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Le développement personnel
dans Signes & sens
D’une manière générale, le bonheur s’en va… quand le malheur arrive. Mais quel est-il ce malheur ? Comment le recevons-nous ? Est-il vraiment malheur ou est-ce notre manière de le considérer qui le fait être malheur ? Comment les choses se passent-elles dans notre cerveau et dans nos émotions ? Et à partir de quand peut-on considérer que nous sommes arrivés au stade de la dépression ?
Nous allons répondre à ces questions à la manière des pythagoriciens qui ne voyaient le monde que sous la forme de triangles rectangles. Parfois c’est le vide qui nous submerge, parfois c’est le trop-plein, parfois encore c’est le troisième côté du triangle, la vie qui passe « de travers ».
Le vide, l’absence, l’ennui…
Il y a moins de vie dans notre vie. L’ennui, la sensation de vide et à certains moments même l’absence nous sont intolérables. « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé », disait notre bon Alphonse de Lamartine. On pourrait d’ailleurs le paraphraser en rappelant qu’un seul être vous manque et tout devient surpeuplé tant il est vrai que dans le manque d’un seul être, on ne supporte plus personne. Mais le même contemplatif du lac assurait qu’« un seul désir suffit pour peupler tout un monde ».
Le désir… Voilà ce qui nous manque lorsque le vide s’installe. Le désir de vivre, le désir de l’autre, le désir de soi aussi et peut-être surtout d’être soi et d’être « à soi ». Un seul être nous manque… parce que la vie l’a quitté et c’est l’atroce absence qui nous taraude jour après jour et bien souvent nuit après nuit. Tous les êtres nous manquent et la solitude injuste, toujours injuste, est insupportable. L’isolement nous isole et c’est le cercle vicieux du retrait et du repli. Un sentiment de vide profond nous submerge et aucun désir, aucun projet ne trouve grâce à nos yeux noyés de gris.
L’envahissement et le surmenage
À l’opposé du vide, il y a le trop-plein des débordements. Au premier rang se trouvent le temps et sa gestion si délicate. Les plannings surchargés sont devenus le lot quotidien d’un bon nombre de femmes et d’hommes. Dans ce temps qui nous est imparti, il faut en faire toujours plus. La place pour souffler, respirer, se recentrer n’existe guère. Pour les femmes, c’est encore pire puisque le partage des tâches n’est pas encore, loin s’en faut, totalement rentré dans les mœurs. À un travail de plus en plus prenant il faut ajouter l’éducation des enfants et les contraintes ménagères. Au deuxième rang, juste après le temps, il y a l’espace. Tout être humain a besoin pour son équilibre de maintenir un juste équilibre entre abandon et envahissement. Seul, trop seul, ce n’est pas bien, mais pas assez seul, sans aucune intimité, ce n’est pas bien non plus. Les transports en commun et les conditions de travail en open space tendent à accroître cette sensation d’être perpétuellement envahi. Dans certains cas, les conditions familiales difficiles de logement augmentent encore ce confinement. C’est l’aïeule que l’on recueille sous son toit et qui met sans le vouloir le couple en péril. C’est la surface habitée qui, marché de l’immobilier oblige, est trop restreinte…
Le trop-plein de contraintes
Après l’envahissement du temps et de l’espace, arrivent au troisième rang les doubles contraintes qui envahissent notre cerveau et nous empêchent de faire les choix nécessaires. Les doubles contraintes correspondent à ces situations où nous devons choisir entre deux solutions qui ne nous donnent satisfaction ni l’une ni l’autre : Si je garde mon boulot, je fais trois heures de transport et je ne vois plus ma famille, mais si je perds mon boulot je ne paie plus les traites de la maison et je mets ma famille en danger. Si je ralentis, je risque de ne plus paraître performant aux yeux de mes supérieurs et de ne pas accéder à ce nouveau poste, mais si je fonce, je m’aperçois bien que je serai épuisé et inefficace et que je risque aussi de déplaire à mes supérieurs. J’ai faux dans les deux cas et je rumine. Mon cerveau tourne en boucle, se fatigue et je n’avance pas. Cet envahissement par la rumination est au moins aussi néfaste que l’envahissement de l’espace et du temps. Alors il y a l’alerte rouge : très vite l’épuisement menace. Un petit grain de sable, un petit tracas de rien du tout vient se surajouter et tout déborde. C’est le « burn out ». Plus rien n’est clair et nous ne savons plus ce qui est bon ou mauvais pour nous. Surtout, nous nous mettons sur le dos des obligations irréalisables qui aggravent notre planning et notre équilibre.
Injustice, trahison et harcèlement
C’est le troisième côté du triangle. La diagonale des situations où nous ne sommes ni dans le vide ni dans le trop-plein mais où quelque chose de très important est passé « de travers », en vrille… Sur le plan professionnel, c’est le harcèlement moral ou le harcèlement sexuel avec toute son horreur et sa perversité. Sur le plan personnel, c’est la grosse trahison amicale ou familiale. Ce peut être aussi la trahison dans le couple bien sûr et toute la confiance s’écroule. Mais, parfois, c’est le traumatisme psychologique de l’injustice qui fait irruption dans l’existence. Ces évènements sont alors vécus comme des viols. Bien sûr il y a le viol physique, crime odieux, mais aussi les viols symboliques comme un cambriolage ou une blessure d’amitié où cynisme et trahison se combinent…
Docteur Daniel Scimeca*
*Pour en savoir plus, lire :
« Les plantes du bonheur »,
Éditions Alpen
Une histoire de biochimie
Les taoïstes voient dans le vide l’expression du plein, du trop-plein. Est-ce le trop-plein de larmes, le trop-plein d’absences, d’échecs, de ruminations ou d’obsessions qui nous amène au bord de ce gouffre vide ? Ces trop-pleins et ces ruminations nous ont usés et ont usé nos hormones… cérébrales. Nous sommes des êtres faits d’émotion, de langage, d’amour mais aussi des êtres fabriqués de chimie ! Il nous faut l’accepter même si cela n’est pas la vision la plus glorieuse. Un bon nombre de plantes peuvent nous aider à retrouver cette chimie intérieure, cette chimie du cerveau, cette alchimie des émotions bafouées.
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