|
Le développement personnel
dans Signes & sens
Les passionnés du « fait maison »
|
Les passionnés du « fait maison » sont des artistes ! Comment pourrait-il en être autrement lorsque la créativité personnelle se surajoute ou remplace carrément le produit fini et commercialisé ? La frustration due à la crise déclenche de véritables vocations. Coup de projecteur.
Autrefois, l’expression « fait maison » renvoyait exclusivement, dans l’imaginaire collectif, au bon petit plat concocté avec amour. Aujourd’hui, elle dépasse largement la sphère alimentaire pour évoquer des objets artisanaux tels que des boucles d’oreille, des vêtements ou des meubles customisés, des sacs à main... Il existe d’ailleurs un large réseau Internet dont le sens est de promouvoir ces créations individuelles en tout genre.
Des ateliers florissants
Véritable phénomène de société pris en considération par les économistes, le « fait maison » génère un nombre incalculable d’ateliers, que ce soit dans le domaine culinaire, dans le bricolage, le tricot ou encore la déco. À croire que ses adeptes sont aussi à la recherche d’un lien social que la grande distribution a en partie occulté. Selon un sondage réalisé il y a déjà quelques années, 33 % des Français pratiquent une activité liée aux loisirs créatifs. En premier lieu viennent les cours de cuisine, puis les ateliers de couture, suivis par les ateliers déco et le bricolage. Ces espaces, toujours conviviaux, permettent d’acquérir des techniques mais aussi de partager des compétences – peindre un mur, rénover un meuble, réaliser un tricot au crochet (activité très prisée et loin d’être ringarde) – ne nécessitant plus de faire appel systématiquement à des professionnels. D’où un gain au niveau économique et la satisfaction de créer par soi-même. Pour exemple, 22 000 visiteurs se rendent quotidiennement sur l’un des nombreux sites spécialisés pour apprendre à tricoter et à coudre en ligne.
La beauté bio
Il est un domaine où le « fait maison » commence à faire des adeptes : celui des cosmétiques bio. Des fiches savoir-faire sont disponibles sur les sites spécialisés pour fabriquer soi-même son mascara, son rouge à lèvre et autre dentifrice. L’un d’entre eux va jusqu’à proposer de réaliser avec les enfants une poudre magique pour le bain, à base d’argile violette et d’extraits aromatiques de myrtille ou de framboise. Un autre donne la recette de fabrication d’un baume de nuit apaisant. Les ingrédients ? Une cuillère à soupe de beurre de karité, une cuillère à café de macérât glycériné, 2 ml d’inuline bio en poudre et 4 gouttes d’extrait aromatique d’amande douce de cerise. La consigne à toujours respecter : désinfecter les mains, les ustensiles, les pots et le plan de travail. Avec un peu d’habitude, chacun affine sa recette en y ajoutant sa personnalité. Là aussi des spécialistes compétents assurent l’animation d’ateliers qui attirent un public passionné par le concept.
Un engouement libérateur
8 Français sur 10, aujourd’hui, confient concocter régulièrement un plat ou préparer un produit qu’ils auraient pu acheter dans une grande surface. Les motivations qui les poussent ne sont pas seulement d’ordre budgétaire. Lorsque je décide de faire un plat moi-même, je choisis des ingrédients de qualité, explique Martine. Je prends le temps d’aller à la ferme ou de choisir un magasin issu de la filière biologique. Mais surtout, je modifie les recettes, je joue sur les saveurs, j’invente, j’expérimente. Il m’arrive même d’associer mes enfants à l’aventure… Cette attitude se retrouve dans les autres secteurs. Elle convoque l’envie de faire confiance en ses capacités imaginatives, elle stimule la curiosité, ouvre à l’originalité et à un anticonformisme libérateur et de bon aloi. Depuis que je me passionne pour le fait maison, précise Pierre, fan de bricolage et de customisation, je n’ai plus peur d’étonner les autres… Et de m’étonner moi-même.
Fabrice Jarry
|