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Le développement personnel
dans Signes & sens
Chacun voit midi à sa porte. Ce qui est bon pour l’un ne l’est pas nécessairement pour l’autre. Aussi est-il indispensable de bien identifier son désir…
Manquer la cible, c’est une des définitions du péché. Le terme manquer peut d’ailleurs signifier que la vacuité attend que nous remplissions notre vie à bon escient !
L’attente
Il est de coutume, dans les contes, que la fée propose trois vœux. Que demanderions-nous si par magie nous pouvions bénéficier de leur réalisation immédiate. Amour, gloire et beauté seraient vraisemblablement les ingrédients de notre souhait. Ou bien, plus prosaïquement, nous exigerions ce qui nous manque à l’instant t : la somme d’argent qui nous permettrait de réaliser le projet qui nous tient à cœur, la femme ou l’homme de nos rêves, ou simplement l’éclairage sur une situation conflictuelle amoureuse ou professionnelle. Le manque, moteur du désir, peut cependant prendre la forme de l’illusion, voire de l’hallucination. Ainsi en est-il de toutes les addictions : alcool, tabac, drogue, sexe etc. Comment discerner ce qui est de l’ordre du désir ou d’une jouissance autodestructrice ? Pas toujours facile ! Les injonctions morales ne peuvent s’appliquer comme des recettes à tout un chacun. Il ne suffit pas d’interdire de fumer pour en ôter l’envie. Il ne suffit pas de nourrir une anorexique pour résoudre le problème. Le désir, s’il ne règle pas l’envie, n’est pas si simple que ça à identifier. Il naît de la frustration, a souligné le psychanalyste Jacques Lacan. Mais encore faut-il être capable de supporter la frustration. De plus, il s’agit d’assumer les conséquences de sa mise en place. Combien de gros gagnants au loto ont vu leur vie perturbée à cause de la réalisation d’un désir qu’ils n’étaient pas en mesure d’assumer ? À l’inverse, un simple petit coup de fil que l’on n’attendait pas peut suffire à combler une soirée. Ne rien attendre, là est peut-être le secret…
La vacuité
La vacuité est à différencier du vide. La vacuité est un état de disponibilité qui ouvre à tous les possibles. Alors que le vide n’existe pas réellement d’un point de vue psychologique (la nature en a horreur), la vacuité fait de la place. Elle accueille ce qui vient, sans le retenir. Nous ne serons comblés que si nous acceptons que tout doit circuler : l’argent, l’amour... Rien ne nous appartient et tout nous est donné. Ainsi, ce moment de paix qui nous permet de faire ce que l’on a envie, ces 10 euros donnés au commerçant en échange du cadeau qui va faire plaisir au petit neveu, l’image du bus qui laisse descendre ses passagers avant que d’autres montent, devraient nous inciter à lâcher… pour recevoir ! Rien n’est éternel, rien n’est acquis, rien n’est gagné mais c’est notre chance. La chance du renouveau. S’il n’y avait pas l’hiver, à quoi servirait le printemps ? Nous sommes comblés lorsque nous accueillons. Nous ne pouvons accueillir si nous sommes déjà pleins de ressentiments, de jugements, d’a priori… Un seul être nous manque et tout est dépeuplé, dit le poète mais un simple sourire donné ou reçu est capable de remplir un désert affectif.
Le trésor
Pourquoi se lamenter sur ce que nous n’avons pas eu et sur ce que nous n’avons pas encore ? Nous sommes là, bien vivants, un toit sur la tête, de quoi nous nourrir, nous vêtir. Il ne s’agit pas de s’accommoder de peu mais de reconnaître que nous pourrions ne pas l’avoir. Ici et maintenant, là est notre oasis, comme dans la morale de l’histoire de l’homme et du chameau : Dans le désert vivait un homme pauvre qui ne possédait rien. Le soir, à la tombée de la nuit, il regardait les étoiles en se félicitant du peu qu’il avait pour son dîner : des dattes et de l’eau. Un jour, il vit arriver un chameau qui lui non plus ne possédait rien. Le chameau lui proposa de l’amener dans la ville de Topka, de l’autre côté du désert. L’homme s’y installa, travailla, se maria. Il oublia le chameau qui pourtant l’attendait. Mais le pauvre homme va voir sa vie se transformer d’une manière bien étrange... Devenu riche et vieux, il se sent de plus en plus seul. La nostalgie de son oasis le gagne... Ce conte pour enfants, « L’homme qui ne possédait rien », de Jean-Claude Mourlevat, édité par Thierry Magnier dans la collection Petite Poche, montre que ce que nous cherchons parfois de l’autre côté du désert se trouve en fait là où nous sommes, à la différence près que nous ne le savons pas encore… Ouvrons donc les yeux sur notre quotidien et faisons l’inventaire de toutes les choses que nous avons oublié d’apprécier. Par habitude ou par manque de présence à nous-même et à notre entourage. Nous serons surpris des trésors insoupçonnés qui attendent patiemment que nous en soyons comblés !
Enzo Mauri
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