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Le développement personnel
dans Signes & sens
L’Homme étant essentiellement un être de langage, on pourrait penser qu’il suffit de s’exprimer pour être compris. Mais c’est oublier que l’émetteur n’est pas le récepteur. Cette simple différence non véritablement intégrée pose certains problèmes. Chacun étant habité par sa propre histoire, il n’est pas rare que des obstacles surgissent. Comment, dès lors, apprendre à les surmonter pour que le terme « communication » reprenne son sens premier qui consiste à « mettre en commun » ?
Aucun partage n’est possible tant que le partenaire, qu’il soit affectif ou social, n’est pas envisagé comme un alter ego (semblable car utilisant le même langage, mais fondamentalement autre par son discours). La psychanalyse situe le langage au niveau du conscient et le discours au niveau de l’inconscient. Autrement dit, chaque fois que nous énonçons une parole, il s’agit de laisser à l’interlocuteur la possibilité de l’accueillir avec ce qu’il est et non avec ce que l’on voudrait qu’il soit. L’altérité est une chance. Elle permet la créativité car elle surprend et invite à aller plus loin dans la découverte mutuelle. À l’inverse, une relation basée sur un rapport dominant/dominé ne peut en aucun cas aboutir à un aspect constructif. Aussi est-il essentiel de se garder de tout prosélytisme en évitant les phrases du type Tu devrais, Il faut, etc. Parler de soi en employant le je possède l’avantage de limiter toute projection malencontreuse. Quant à la question Qu’est-ce que tu en penses ?, elle devient un véritable sésame du dialogue, évitant le piège du monologue logorrhéique, source d’incommunication.
Une même longueur d’ondes
Jacques Salomé, lors de ses conférences, a l’habitude de dire que dans toute situation de communication, nous sommes 3 : l’autre, moi et la relation. Il symbolise souvent ce lien oral par une écharpe dont chaque actant tient une extrémité. La notion de responsabilité est ici à prendre en compte. Je ne suis peut-être pas responsable de tout ce qui m’arrive, précise Salomé, mais je suis responsable de ce que j’en fais. Pour que le processus se déroule dans les meilleures conditions possibles, certains principes sont nécessaires pour se situer sur une même longueur d’ondes, comme le métaphorise le langage populaire. Ainsi, la façon dont on entend et écoute un interlocuteur conditionne la qualité de la communication. Ne pas le confondre avec son comportement du moment peut éviter bien des malentendus. Pour exemple, vous sentez que votre conjoint est préoccupé ou de mauvaise humeur. Mieux vaut reporter le sujet sérieux dont vous vouliez l’entretenir et communiquer sur un registre plus anodin, voire simplement l’assurer de votre présence bienveillante.
L’enfer, c’est pas les autres !
Toujours selon Jacques Salomé, il existe quatre positions relationnelles à conscientiser pour mieux communiquer, chacun à son bout de la relation : demander, donner, recevoir et refuser. C’est-à-dire prendre le risque d’énoncer une demande en sachant que l’interlocuteur a la possibilité de me l’accorder ou de la refuser et donner en acceptant que l’autre reçoive ou non ce qui est proposé. C’est de ces interactions pleinement assumées que peut naître ce que l’auteur de la méthode E. S. P. E. R. E nomme une hygiène relationnelle. De son côté, Chantal Calatayud, dans son ouvrage « Accepter l’autre tel qu’il est », consacre tout un chapitre à démontrer, à l’inverse du célèbre philosophe Jean-Paul Sartre, que L’enfer, c’est pas les autres ! Apprendre à écouter l’autre, écrit-elle, c’est ne pas lui attribuer pulsionnellement d’intention malveillante… Et si communiquer facilement revenait tout simplement à ne plus avoir peur de notre alter ego ? Cette saine attitude, heureusement communicative et bienfaitrice, pourrait contribuer humblement mais efficacement à changer la face du monde…
Jean Gardon
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