« Ne pas faire d’efforts inutiles, ne pas abuser de ses forces, faire attention à sa santé », telles sont les définitions que donne le dictionnaire du verbe pronominal « se ménager ». Le programme invite à la sagesse. Dans son roman « Le prix du souvenir », l’écrivain Jean-Marie Poirier écrit d’ailleurs fort justement : « Il faut se ménager des haltes dans le quotidien pour descendre en soi, ou plutôt pour se hisser à soi »…
Pris dans l’activisme qui caractérise notre société, nous courons parfois après le vent et en oublions tout simplement de vivre. Sommes-nous véritablement présents à l’essentiel lorsque nous nous laissons submergés par les soucis et les problèmes ? Le stress guette, avec sa kyrielle de somatisations. Mais il n’est jamais trop tard pour apprendre à lever le pied.
Stop au toujours plus !
La tendance à la compétition n’est pas mauvaise en soi à condition de ne pas en faire un credo. Vouloir systématiquement aller plus loin, au mépris de ses limites, conduit irrémédiablement à la catastrophe. Les grands sportifs le savent. Témoin les propos sans équivoque du champion de tennis Henri Leconte dans une interview accordée à Psychanalyse Magazine il y a quelques années.
Le corps humain, expliquait-il,
n’est pas fait pour faire du sport de haut niveau ; je le sais car j’ai été opéré cinq fois. Je ne me suis jamais dopé mais lorsqu’on va au bout du corps humain, il casse car ce n’est pas une voiture ; on ne change pas une pièce pour que tout reparte ; c’est plus difficile. Le cœur n’accepte pas tout, c’est la plus belle machine du monde mais il faut qu’elle se repose, qu’elle se recharge. C’est primordial… Malheureusement, les challenges existent et se retrouvent au quotidien indépendamment du domaine sportif. Il faut être le plus productif au travail, la plus mince à la plage, le plus performant en amour, le plus dynamique en affaires… Une course folle qui finit par ne plus avoir aucun sens. Les bonnes questions à se poser avant qu’il ne soit trop tard ?
Est-ce que les raisons qui me poussent à agir ainsi sont les bonnes ? Ne sont-elles pas éclipsées par la compétition elle-même ? Un peu de principe de réalité suffit pour s’accorder des respirations et ne plus se comparer à autrui. Se ménager commence par savoir écouter son propre rythme…
Du temps pour soi
Patricia Blok, auteur de « 99 secrets de relaxation » aux Éditions Médicis, explique que
prendre du temps pour soi constitue une condition sine qua non pour parvenir à une vraie relaxation. Notre vie étant bien sûr remplie d’obligations, il reste peu de temps pour le reste, continue-t-elle,
et notamment pour les choses qui font plaisir parce qu’elles ne sont pas nécessairement liées à l’obtention d’un résultat ou à la réalisation d’une performance. N’empêche que cet espace/temps nous est vital. Pourquoi ne pas s’installer par exemple avec des pinceaux et de la peinture devant une toile, simplement pour le plaisir ? Et si vous réserviez enfin ce week-end dans un hôtel avec spa dont vous rêvez mais que vous ne vous êtes pas encore autorisé. Ce peut être aussi un simple bain chaud aux huiles essentielles à la maison, en demandant de ne pas être dérangé pendant une petite heure et en coupant son portable !
Le ressourcement nature
Dans son livre « L’art du bonheur », publié chez l’Iconoclaste, le psychiatre Christophe André fait état de l’importance de se reconnecter à la nature pour se ressourcer.
Chaque fois que nous respirons l’odeur des champs ou de la forêt, écrit-il,
c’est l’écho lointain du bonheur de ces « retrouvailles biologiques » qui se fait entendre en nous. Ces rencontres avec la nature font plus que nourrir notre bonheur : elles lui sont indispensables. Et même dans les grandes villes, il est toujours possible de trouver un parc, un espace vert où aller se ressourcer. Une jolie habitude à prendre régulièrement et qui ne coûte rien…
Brigitte Najat