Cette technique nécessite du papier ou du carton, de l’eau, de la gomme arabique ajoutée au liquide. Son nom de peinture à la détrempe vient du principe de la solubilité extrême des couleurs liée à la substance chimique contenue dans l’eau. En découle une transparence reconnaissable. Une dilution réussie nécessite, en outre, un pinceau moyen ou gros à poils souples. Un pinceau très mince ponctue les couleurs d’une mise en relief caractéristique car contrastée.
On trouve la méthode de l’Aquarelle déjà chez les Égyptiens mais le Moyen Âge et ses enluminures la propulsent au premier rang. C’est l’arrivée de la peinture à l’huile qui la fait disparaître pendant cinq siècles ! Son retour au XVIIIème siècle succède à la fidélité de certains peintres, notamment les miniaturistes. On ne peut pas dire que les aquarellistes soient légion. Les vénitiens adhèrent mais convainquent peu… Fragonard s’y essaye mais ce n’est qu’avec le règne de Louis XVI que l’Académie accepte cette technique qui est généralement perçue comme mièvre. Cependant, les britanniques installent à Londres en 1804 la Royal Water Color Society et Turner, l’américain Whistler et Géricault s’y intéressent et pratiquent cet art en le faisant évoluer, notamment dans la restitution maîtrisée de leurs paysages.
Curieusement, chaque peintre talentueux s’approprie cette pratique selon sa sensibilité : Cézanne l’utilise pour achever ses œuvres, Van Gogh s’offre une respiration avec le lavis, Rodin s’en sert pour approfondir ses études. Les tons se veulent de plus en plus tendres. Egon Schiele harmonise l’anxiété de son graphisme avec un aquarellisme complaisant mais déterminé. Autrement formulé, au XXIème siècle l’Aquarelle a la générosité de rester accessible et disponible à l’évolution picturale mondiale.
Ivan Calatayud
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