Si l’angoisse est un malaise intérieur sans objet définissable et la peur une émotion liée directement à une cause extérieure, l’anxiété renverrait à la fois à l’angoisse et à la peur. Ainsi, la séparation primordiale d’avec le sein de la mère peut être réactivée par une situation objective : une séparation, un deuil ou toute autre situation pouvant être vécue comme traumatisante.
Comment à partir de là ne plus souffrir de manière invalidante de ces changements d’état pourtant incontournables et nécessaires à notre évolution ?
Toute notre vie, nous avons à faire l’expérience de la séparation qui, en fait, n’en n’est pas une. Lors de la conception embryonnaire, la première division cellulaire a donné naissance à deux cellules identiques. C’est bien que rien n’a été perdu dans la séparation. On peut avoir un sentiment de manque mais celui-ci s’étaye sur une illusion de perte. Accepter que notre existence est liée à la bonne gestion de ces pseudo pertes, c’est être centré sur le positif. Si nous envisagions le processus séparatif sous l’angle de la vie, l’anxiété n’aurait plus de raison d’être. À l’inverse, nous imaginons que si nous perdions notre travail, notre conjoint, notre enfant, notre monde s’écroulerait. Aussi, nous nous accrochons fébrilement, quitte à faire des compromis discutables sur notre lieu de travail, des scènes de jalousie à l’être qui partage notre vie, à étouffer nos chérubins sous des prétextes fallacieux. La séparation est évolutive parce qu’elle est à envisager en terme de liberté et d’autonomie. À quoi cela sert-il de rester fonctionnaire si le seul intérêt que l’on y trouve est la sécurité de l’emploi ? À quoi cela sert-il de rester marié si le conflit est notre lot quotidien ? À quoi cela sert-il de refuser une sortie en ville à notre ado, sans justification autre que notre anxiété ?
Sans faire l’apologie de la séparation à tout va, ce qui équivaudrait pour le coup à des ruptures névrotiques, pensons à tout ce que nous pourrions vivre si nous quittions un travail qui ne nous épanouit pas, si nous ne passions plus des heures à fantasmer que l’autre nous trompe, si nous arrêtions de ruminer tout ce qui pourrait arriver de négatif à notre enfant chéri…
Multiplier les opportunités
Rosette Poletti et Barbara Dobbs écrivent dans leur ouvrage « Lâcher prise », publié aux Éditions Jouvence : À force d’être totalement préoccupé par ce qui est à l’extérieur de nous, nous perdons contact avec ce que nous vivons à l’intérieur de nous-mêmes : nos pensées, nos émotions, nos décisions, nos choix, nos expériences, nos désirs, nos intuitions et nos aspirations. En un mot, notre être véritable. Que de chantages affectifs font que nous ne nous autorisons pas, par culpabilité interposée, à agir de juste manière. À trop solliciter notre complexe du sauveur, nous prenons le risque d’en oublier de nous sauver nous-mêmes. Et, pour le coup, de n’être plus disponibles au moment où l’autre aura réellement besoin de nous. Pour exemple Nathalie, sans emploi, se plaint régulièrement de ses difficultés financières à son ex-époux dont elle s’est séparée pour quelqu’un d’autre (avec qui ça n’a pas marché). Jacques, qui n’a pas encore fait le deuil de la première séparation, joue les bons samaritains pendant quelque temps jusqu’au jour où il réalise qu’il se met en danger et ne règle pas les problèmes de Nathalie. C’est au moment où enfin il lâche prise et décide de s’occuper de lui, qu’il réalise que son travail ne lui convient pas. À partir de là, de réelles opportunités se mettent enfin en place. La séparation, si elle est anxiogène, permet aussi d’aller de l’avant.
La bonne attitude
Inconsciemment, céder à l’anxiété de séparation, c’est rester fixé à un traumatisme que pourtant nous avons dépassé. Sinon, nous ne serions pas là ! Faire confiance à la vie, c’est faire confiance aux ressources insoupçonnées qui œuvrent en nous. Qui n’avance pas recule dit le proverbe. Il y a toujours, lorsque l’on a réellement accepté la possibilité de la séparation, quelque chose ou quelqu’un qui vient à notre rencontre. Lorsqu’on réalise que la profession que l’on exerce n’est pas faite pour nous, comme par hasard, une opportunité se présente qui confirme ce sentiment. Lorsque l’on fait réellement le deuil de notre conjoint, la nature n’aimant pas le vide, une rencontre se met en place. Un (une) de perdu(e), dix de retrouvé(e)s, un autre proverbe qui se réalise toujours. Lorsqu’on lâche son enfant, on sera surpris de la communication qui se mettra en place. Que de choses aura-t-il besoin de partager avec vous qui avez fait avant lui les expériences de vie. Vous pourrez enfin transmettre et arrêter de vouloir dresser. La séparation permet en fait la multiplication…
Claire Ferlat
Pourquoi ils s’habillent en XXL…
Ce sont statistiquement les ados qui fonctionnent ainsi. Mais, à chaque âge, beaucoup d’entre nous éprouvent le besoin de nager dans les vêtements. Pour Yvon Garibaldi, psychothérapeute canadien, il s’agit de retrouver l’état béni intra-utérin. C’est-à-dire lors de passages de l’existence ressentis comme particulièrement difficiles. Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : au large dans nos tenues, on a une véritable impression de liberté et donc de force. Alors, finalement, pourquoi s’en priver et s’en inquiéter si ça convient ?