Et si nous n’attendions pas le 24 décembre au soir pour imaginer que chaque nuit nous prépare un lendemain de fête? Noël, par son message d’amour et d’espérance, ses villes illuminées à travers le monde, ses échanges de cadeaux, manifeste de façon symbolique quelque chose qui est de l’ordre du don et universel en son principe. Alors, pourquoi ne pas miser toute l’année sur ce qu’il y a de plus beau en chacun de nous ?
La joie ne se commande pas, elle s’expérimente. Pourtant, cela nécessite un certain point de vue qui, si nous l’adoptons quotidiennement, peut ouvrir la porte à un état qui nous est certainement naturel… Pour peu que nous y croyions !
L’espérance
Lors d’une interview accordée à Signes & sens, l’actrice Nicole Calfan confiait :
Je sais que lorsque je suis très mal, il y a toujours quelque chose qui jaillit au dernier moment… L’espérance est ce sentiment constructif qui fait que l’on ne baisse jamais les bras parce que la vie nous traverse quoi qu’il arrive. La cure psychanalytique est, dans son essence, basée sur ce postulat de départ. Si l’existence peut se révéler parfois être une tragédie, la pulsion de vie est là, toujours disponible, comme pour affirmer que Thanatos n’aura jamais le dernier mot. C’est aussi le message de Noël qui se situe bien au-delà d’une simple croyance religieuse…
Le partage
Nul ne peut être heureux enfermé dans sa coquille. Nous sommes des êtres de relation. Prendre en compte l’autre, par une simple parole d’amitié, une présence discrète mais fidèle, ou même un cadeau inattendu, pour le simple plaisir de voir son interlocuteur heureux, sans qu’il soit automatiquement motivé par un anniversaire ou autre moment symbolique, revient à donner
ce qui déborde de la coupe, comme l’induisent les Écritures. Dans l’année, il y a au minimum 365 occasions de passer à l’acte !
Le Père Noël
À une époque où les « re-pères » sont remis en question, où la morosité semble pointer son visage peu engageant, il est bon de revisiter ces propos du journaliste belge Pierre Béguin
: Les pires victimes de l’éducation sont celles privées de la plus belle grâce accessible spontanément aux enfants et que les adultes regrettent toute leur vie d’avoir perdue : le merveilleux… Le Père Noël ne devrait jamais être une ordure… Se couper en effet de notre capacité à nous émerveiller, c’est s’ôter le goût de vivre. C’est laisser peu à peu du champ à une raison résonante où le sens a laissé place au but. Vouloir tout expliquer est légitime mais c’est sans compter sur l’ineffable. À tout vouloir rationaliser, nous prenons le risque de nous déshumaniser. Combien même le Père Noël n’existerait pas, nous avons tout à gagner à l’inventer tous les jours, ne serait-ce que pour garder au fond de nous notre âme émerveillée d’enfant, source de tous les possibles…
Le cadeau de la vie : la joie
Le docteur Alexander Lowen, psychanalyste, élève de Wilhelm Reich et inventeur dans les années 50 de la bio-énergie, écrit dans son ouvrage « La joie retrouvée », publié chez Dangles :
Quelque part, au fond de chacun de nous, demeure l’enfant qui est innocent et libre et qui sait que le cadeau de la vie c’est la joie. Rejoindre l’enfant en nous ne signifie en aucun cas avoir une attitude infantile. L’attitude consiste plutôt à grandir sans cesse de façon à devenir un être de plaisir responsable. À l’opposé, il n’est qu’à voir la propension qu’ont certaines personnes - bien sous tout rapport - à juger leurs semblables lorsque ceux-ci s’autorisent un joyeux
délire lors d’une réunion festive. Il s’agit-là tout au plus de ce que Reich nomme
cuirasse caractérielle, c’est-à-dire une attitude sclérosée, déplacée, qui refuse l’autre sous prétexte qu’il est joyeux… Or, refuser le cadeau de la vie revient à s’auto-punir. Alors, c’est décidé, mettons des guirlandes dans nos cœurs... toute l’année !
Georges Jonguy
La fête ne doit pas être une obligation
Armand Veilleux, Père abbé de l’Abbaye de Scourmont et conférencier, écrit sur son site* : Au moins dans le sens ordinaire actuel, célébrer veut dire quelque chose hors de l’ordinaire, organiser un événement ou un anniversaire. Or, on ne prend pas ses distances par rapport à la vie, au risque de mourir. On ne peut célébrer la vie qu’en vivant intensément dans chacun de ses moments, à travers chacune de nos activités humaines du corps, du cœur et de l’esprit, les plus ordinaires et les plus nobles… Ces propos venant d’un homme d’Église semblent tordre fort justement le cou à ce devoir de célébration du symbolique. En période de Fêtes, on voit en effet - et c’est un paradoxe plus fréquent qu’on ne le croit - des personnes qui sont mal dans leur peau. Faire ce qui ne se fait pas serait dans de telles circonstances choisir la pulsion de vie. Nous ne sommes aucunement obligés de suivre une coutume, qu’elle soit familiale ou sociétale, qui ne serait pas en adéquation avec notre état d’esprit du moment…
*Pour en savoir plus, consulter :
http://www.scourmont.be/Armand/arm-fra.htm