Ne pas laisser faire un harceleur reste toujours possible. Témoins ces nombreuses victimes qui ont réussi à déjouer les attitudes sordides dont elles souffraient grâce à d'excellents réflexes pratiques. Ils seront d'ailleurs facilement utilisables si vous êtes la proie d'un de ces véritables handicapés de la relation…
Le harceleur, quelle que soit sa sphère d'action (affective ou sociale), agit essentiellement sur la peur. Aussi est-ce sur cet axe qu'il s'avère indispensable de travailler pour ne plus être constamment sur la défensive, ni gaspiller – par voie de conséquence − une énergie phénoménale.
Le respect de soi
Jane Middletton-Moz et Mary Lee Zawadski, auteurs de « Harceleurs, de l’école au bureau, stratégies pour désamorcer leur comportement », expliquent que la prise de conscience de soi constitue l’un de nos outils les plus efficaces pour éviter de se sentir paralysé et impuissant. Le harceleur, spécialiste du mensonge, du non-respect d’autrui et parfois de la victimisation, doit être considéré comme une personnalité certes pathologique, mais contre laquelle il est vital de se protéger. Aussi est-il important de prendre conscience que personne, absolument personne, quels que soient les liens qui vous unissent (affectifs ou professionnels), n’a le droit de porter atteinte à votre intégrité physique ou psychologique. Cependant et à partir de ce constat, il n’est surtout pas question d’envisager de pouvoir changer ce type d’agresseur. La priorité consiste à ne plus donner de prise.
La protection extérieure
De nature toxique, le harceleur prendra d’autant plus le dessus − c’est ce qu’il cherche avant tout − si sa victime n’ose pas parler de ses persécutions à quelqu’un d’extérieur. Dans le cadre du travail, ce peut être un représentant du personnel, un conseiller juridique, voire même un psy. Le danger consiste à sortir de ses gonds, ce déséquilibré en profitant pour pousser à la faute professionnelle.
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Alain, 34 ans, est sous pression. Il a du mal à avoir un sommeil réparateur à cause d’un supérieur hiérarchique qui prend un malin plaisir à le rabaisser, alors qu’il pense faire son travail du mieux qu’il peut, heures supplémentaires à la clé. Une altercation a eu lieu où il a failli en venir aux mains. Après avoir demandé conseil à un psy, confie Alain, j’ai consulté un service juridique pour connaître véritablement mes droits, ce qui m’a permis de réaliser que je pouvais monter un dossier protecteur au cas où les évènements persisteraient. Du coup, grâce au psy et à l’avocat conseil, mes angoisses se sont apaisées et, paradoxalement, le harceleur a stoppé ses manipulations perverses… Il en est à l’identique lorsque le harcèlement est affectif. Là encore, en parler à un membre fiable de son entourage ou à un professionnel de la psychologie reste la meilleure façon de se protéger.
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Maryline, infirmière, témoigne que son compagnon, sans travail, lui faisait des scènes de ménage de plus en plus fréquentes, alternant avec des moments où il savait se montrer très doux : Je me suis sentie peu à peu enfermée dans une sorte de piège relationnel, fait de révolte rentrée et de culpabilité. M’étant confiée à une amie, elle me prêta un ouvrage de Marie-France Hirigoyen : « Le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien ». J’ai eu un déclic salvateur lorsque j’ai lu qu’il fallait que j’agisse. « Dans la mesure où, du fait de l’emprise, la victime s’est jusqu’alors montrée trop conciliante, il lui faut changer de stratégie et agir fermement sans craindre le conflit ». Cette phrase m’a donné la force de poser un principe de réalité. J’ai expliqué à mon compagnon que je n’étais plus d’accord pour l’« entretenir », le nourrir et le blanchir. Comme il n’en a pas tenu compte, je n’ai pas laissé la situation perdurer. J’ai arrêté cette relation anormale…
Viviane Bernard