car l’artiste y succombe sans effort, imposant ainsi une authentique marque de fabrique inimitable.
Ivan Calatayud |
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