Que ce soit pour la peinture à l’huile ou la peinture acrylique, la toile est aujourd’hui le support privilégié des artistes peintres. On raconte même que pour remplacer le bois, les peintres vénitiens auraient utilisé des toiles de navire… Composée de lin, de chanvre, de coton ou de fibres synthétiques, la bonne toile, pour un artiste, est celle qui accueillera le mieux sa réalisation picturale. Gros plan sur les différents choix possibles…
Du naturel au synthétiquePlus particulièrement adaptée pour la peinture à l’huile, la toile traditionnelle de lin est appréciée des professionnels en raison de sa très grande finesse et la régularité de son grain. Ce qui explique son coût relativement élevé. De couleur brunâtre et de texture très résistante, on reconnaît un bon lin à son tissage très serré et régulier. Plus économique, la toile de coton, s’étirant plus complètement, s’est popularisée avec l’emploi de la peinture acrylique. Elle est très intéressante pour réaliser des esquisses. Quant à la toile de chanvre, moins onéreuse, Rembrandt et Velàsquez, entre autres, y ont cependant eu recours pour y peindre des œuvres majeures… Pour ce qui est des toiles en fibres synthétiques, elles possèdent aussi leurs qualités. On distingue en général deux grandes familles de fibres. D’une part, les nylons : ils offrent une grande résistance aux tractions. Leur souplesse et leur élasticité conviennent à la peinture acrylique et d’autre part, la polytoile, à base de fibres de polyester projetées, pressées et soudées. Possédant un grain extrêmement fin, celle-ci, à condition qu’elle soit collée et non tendue, pourrait concurrencer sérieusement les fibres végétales. Quoi qu’il en soit, à chacun de choisir le produit adapté à sa sensibilité…
Le châssisLes toiles que l’on trouve chez le fabriquant sont en général prêtes à peindre. Elles sont parfois agrafées sur un châssis, cadre en lattes de bois légèrement biaisées de façon à ce que la toile ne soit en contact avec le bois que par les bords. Les lattes constituant le châssis ne sont ni collées ni clouées, mais simplement emboîtées par tenons et mortaises. Des coins de bois ou clés sont introduits dans les angles des assemblages, de manière à régler la tension de la toile à l’aide d’une pince à tendre. On peut aussi opter pour des cartons ou des panneaux toilés, sous différents formats. Certains puristes conseillent de passer une couche de gesso de manière à éviter les petits défauts. Le gesso est un apprêt que l’on applique au pinceau, au rouleau ou à l’éponge, pouvant être poncé avec du papier émeri fin pour obtenir un fini bien lisse. Il est possible d’y appliquer une couleur de fond, selon la technique choisie. Mais encore une fois, il n’y a aucune obligation. Ainsi, certains artistes comme Jackson Pollock ou Francis Bacon, ainsi que d’autres peintres du mouvement Colorfield Painting ou de l’Abstraction lyrique, peignent parfois sur une toile brute, sans gesso protecteur. D’autres ont leur recette personnelle. Le tout étant de tendre vers l’effet désiré.
Un principe de base : le gras sur maigreUne fois la toile préparée à la convenance de l’artiste, il convient de connaître quelques astuces. Comme toute technique d’art plastique, il y a en effet des règles à respecter afin que la toile peinte ne devienne pas, in fine, une mauvaise toile dans le sens où elle perdrait son aspect originel. Pour exemple, respecter la règle du gras sur maigre évite à terme une peinture craquelée. Le principe en est simple : il suffit de diluer la peinture de fond avec de l’essence de térébenthine, puis d’appliquer ensuite des couches de moins en moins diluées jusqu’à appliquer la pâte directement sortie du tube. Tout simplement parce que la peinture maigre (diluée) sèche plus vite que la peinture grasse (peu diluée). Peindre dans les règles de l’art, pour le peintre Christophe Wehrung, c’est respecter les contraintes de la matière pour la transformer à des fins spirituelles… et peut-être aussi durables. Les tableaux de Vermeer, pour ne citer que cet artiste, n’ont nécessité aucune restauration. Ainsi, une bonne toile est sûrement aussi une œuvre pérenne…
Danièle Annot
Choisir des peintures de qualité De la même manière qu’un musicien perfectionne son art sur un bon instrument pensé et réalisé par un luthier compétent, un peintre donne le meilleur de lui-même si son matériel est de qualité. Ainsi, selon une pratiquante passionnée, une bonne peinture est celle qui contient les pigments les plus solides à la lumière, les plus résistants aux UV. Il est bon aussi de vérifier sa capacité d’opacité ou son pouvoir de recouvrement, son onctuosité à l’étalement qui est primordiale pour le coup de brosse, sa siccativité (aptitude au séchage), décisive pour une exécution enlevée et spontanée. On trouve aujourd’hui sur le marché de nombreuses marques qui répondent à ces critères, travaillant véritablement au service de l’acte créatif.
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