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Le développement personnel
dans Signes & sens
Je bosse tout le temps
et ça me plaît !
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Être heureux au travail, une utopie ? Pas du tout ! Ils sont d’ailleurs nombreux ceux qui ont compris que la civilisation des loisirs ne résoudrait pas leur aspiration au bonheur. Pourtant, il n’est pas question ici d’une fuite effrénée vers un activisme peu efficace, mais plutôt de développer chaque jour davantage ses talents…
Les personnes qui travaillent beaucoup plus que la moyenne évoquent souvent la notion de passion ou d’ambition. Elles disent être portées par une force qui leur fait oublier de compter leurs heures. Zoom sur ces comportements décidément résolus…
L’adéquation avec soi
Le coach Philippe Laurent, auteur de « Le bonheur au travail », publié aux Éditions du Siècle, explique que l’Homme passionné par son travail fait ce pourquoi il est fait sans avoir le sentiment de travailler. Il a trouvé sa voie… À l’inverse, celui qui travaille sans passion, écrit-il, accomplit son labeur par volonté et devoir, alors que le passionné oublie qu’il doit travailler. L’exercice de son activité l’attire comme la pratique d’un jeu, où le plaisir allège le poids des contraintes et arrête le défilement du temps. Libre et hors du temps, il mène sa passion à l’écart des autres, non par mépris mais par la force des choses… Qu’il soit manuel, intellectuel, relationnel ou artistique, un travail est passionnant lorsqu’il est en adéquation avec ses désirs. Philippe Laurent ne fait toutefois pas de la passion une nécessité absolue. La passion est un plus évident, écrit-il, qui n’est ni nécessaire ni suffisant pour être heureux dans son travail. Elle s’exerce d’ailleurs souvent en dehors du travail et quand elle devient travail, les impératifs économiques rendent son exercice plus contraignant…
Les tentations
L’ambition est généralement connotée de négatif. L’image véhiculée à tort, et en particulier en France, reste celle de la femme ou de l’homme aux dents qui rayent le parquet, prêt(e) à tout pour réussir. Il s’agit-là d’une caricature. En réalité, user d’une ambition saine consiste à se prendre en charge sans attendre passivement que les autres fassent à notre place. Philippe Laurent explique cette particularité : La véritable ambition n’est pas volonté de puissance, mais de réalisation de soi. Elle n’est pas velléité, mais moteur pour avancer en se dépassant. L’ambitieux ne se laisse pas vivre ou pousser par les événements extérieurs, mais se projette lui-même à moyen et long terme, prenant en main sa vie de manière responsable, dynamique et optimiste… Travailler beaucoup et aimer son job ne peut pas faire l’impasse d’une motivation liée à un bel objectif à atteindre. Même l’Évangile encourage une attitude « guerrière » pour atteindre des sommets : Le Royaume des cieux est pris par violence et ce sont les violents qui s’en emparent (Matthieu XI-12). Il est évident que cette violence n’est pas dirigée contre quelqu’un ou quelque chose mais contre ses propres démons que représentent les tentations à la paresse et à la stagnation…
La satisfaction
Un profond désir de repousser ses limites représente également le propre pour quiconque ne rechigne pas à la besogne. Il est question d’aller toujours plus loin que ce qui semble raisonnablement possible. Labor omnia vincit improbus, chante le poète latin Virgile : Un travail acharné vient à bout de tout ! D’aucuns pourront toujours opposer le fait qu’il peut s’agir d’un refuge. N’empêche qu’une internaute participant à un forum sur la question écrit : C’est peut-être une fuite devant la souffrance mais c’est une fuite salvatrice à mon sens. Après, on a le choix : contempler sa souffrance et s’en complaire, allongé dans son lit de déprime ou continuer à rêver et travailler dur afin de les réaliser…
Nadine Vernet
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