|
Le développement personnel
dans Signes & sens
Plusieurs raisons sont à l’origine de nos résistances à déléguer. La première consiste à s’accrocher au sempiternel « On n’est jamais si bien servi que par soi-même ». Sauf que ce comportement peut cacher un mauvais narcissisme, une inefficacité quant aux résultats et une occasion discutable d’entretenir la plainte, voire des situations conflictuelles.
Lâcher l’excès de perfectionnisme représente la première étape pour s’autoriser à déléguer. Vient ensuite la prise de conscience de ne pouvoir pas tout faire par soi-même. Que ce soit à la maison ou au travail, vouloir tout régenter aboutit, in fine, à une impasse relationnelle préjudiciable aux objectifs fixés.
Un art au service de soi et des autres
Du verbe confier se construit le substantif confiance. Or, paradoxalement, une personne incapable de confier une tâche à quelqu’un manque de confiance en elle. En effet, faire confiance consiste à se défaire de la notion de pouvoir, sans se sentir pour autant en danger. Il est question en fait de rétablir sa capacité à communiquer de façon saine et réaliste. Accepter que quelqu’un puisse faire aussi bien, voire mieux que soi, n’est pas toujours aisé pour l’ego. Pourtant, quelle libération de temps et d’énergie ! Et combien même la tâche serait moins bien réalisée, il s’agit également de générer l’opportunité pour un tiers de faire mieux. Mélanie, 16 ans, n’a jamais préparé le moindre plat cuisiné. Sa mère la juge incapable de faire aussi bien qu’elle. Certes, les repas sont toujours réussis mais la jeune fille, à l’adolescence, en reste infantilisée. Impossible de grandir de ce côté-là et la maman de se plaindre d’être épuisée. Subtile perversion d’un relationnel mère/fille !
La confiance au service de l’efficacité
Michael Ferrari, coach et auteur de « Devenez riche », évoque dans le cadre de son accompagnement en entreprise des situations bloquées par défaut de délégation : Une certaine personne pouvait cumuler, écrit-il, les rôles de ressources humaines, commercial, comptable, chef de projet et expert du domaine d’activité. Autant dire qu’aucun de ces rôles n’était correctement rempli. La personne avait tellement peur de déléguer qu’elle faisait tout… Un autre défaut consiste à déléguer tout en gardant le pouvoir. Ainsi, la perte de temps est ahurissante en livrant des explications pointilleuses à l’interlocuteur. Sans compter que le lien de confiance n’étant pas au rendez-vous, il y a de forts risques qu’aucune créativité ne soit réalisable. Même s’il s’agit d’un truc aussi idiot que la recherche d’une imprimante, explique Michael Ferrari, vous devez donner le résultat attendu et laisser la personne faire. S’il n’y a plus rien à inventer ou à trouver, confiez ça à un robot ou à un singe savant ! Et il poursuit : Je crois infiniment à l’intelligence des gens. Je suis intimement convaincu que quelqu’un d’intelligent à qui on délègue mal une tâche sera un désastre. L’art de déléguer c’est le fait de faire confiance à l’intelligence humaine… Oser déléguer est, effectivement, un véritable gage de réussite et d’épanouissement pour chacun des membres d’une communauté. Aussi bien d’ailleurs dans la sphère privée que professionnelle.
Vincent Barrier
|