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Le développement personnel
dans Signes & sens
Faire de toute crise
un tremplin de réussite
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Lorsque survient une difficulté existentielle (chômage, mésentente de couple, divorce, maladie, deuil), la nécessité de trouver des solutions crée toujours une dynamique salvatrice. Il s’agit alors de réorganiser une énergie toujours disponible afin de faire de la crise un tremplin pour aller plus loin…
Dans l’inconscient de tout être humain est inscrite une première grande crise incontournable, celle qui a obligé le petit d’Homme à quitter définitivement le nid douillet de l’utérus de sa génitrice pour venir au monde et grandir. Animé par les pulsions de vie, le psychisme met heureusement à disposition des ressources insoupçonnables, quel que soit l’obstacle à franchir.
Une prise de conscience
René Kaës, professeur de psychologie et de psychopathologie clinique à l’Université Lumière Lyon 2, écrit dans « Crises, rupture et dépassement » : La crise et ses élaborations permanentes sont des acquisitions spécifiques de la psyché humaine… Autrement dit, pas d’évolution sans crise ! Cette première prise de conscience à adopter présente l’avantage de dédramatiser toute situation délicate. La vie psychique est faite de telle façon que sa maturité se renforce chaque fois qu’un problème a été résolu. On retrouve cette même philosophie chez Friedrich Nietzche, lui qui assurait que ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort. Dès lors, la saine attitude à intégrer dans les moments douloureux de l’existence consiste à se dire : Cette difficulté m’est donnée à vivre pour que je grandisse… Il s’agit d’un concept de sublimation pour Sigmund Freud, de résilience pour Boris Cyrulnik, dont il dit que c’est l’art de naviguer dans les torrents…
La progression en perspective
De même que la crise de l’adolescence est une période de transition nécessaire pour devenir adulte, tout bouleversement existentiel préfigure un changement bénéfique parce qu’évolutif. À condition toutefois d’effectuer un lâcher-prise, c’est-à-dire ne plus s’épuiser à vouloir à tout prix lutter à contre-courant, mais accepter la réalité telle qu’elle se présente. Les membres d’un couple en crise par exemple, quelle qu’en soit l’issue future (séparation ou réconciliation), font en fait une expérience enrichissante. Ils comprennent – certes avec plus ou moins de souffrance et de révolte – que le partenaire ne comblera jamais tous les manques. À ce stade de compréhension, un bon narcissisme, fait de justes décisions, peut se mettre en place : poursuivre le chemin ensemble ou choisir le divorce, l’essentiel consistant à ne pas régresser à un état antérieur qui n’est visiblement plus d’actualité. C’est encore Boris Cyrulnik qui rappelle que l’évolution ne connaît pas la marche arrière.
Stop à l’échec !
Le physicien Albert Einstein (1879-1955) disait avec humour et un sens pratique à toute épreuve : La vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre… On pourrait ajouter que mieux vaut regarder la route et éviter de se retourner ! Le mythe de la statue de sel de la Bible enseigne aussi cette sagesse vérifiable à tout point de vue. Souvenons-nous que, selon la théorie psychanalytique, les crises non résolues fabriquent de l’impuissance. Ce qui attire la libido sur la voie de la régression, écrit Freud dans « Introduction à la psychanalyse », ce sont les fixations qu’elle a laissées à ces stades de son développement. La méthode freudienne revisite d’ailleurs le passé pour permettre à l’analysant de s’en détacher et d’en finir avec l’échec.
Nicolas Marty
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