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Le développement personnel
dans Signes & sens
Être en empathie
dans son couple
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Le terme " Empathie " est défini dans le dictionnaire comme étant la faculté de se mettre à la place de son interlocuteur, ce qui peut laisser dubitatif quant à la possibilité de parvenir à cette posture... Toutefois, pas de panique dans la mesure où une communication authentique reste tout à fait accessible, a fortiori dans son couple...
La bienveillance à l'égard de son partenaire a ses codes. Ainsi en sont exclues la séduction stratège et les projections avec leur lot de reproches ! Il s'agit plus raisonnablement de développer les qualités d'écoute indispensables au déroulement harmonieux de l'union amoureuse.
Les pièges de l'abandonnisme
Pour ne pas entacher la qualité d'une relation sentimentale, le mauvais doute - inhérent à une angoisse d'abandon - doit être banni.
. Marie-Élise, 39 ans, confie que si elle est toujours célibataire sans enfant à son âge, c'est en raison de scènes de jalousie injustifiées qu'elle faisait systématiquement à ses partenaires : " Je les épiais carrément ! ", dit-elle en baissant la tête, la voix pleine d'amertume.
La psychanalyste Chantal Calatayud signale cependant que tous les individus n'ont pas fatalement le désir d'aller revisiter leur enfance pour régler ce problème majeur. Elle préconise par conséquent de mettre l'accent sur la notion de culpabilité imbriquée aux interdits sur le plaisir : " Tout jaloux maladif, après avoir traqué son objet d'amour jusqu'à générer un conflit insupportable, entre ensuite dans une phase d'abattement. De fait, le moyen efficace pour combattre cette attitude pathologique consiste à s'interroger sur les conditions récurrentes de cet autosabotage. "... Cette centration permet de réaliser, comme le précise de son côté le psychothérapeute Thierry Tournebise, auteur de " L'art d'être communiquant ", publié aux Éditions Dangles, que " pour être deux, il faut arrêter de ne faire qu'un " ! Cette prise de conscience ouvre sur la nécessité absolue de prendre en compte les désirs de l'élu(e) de son cœur.
. Simon, 47 ans, souffre encore de son divorce qui remonte pourtant à il y a 10 ans. " Mes deux meilleurs copains de collège passaient avant ma femme, même si aujourd'hui ça me paraît impensable. J'avais l'impression qu'en cas de difficulté, je ne pouvais compter que sur eux. Aussi, dès qu'ils m'appelaient pour leur donner un coup de main ou faire une pétanque le week-end par exemple, je lâchais tout et j'accourais, jusqu'à en oublier que j'avais promis de longue date à ma femme une sortie ! Vis-à-vis d'eux, j'étais devenu corvéable à merci. Mon épouse m'avait prévenu de nombreuses fois qu'elle finirait par me quitter si je ne changeais pas. C'est ahurissant mais je ne l'entendais pas. Ma sécurité imaginaire, c'était mes potes ! Un jour, elle a demandé le divorce. Je croyais qu'elle reviendrait sur sa décision mais, tout de suite après notre séparation, elle a rencontré un homme genre casanier avec lequel elle a refait sa vie. Du gâchis, et j'en suis responsable... ".
Le psychanalyste Gilbert Roux explique qu'il est correct de parler d'empathie lorsque " la relation s'établit et se pérennise à la faveur du donner/recevoir, cette sorte de transmission d'âme à âme où l'amour est toujours au rendez-vous. "... Il rajoute qu'il faut en outre accorder " un espace d'expression suffisant à son partenaire pour qu'il puisse exister et s'épanouir "...
Des échanges équitables
Une présence sans ingérence s'impose comme la promesse d'un solide ancrage pour une union durable. Thierry Tournebise parle d'une " ouverture sans vulnérabilité, d'une proximité sans fusion, d'une sensibilité sans affectivité ". Autrement formulé, la conjugalité est le lieu idéal pour évoluer vers davantage de compréhension de soi et de son alter ego...
. Ludivine, 50 ans, assure qu'il lui a fallu bien des déceptions sentimentales et une longue psychanalyse pour en finir avec le " Je t'aime, moi non plus " et parvenir à s'inscrire dans un " Je t'aime comme moi-même ". Il est d'ailleurs fréquent de constater que certaines personnes s'arrangent inconsciemment pour que leur couple dysfonctionne. Ludivine le confirme : " Je ne peux pas avoir d'enfant depuis une IVG tardive qui s'est très mal passée. Comme je n'arrivais pas à faire le deuil de mon utérus, j'attirais des hommes séparés mais pères de famille, de préférence très responsables dans leur fonction paternelle. Rapidement, je ne le supportais pas et je leur reprochais de n'avoir d'amour que pour leurs héritiers. J'en étais arrivée à être totalement hystérique, à faire de véritables caprices de gamine, jusqu'à me rouler par terre ! Il est sûr qu'aucun de mes amoureux n'a résisté à cette pression. Jusqu'à ma cure analytique qui m'a sortie d'une confusion dommageable... ".
Si les premières années de vie joue un rôle dévastateur quand il y a eu une forte mésestime de soi liée à une maman dépressive ou à des parents trop régulièrement indisponibles et ce, qu'elle qu'en soit la raison (fratrie importante, horaires de travail compliqués, voire surchargés, un frère ou une sœur handicapé(e) ou malade, soucis matériels, trahison de couple, disputes parentales violentes, etc), ces souvenirs négatifs enfouis se réactualisent et se cristallisent progressivement sur l'être aimé. " Établir un rapport entre ces émotions présentes perturbantes et celles du passé permet ", selon le docteur Laurence Pescay, médecin psychanalyste, " de les dédramatiser car l'ancien enfant victime ayant atteint un âge adulte peut identifier et authentifier que sa situation affective appartient désormais à un autre registre dans lequel il a les moyens de se protéger, pouvant communiquer dès lors librement et sans anxiété, sans crainte d'entraîner les foudres "... Dans ces conditions, le désarroi disparaît peu à peu et l'empathie dans le couple devient sa valeur sûre pour marcher côte à côte sereinement...
Bertrand Peytier
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