Une rupture affective, pour qu’elle soit vécue sur un mode évolutif, nécessite d’être capable de pouvoir tourner une page complètement. Facile à dire mais pas toujours évident. Tout dépend de l’histoire de chacun, des blessures conscientes et inconscientes du passé. Pour la psychanalyse, toute séparation douloureuse renvoie à un traumatisme originel, celui de la naissance, avec cette nécessité d’accepter de « mourir » à un certain état pour naître à nouveau…
On peut véritablement parler ici de réaliser un « deuil amoureux ». Même s’il n’y a pas eu mort d’homme, le processus psychologique qui fait suite à une séparation s’apparente à la notion de perte et de manque. Il y va d’ailleurs d’une confusion dans le psychisme, l’absence du partenaire étant vécue comme si le sujet perdait une partie de lui-même (lui m’aime !).
Les étapes du deuil amoureux
Le psychothérapeute François Paul-Cavalier, dans son enregistrement audio « Deuil et séparation », fait état de plusieurs étapes du deuil, étapes retrouvées lors d’une rupture amoureuse. Parvenir à les identifier aide à mieux se comprendre et à stimuler le principe de guérison inhérent à chacun d’entre nous. Lorsqu’une fixation intervient sur une durée insupportable à l’un des 4 premiers stades, une consultation chez un professionnel reste cependant souhaitable :
- 1) Le déni : il s’agit du passage où l’un des partenaires verbalise sa volonté de se séparer. Le choc émotionnel peut être tel qu’il soit impossible d’envisager la réalité, comme pour anesthésier une douleur trop importante.
- 2) La colère : cette phase est normale et ne doit pas être refoulée, mais il ne faut pas s’en arrêter-là. Elle renvoie à un affect d’abandon, d’exclusion, de trahison, réveillant inconsciemment ce que le petit d’Homme a vécu enfant, en lien avec ses premiers objets d’amour que sont ses parents ou ses substituts.
- 3) Le marchandage : étape intermédiaire du deuil, elle mobilise un sentiment de culpabilité, le sujet cherchant à se racheter en essayant de mettre en place des compromis acceptables pour les deux protagonistes.
- 4) La tristesse : avec le temps et l’absence, les espoirs de retour en arrière s’étiolent. La nostalgie prend quelque peu le dessus mais la réalité est incontournable.
- 5) L’acceptation : c’est le moment béni du lâcher-prise. Les réservoirs énergétiques se rechargent peu à peu.
Un processus de désidéalisation
Une astuce intéressante pour accélérer le processus de désidéalisation de la relation et de l’ex-partenaire consiste à lister ses points négatifs. Une liste à relire souvent, sans pour autant éprouver et nourrir de la rancune. Il est question simplement de conscientiser, de manière détachée, le fait que votre ex n’était pas fait(e) pour vous. Autre conseil, rassemblez lettres, photos, cadeaux, dans un endroit symbolique (cave, placard) hors de votre vue au quotidien. Osez ensuite réorganiser votre lieu de vie si votre conjoint est parti. Changez les meubles de place, redécorez l’espace à votre manière. Introduisez du changement dans votre agenda en vous investissant dans de nouvelles activités. Evitez le piège du repli sur soi. Et n’oubliez jamais l’adage souvent vérifié : « Un de perdu, dix de retrouvés ! ». Ne serait-ce que par votre temps libéré et votre désengagement, une belle vacuité s’installe, et pas seulement sur le plan affectif. C’est peut-être le moment de ré-envisager votre vie sociale et professionnelle. Annie, divorcée à 44 ans, après avoir traversé les étapes du deuil, « remercie » son ex de l’avoir trahie : J’étais infirmière lorsque mon mari médecin m’a quittée pour une jeune psychiatre. Je me suis autorisée à suivre une formation de sophrologue, discipline qu’il ne m’avait jamais encouragée à apprendre. Aujourd’hui, je suis devenue sophrologue. Ce n’est pas un diplôme d’État mais c’est un véritable bonheur de rencontrer psychologiquement mes patients. Je ne me sens pas prête à revivre en couple mais ce qui est sûr, c’est que je ne souffre pas de ma vie de célibataire et que je n’éprouve aucun manque invalidant…
Jeanne Berthalot