Il est des conventions sociales qui ne sont pas automatiquement en adéquation avec un véritable désir. C’est le cas de certaines personnes qui ne souhaitent plus fêter leur anniversaire pour des raisons légitimes pour elles.
Christophe Helon, auteur de « Petite psychologie de l’anniversaire », rappelle que ce rituel n’est devenu une pratique répandue qu’à partir du XXème siècle pour les enfants et seulement depuis les années 1970 pour les adultes. Cette mode s’explique par un désir de valoriser l’individu mais aussi à cause d’un déclin des rites de passage. Par ailleurs, le développement de la société de consommation n’y est pas étranger, ainsi que l’allongement de la durée de la vie. À noter que le christianisme a longtemps considéré cette fête comme relevant du péché d’orgueil. Cette limite justifie peut-être que l’organisation des Témoins de Jéhovah l’interdise encore de nos jours à ses adeptes. Mais, indépendamment de concepts religieux, quelles raisons peuvent motiver quelqu’un à refuser de fêter son anniversaire ?
Une obligation
Jean-Yves, 35 ans, confie que pour lui cet événement restait souvent teinté de gêne. Je ne trouve pas utile, souligne-t-il, d’organiser une fête en mon honneur, où les gens se croient obligés d’acheter un cadeau. Je n’aimais plus cette surenchère qui avait parfois lieu et je me suis toujours senti mal à l’aise. Aussi, j’ai décidé de ne plus m’imposer et de ne plus imposer à autrui cette situation. Libre à chacun de symboliser ou pas l’événement comme il l’entend. Il s’agit d’un positionnement personnel et je n’ai nul besoin de ce type de cérémonie pour apprécier les gens que j’aime…
Une date symbolique
Pour Jeanne, 50 ans, plus question de festoyer le jour de son anniversaire. Ce jour, raconte-t-elle, correspond depuis 3 ans à l’accident de voiture de mon filleul dans lequel il a perdu la vie. Je n’ai donc plus le cœur à rire à ma date d’anniversaire. Non pas que je veuille entretenir un état morbide mais je sais que mon sourire ne serait que façade et j’ai horreur de l’hypocrisie. Aussi, je préfère m’abstenir, d’autant qu’il n’y a aucune obligation sociale à se réjouir ce jour-là particulièrement. C’est pour moi une simple forme de respect pour sa mémoire et aucunement un acte autopunitif…
Une libération
Henriette, 65 ans, considère que le jour de sa naissance est un jour comme un autre : Il y a des années que je ne désire plus fêter ma naissance en grandes pompes. Non par fausse humilité car ce n’est pas mon caractère, mais je préfère recevoir quelques gentils coups de téléphone plutôt que de mobiliser, comme par le passé, tous mes enfants (j’en ai 5) et mes petits-enfants un 27 juillet, date à laquelle certains se sentaient obligés d’interrompre prématurément leurs vacances pour me faire plaisir, alors que je culpabilisais. Une situation ubuesque que je ne veux plus vivre. Et je réalise que tout le monde y trouve son compte, y compris moi qui vivais cet évènement récurrent presque comme une corvée…
Violette Garcin