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Le développement personnel
dans Signes & sens
C’est dans l’antique Yi Jing, aussi appelé « Le livre des transformations » et utilisé par certains spécialistes à des fins divinatoires, qu’apparaît pour la première fois, sous forme écrite, le concept de yin et de yang. Les deux courants principaux de la sagesse chinoise que sont le confucianisme humaniste et le taoïsme spirituel se réfèrent à cet ouvrage et à ce symbole si particulier, le « taiji-tu » : il représente « l’œuf cosmique du Yin-Yang » parfois entouré de huit trigrammes. Il s’agit d’un cercle dans lequel s’harmonisent le principe passif yin et le principe actif yang. Pour la philosophie chinoise, toute forme de vie participe de cette interaction…
Un passage du « Tao-tö-king » (livre sacré du Tao) dit : Le Tao donne naissance à l’un, l’un au deux, le deux au trois, le trois à dix mille choses et êtres, les dix mille choses et êtres supportent le yang et embrassent le yin… Autrement formulé, tout émane d’un principe unique, d’un souffle vital, que les Orientaux nomment également Qi. Cette énergie primordiale se manifeste en tant que dualité yin-yang, dualité qui est à considérer, contrairement à la pensée occidentale, en tant que complémentarité.
Un contraste harmonisé
Selon la sagesse issue de la conception du yin-yang, tout dans la nature est en mouvement perpétuel. Le jour (yang) succède à la nuit (yin) mais le jour n’existerait pas sans la nuit et inversement. Ainsi, le principe sombre contient en germe son opposé lumineux. Mao Tsé-Toung lui-même, baignant dans cette culture, écrit que l’échec est souvent l’accoucheur du succès… Nous sommes loin d’un manichéisme où tout serait noir ou blanc. L’énergie yin féminine et l’énergie yang masculine donnent naissance à un troisième élément lorsque l’harmonie est réalisée. Elles sont vouées à être stériles, tant au niveau matériel que spirituel, lorsqu’un déséquilibre s’installe et empêche le flux vital de circuler. Là réside le secret de l’application de cette loi naturelle dans les disciplines qui font appel au yin et au yang.
Les multiples applications du yin-yang
En aïkido, technique japonaise philosophique de self-défense, le principe de cette sagesse est largement appliqué. L’affrontement, paradoxalement, ne s’envisage pas en terme de conflit mais bien de complémentarité de mouvement. Dans « Le guide Marabout de l’aïkido et du kendo », Tony Thielemans en donne un exemple éclairant : Quelqu’un vous saisit par le poignet, il vous sera difficile de vous dégager si votre adversaire est plus fort que vous. Mais si, en même temps (communion d’esprit) que l’adversaire vous saisit (force positive yang), vous reculez ou que vous opérez un pivot du corps (force négative yin), vous vous dégagerez sans difficulté grâce à une technique appropriée, parce que vous utilisez une énergie complémentaire que celle que déploie l’attaquant. On retrouve cette conception dans le judo, le ju-jitsu et beaucoup d’autres arts martiaux. Le Qi Gong, quant à lui, rééquilibre les énergies yin et yang grâce à des mouvements simultanés et lents des bras dans des directions opposées. Lorsque les deux membres supérieurs se croisent, on dit que le Qi est harmonisé. Idem pour le Feng Shui, la MTC (Médecine Traditionnelle Chinoise) et l’acupuncture avec ses méridiens.
Emilie Chambon
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