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Orphisme Mais d’où vient donc ce terme Orphisme ? On le doit en fait à Guillaume Apollinaire qui avait été chargé d’une conférence sur la peinture moderne en 1912. Orphée bien entendu entre dans l’invention du mot Orphisme mais certains pensent que lors de son allocution au Salon de la Section d’Or, Apollinaire aurait fait un lapsus. Pour d’autres, ce néologisme est tout simplement la manifestation de ce génie de l’écriture et de la poésie ! Quoi qu’il en soit, le milieu pictural veut imposer sa version : Apollinaire objective une sorte de lutte complexe à l’époque, opposant d’un côté l’expression de l’œuvre donnée par la couleur sciemment appliquée sur le support et l’avancée parfois maladroite d’un Cubisme ambiant. Il faut attendre 1913 pour que l’Orphisme rencontre une reconnaissance officielle : c’est le début (timide) de l’école orphique. Une fois encore, on constate que la symbolisation tient à peu de choses dans bien des cas… Les courants picturaux sont d’ailleurs mitigés et divisés quant à l’accueil de ce mouvement. Les plus contestataires – dont Delaunay, pourtant très ami avec Guillaume Apollinaire – considèrent que l’Orphisme appartient plutôt au registre de la littérature qu’à la peinture proprement dite ! Delaunay n’a de cesse du reste de se conforter dans l’idée que sa peinture est pour beaucoup dans l’œuvre poétique d’Apollinaire ! Tout est très compliqué effectivement puisque dès 1913, Apollinaire fait une comparaison dérangeante selon les artistes en vogue de l’époque qui se demandent pourquoi l’écrivain s’est lancé dans une interprétation discutable des différences qui opposaient Delaunay, qu’il affuble de Peintre orphique, et Picasso, Cubiste affiché. Tout en reconnaissant et en sachant ces deux tendances comme appartenant d’ores et déjà à l’avenir pictural français. Au XXIème siècle, cet avis marqué et animé par son auteur lui donne d’ailleurs raison ! En fait, au début du XXème siècle, Apollinaire a fait désordre dans la mesure où ne dominant pas les influences picturales de Delaunay et de Picasso, les critiques d’art s’emparent de l’affaire pour ne retenir – à tort – que les insuffisances et les approximations en matière artistique du poète. D’autant qu’en réaction à ces critiques, il persiste et signe ! Aujourd’hui, de par les nombreux écrits rédigés sur l’Orphisme, il est certain qu’Apollinaire – lorsqu’il parlait de cette tendance artistique – considérait un élan novateur avant-gardiste dont il auréolait Delaunay – et non Picasso…
Ivan Calatayud |
