Un chef d’entreprise peut s’apparenter, d’une certaine manière, à un capitaine de navire. À ce titre, il est tenu de respecter des règles de conduite pour éviter que des écueils transforment son paquebot en véritable galère…
Quel que soit le secteur d’activité d’une société, le directeur ou le gérant reste le référent incontournable. Du fait de sa position, c’est à lui qu’il incombe d’impulser le mouvement le plus juste possible, non seulement en faveur de la réussite de son projet mais aussi pour le plus grand bien de tous.
Le risque de trop discourir
Marc Traverson, co-auteur avec Isabelle Harlé de « Réussir toutes vos négos en entreprise », explique que mener un collectif, c’est montrer par l’exemple ce que sont les bonnes pratiques. Ainsi, le premier piège à éviter, pour un dirigeant, consiste à ne pas se cantonner à des discours. Ce n’est pas ce que vous dites qui compte pour votre équipe mais ce que vous faites. Il faut écouter beaucoup et parler peu pour bien agir dans le gouvernement d’un État, disait déjà, de façon très moderne, le Cardinal de Richelieu. Quoi qu’il en soit, il s’agit de générer une identification positive. La non-conformité des actes et des paroles est un puissant destructeur de confiance, poursuit Marc Traverson. Or, si un patron perd l’estime de ses collaborateurs, il se prive du même coup de leurs compétences.
Dissonances et malentendus
Capitaine au long cours, le directeur d’entreprise remplit aussi une fonction de chef d’orchestre. Il est donc indispensable que chacun connaisse sa partition et soit disponible pour la jouer le mieux possible, ce qui n’empêche en aucun cas la créativité. Bien au contraire. Or, lorsque les rôles des instrumentistes ne sont pas clairement définis, il s’ensuit des malentendus conduisant à la cacophonie de l’ensemble. Pour anticiper ces dissonances, préjudiciables au bon déroulement de l’activité commune, il est souhaitable de veiller à ce que la parole circule convenablement. Pour y parvenir, Dominique Chalvin donne quelques conseils pratiques dans son ouvrage « Libérez vos talents de manager », chez ESF Éditeur : C’est à vous qu’il revient, écrit-il, d’organiser des temps d’échange (rencontre entre tel et tel membre de l’équipe dont les tâches sont complémentaires), de lever les freins à la circulation des renseignements importants (rétention d’information), de limiter les rumeurs, etc.
Entre dictature et copinage
Dictature et copinage constituent les deux extrêmes qu’il est essentiel de bannir dans une structure professionnelle. Une entreprise fonctionne de manière saine lorsque son responsable ne se laisse pas réduire à celui que l’on tutoie facilement. En revanche, il ne s’apparente pas non plus à un censeur terrorisant ses employés. La notion de complémentarité – base essentielle de l’efficacité d’un groupe de travail – ne s’accommode d’aucune façon de l’absence de distance, pas plus que du non-respect de la différence (un employé est un sujet à part entière et surtout pas un objet dont on se sert impunément).
Le danger de l’immobilisme
La seule chose qui ne changera jamais, c’est que tout est toujours en train de changer, affirme la sagesse chinoise au travers du Yi-King. À la lumière de cette Sagesse intemporelle, l’immobilisme professionnel s’avère le pire ennemi. Alain Manoukian, coach, dans son ouvrage « Être manager responsable », publié aux Éditions Bréal, de confirmer : Le chef d’entreprise et son équipe doivent « bouger » et faire bouger les choses. Ils doivent conduire le changement.
Les prises de risques insensés
À l’inverse du manque d’action, les spécialistes du coaching d’entreprise font remarquer que nombre d’échecs sont également dus à un défaut de juste anticipation. La métaphore, utilisée par l’un d’entre eux, Laurent Dureau, auteur de « Piloter sa carrière professionnelle », est significative : il compare le décideur à un pilote de rallye automobile. Quelle serait votre réaction, écrit-il, s’il fait une sortie de route et que vous apprenez qu’il n’avait pas prévu qu’il pleuve ? Un professionnel anticipe le maximum de cas, puis prend des risques apparemment insensés mais qui sont totalement sous contrôle. Et il ajoute : À qui sait prendre les risques, la fortune sourira…
Bernard Bardy