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Le développement personnel
dans Signes & sens
Une grossesse à 40 ans ! Une réalité pour certaines, un projet en devenir pour d’autres, ou une pure folie ? Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse ou non d’un phénomène de société, le nombre de grossesses à 40 ans a considérablement augmenté ces dernières années, favorisé en cela par les progrès médicaux réalisés dans ce domaine.
Selon les données de l’INSEE, l’âge moyen à l’accouchement continue sa progression. Pour la première fois en France, il atteint la barre symbolique des 30 ans. Les femmes sont deux fois plus nombreuses qu’il y a vingt ans à accoucher après 40 ans, même si ce phénomène reste encore assez peu répandu. Avec l’allongement de l’espérance de vie, 84 ans pour les femmes (et 78 pour les hommes), s’engager dans une grossesse tardive devient envisageable. Pour certaines, conscientes de leur horloge biologique, 40 ans s’inscrit comme un espace-temps propice pour devenir mère (à nouveau).
Une fertilité diminuée ?
Comme nous le rappellent le Professeur René Frydman et le Professeur Philippe Bouchard dans leur livre « La chimie féminine », publié aux Éditions Odile Jacob, à la naissance, si les ovaires contiennent 1 à 2 millions d’ovocytes, à la puberté il n’en reste que 500 000 et 400 à 500 seulement seront ovulés au cours de la vie génitale, à raison de un par cycle de 13 à 52 ans en moyenne. Inexorablement la fertilité diminue avec l’âge, à partir de 38 ans et tout spécialement après 40 ans. Implacables, les statistiques parlent. Ainsi, toujours selon l’INSEE, le taux de fécondité est-il de 13,3 % pour la tranche de 30-34 ans, de 6,4 % de 35-39 ans et de 0,7 % à 40 ans et plus. Force est donc de constater que le chemin à parcourir entre un désir de grossesse et le fait de la mener à terme s’inscrit dans une trajectoire de vie propre à chacune : se retrouver enceinte de façon naturelle ou par FIV pour les unes, l’impossibilité de mettre en acte ce projet pour d’autres. Une réalité plus fréquente chez les « quadra » mais d’actualité également pour de plus jeunes.
Un suivi médical régulier
Si les progrès de la médecine sont considérables dans le domaine de l’obstétrique, la prise en charge d’une grossesse tardive présente nécessairement quelques différences avec celle d’une femme jeune. Il est en effet important de tenir compte du nombre d’enfants déjà présents dans le foyer, de l’activité professionnelle de la mère et d’évaluer la pénibilité de ses déplacements quotidiens, comme accompagner les enfants à l’école ou se rendre au travail. Il lui faudra nécessairement ralentir et adapter son rythme de vie au fur et à mesure de ses semaines de grossesse et apprendre à gérer sa fatigue. Qu’il s’agisse d’une primipare ou d’une femme ayant déjà eu des enfants, une grossesse tardive justifie toujours une surveillance médicale renforcée, les complications possibles devenant plus fréquentes avec l’âge. Ainsi, une consultation avec un gynécologue-obstétricien, le plus précocement possible dès l’annonce de la fécondation, est-elle tout spécialement conseillée. Avec une attention particulière portée au dépistage de certains facteurs de risques : hypertension artérielle génératrice de pré-éclampsie, diabète gestationnel dont le nombre augmente après 40 ans, recherche de fibromes utérins. Le risque de fausse couche plus important avec l’âge nécessite des plages de repos régulières. Les probabilités d’anomalies génétiques, et notamment de trisomie 21, se majorent considérablement aussi avec un risque de 1/100 à 40 ans. Les mêmes méthodes de dépistage de la trisomie 21 par la mesure de la clarté nucale et le test sanguin seront effectués, complétés si nécessaire par une amniocentèse. Bien que proposé, cet examen est parfois refusé par certaines femmes en raison de ses risques, en particulier celui de fausses couches qui lui sont inhérentes. Enfin, lors de l’accouchement, un nombre plus élevé de césariennes est habituel.
Devenir mère à 40 ans
Qu’en est-il de ces nouvelles mères à 40 ans ? Effet de mode ou changement de société, l’âge semble de moins en moins être un tabou en matière de maternité. La grossesse est désormais valorisée et montrée au grand jour. Qu’il s’agisse d’un échec de contraception ou d’une volonté exprimée d’avoir un enfant, les raisons de ces grossesses tardives n’en sont pas moins multifactorielles. Si certaines femmes ont opté pour sécuriser leur carrière professionnelle avant tout et se réveillent quelque peu tardivement, d’autres ont refait leur vie et souhaitent inscrire un enfant dans ce nouveau couple, sur le modèle des familles recomposées. Pour certaines nullipares dont la rencontre avec leur partenaire est parfois récente, cette maternité tardive représente une chance inespérée d’avoir enfin un bébé. C’est parfois également l’envie d’un petit dernier avant qu’il ne soit trop tard ou lorsque les enfants de la fratrie commencent à quitter le nid. Ou encore se sentir suffisamment mature pour envisager une maternité... Au-delà de toute rationalisation, le désir inconscient d’enfant prévaut et le bonheur d’être mère l’emporte souvent sur toutes les mises en garde. La naissance d’un petit d’Homme reste avant tout un moment unique et sa venue au monde, synonyme de pulsion de vie.
Docteur Laurence Pescay
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