Depuis que Sigmund Freud a découvert que nombre de somatisations sont la résultante d’une tension psychique, la conception de la maladie a beaucoup évolué. On sait aujourd’hui que le facteur stress joue un rôle important dans son déclenchement. À l’inverse, en chacun réside un principe de guérison capable de faire des miracles. À condition toutefois d’avoir la sagesse d’abandonner une plainte qui ne ferait qu’entretenir le processus morbide…
Dans son ouvrage « Les forces de guérison », publié chez Albin Michel, Anne Devillard relate les propos de François Roustang, spécialiste de l’hypnothérapie : Ce qui guérit, affirme-t-il, c’est l’harmonie avec laquelle on entre en contact avec les conditions et les circonstances de la vie. Autrement dit, une acceptation active – à ne pas confondre avec la résignation –, tout en recourant aux thérapeutiques nécessaires, n’entretient plus de lutte épuisante contre ce qui est. Dès lors, les symptômes peuvent disparaître. Si cependant ils persistent, c’est qu’ils ont des choses à nous dire. Tel est le sens d’un véritable lâcher-prise.
Une prise de conscience salvatrice
Serge Kahili King, chamane dans la tradition Huna d’Hawaii et docteur en psychologie, affirme que nous restons malades si l’avantage de rester malade est plus grand que celui de recouvrir la santé. Il rejoint ainsi les vues de la psychanalyse à propos des bénéfices inconscients d’un état pathologique. Par ailleurs, il précise : Du point de vue hawaiien, le stress est la plus importante source de maladies. C’est donc du côté d’une prise de conscience psychologique qu’il est bon de se diriger pour débloquer la situation. Les peurs, les doutes, l’insatisfaction, constituent autant de freins à la guérison. Il faut abandonner un état d’esprit négatif pour que l’énergie se remette à circuler de façon harmonieuse. La maladie est une énergie statique, explique encore Serge Kahili King, un processus figé qui se prend toujours dans les mêmes filets. Les symptômes essaient de donner au corps un signal. La maladie est donc en soi une tentative de guérison… Autrement formulé, comprendre qu’être malade ne relève pas de la fatalité mais que cet état possède une dimension évolutive constitue déjà un premier pas salvateur.
La thérapie du oui
Je prends tout, tout ce qui est, tout ce qui fait ma vie et je dis oui : c’est la thérapie élémentaire. Ainsi s’exprime François Roustang. Parce que quand on lutte contre – les arts martiaux nous l’apprennent –, on ne fait que renforcer. Quant au médecin homéopathe Georges Vithoulkas, il désidéalise le fantasme d’une santé parfaite. Les problèmes et la souffrance, dit-il, font partie de notre condition humaine. Personne n’a vécu la santé absolue. À partir de ce constat, la plainte perd de sa force et un juste équilibre advient de surcroît. L’harmonie peut alors de nouveau régner entre le corps et l’esprit.
L’autoguérison
Ne plus considérer la maladie comme une souffrance mais comme une chance de grandir encore, tel est le message que désire faire passer le cinéaste allemand Clemens Kuby dans un ouvrage intitulé « La guérison, cette merveille en nous ». À la suite d’un très grave accident et à sa complète remise sur pieds, il explique : La plus grande catastrophe de ma vie est devenue ma plus grande richesse. Pour pouvoir vivre une guérison, poursuit-il, il faut en finir avec son passé et développer une perspective d’avenir à laquelle l’âme trouve goût. Elle n’a plus besoin alors de se manifester de façon véhémente… On aura compris que le lâcher-prise dont il est question pour retrouver sa santé consiste à se détacher d’anciens fonctionnements inadéquats. L’autoguérison passe toujours par un changement de point de vue. Le regard doit se tourner positivement sur le présent et l’avenir. D’ailleurs, l’auteur précise à la journaliste Anne Devillard que c’est la disposition de changer sa conduite de vie qui déclenche le moment de guérison. Dans les 14 pays où j’ai voyagé, conclut-il, j’ai vu, entendu, filmé d’innombrables processus de guérison. Il n’y a pas une seule d’entre elles qui ne soit pas liée à un changement…
Bernard Fermaud