Un grand guérisseur français du XIXème siècle, Nizier Anthelme Philippe, plus connu sous le nom de Maître Philippe ou encore Maître Philippe de Lyon, répétait déjà à son époque que " le découragement est un faux-pas ". Et il conseillait : " Ne le laissez pas devenir une chute "... Les décennies qui ont suivi n'ont pas réglé ce problème. Les générations actuelles en souffrent toujours autant car le découragement est lié à une notion de temps.
Effectivement, nous avons la capacité de supporter un chagrin, une angoisse, une perte d'emploi, une maladie, un désaccord familial, une peine de cœur, une trahison, une douleur physique, un manque d'argent mais à condition que ça ne dure pas trop longtemps... Toutefois, les planètes de notre Ciel peuvent ne pas être pressées ! Et contre elles, nous ne pouvons rien. Pourtant, le découragement nous pousse à renoncer, même parfois bien près du but, avec - pour tout horizon - un moral de plus en plus en berne. La démoralisation entraîne, de surcroît, une perte d'énergie qui nous enfonce chaque jour davantage.
Réagir à cet état dépressif le plus tôt possible est donc une nécessité. Pour parvenir à sortir de cet enfer, il est indispensable de prendre conscience que le corollaire inversé du temps est l'espace. Aussi faut-il investir l'espace de vie autrement. D'ailleurs, c'est un proverbe japonais qui rappelle que " l'espace d'une vie est le même, qu'on le passe en chantant ou en pleurant ". Et pour ne plus pleurer, c'est-à-dire pour fiche dehors le découragement, il faut se délester.
Les personnes qui ne croulent pas sous l'abattement sont celles qui savent alléger régulièrement leur existence en ne ployant plus sous des fardeaux psychologiques inutiles. Pensons ainsi à la façon dont nous devenons si agressifs quand nous trouvons que nous sommes trop nombreux dans un lieu restreint. Cette simple réflexion nous donne déjà un aperçu de cette obligation que nous avons de nous alléger dans notre périmètre... psychique ! Imaginons à ce sujet les pensées toxiques, parasites et virtuelles qui encombrent notre esprit et qui renforcent notre découragement : elles sont toutes liées, sans exception, au fait de fabriquer des scénarios catastrophes à venir, qui ne verront a priori jamais le jour, mais qui raptent nos forces vitales. Mettre le découragement dehors demande à arrêter immédiatement ces projections concernant un futur incertain. " Quand on cède à la peur du mal ", disait Beaumarchais, " on ressent déjà le mal de la peur ". Vue sous cet angle, l'imagination démoniaque est réellement notre seule grande ennemie.
Lucile Biraud