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Le développement personnel
dans Signes & sens
Les transformations corporelles à la puberté, ainsi que les remaniements psychiques qui y sont associés, ont parfois pour résultat une baisse d’énergie de l’adolescent constatée par de nombreux parents. Souvent démunis pour y remédier, il existe cependant des solutions efficaces pouvant les rassurer et permettant de sortir de l’impasse…
Il arrive effectivement qu’un enfant, ayant effectué une bonne scolarité dans les classes primaires, perde toute motivation et devienne paresseux dès lors qu’il se transforme en adolescent. Pour la psychanalyse, cette période correspond à une réactivation du Complexe d’Œdipe, ce conflit inconscient universel relatif à la nécessité de quitter la relation triangulaire Père/Mère/Enfant (moi). Elle reste passagère mais sa durée diffère d’un ado à l’autre en fonction de son histoire.
Non à la banalisation !
Françoise Dolto image cet épisode inconfortable en comparant les ados à des homards. Sans carapace, écrit-elle, ils restent sans défense le temps d’en fabriquer une autre… Il convient dès lors d’en prendre conscience, tout en ne lâchant pas la vigilance. Se réfugier en effet derrière le concept de « crise de l’adolescence », aussi réelle soit-elle, en attendant qu’elle se termine, n’est jamais la bonne solution. Il est très important de rester attentif, sans être intrusif, à ce que perçoit ce futur adulte de son environnement : événement familial particulier, émoi sentimental, dramatisation excessive quant à un reproche fait par un enseignant… Il ne s’agit d’ailleurs pas de banaliser une démotivation scolaire car elle est le signe qu’un dialogue doit être renoué différemment que durant l’enfance, et surtout sans jugement intempestif.
La démotivation scolaire
Dans notre société de consommation, les ados sont plus qu’auparavant la cible de messages de distractions et de plaisirs immédiats. Le goût de l’effort n’est plus valorisé comme il le devrait. Il est ici question d’une véritable problématique sociétale. Pour autant, le laxisme n’a jamais rendu service à personne. Un ado, tout opposant qu’il soit, a besoin de se heurter à « une main de fer dans un gant de velours ». Il cherche ses limites, des limites rassurantes, quoi qu’il manifeste. Ainsi, c’est en faisant preuve de fermeté, au nom d’un principe de réalité quant à la responsabilité parentale, que des efforts peuvent être exigés. Ces efforts doivent être sous-tendus par une réelle confiance et non par un dénigrement systématique dans lequel le jeune s’engouffrerait pour justifier ses errances. À l’impossible nul n’est tenu, dit l’adage. Inutile donc de le pousser dans une voie qui manifestement ne lui convient pas. Dangereux également de le comparer à un membre de la famille qui aurait réussi dans la vie parce qu’il est avocat ou chirurgien. Inversement, il peut retrouver une motivation en saisissant que certains ados issus de milieu très défavorisés, malgré les tentations de voies faciles et sans renier leurs origines, ont atteint leur objectif professionnel à force de persévérance et de travail.
Le lien parent/institution scolaire
La scolarité d’un adolescent souffre parfois d’un manque de liens parents/enseignants. Pourtant, il suffit parfois d’une entrevue, d’une prise de rendez-vous avec un représentant de l’institution scolaire, pour dénouer certains blocages. À condition cependant de ne pas faire de la réussite scolaire une panacée. Il est en fait nécessaire d’évaluer des compétences mais sans enfermer le collégien ou le lycéen dans une direction définitive. Certains parents sont étonnés par le discours des enseignants par rapport à leur progéniture quand ils rétablissent une plus juste vision des choses. C’est le cas de Cécile qui confie : Jusqu’à cet entretien avec le prof de maths de 4ème, je pensais que ma fille était nulle et je ne faisais qu’enfoncer le clou à la maison au vu de ses premiers résultats. Sauf que ce professeur était bien plus optimiste que moi. Certes, les notes n’étaient pas fameuses mais loin d’être désespérantes, selon lui, puisqu’elles atteignaient presque la moyenne et que c’était prometteur. Il en profita pour me demander pourquoi je lui avais interdit d’aller à l’anniversaire de sa meilleure copine. « À cause de ses mauvaises notes », me suis-je entendu lui répondre ! Je venais de comprendre que je confondais la fonction parentale avec celle de l’enseignante que je n’étais pas…
Jacqueline Garnier
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