|
Le développement personnel
dans Signes & sens
Peut-on être de bons parents
aujourd’hui ?
|
Que faire ou ne pas faire pour être qualifié de bon parent aujourd’hui ? La question est ardue, d’autant que le perfectionnisme ambiant voudrait que tout soit sans anicroche, le moindre dysfonctionnement donnant libre cours à une « psychologisation » pas toujours de bon aloi.
Alain Braconnier, médecin et auteur de « Être parents aujourd’hui : amour, bon sens, logique », dédramatise la situation en affirmant d’emblée qu’un parent parfait, ça n’existe pas ! À partir de ce constat, il convient d’essayer de faire de son mieux pour devenir au moins, comme le suggère avec un brin d’humour le psychanalyste Bruno Bettelheim, des parents acceptables…
Une juste place à occuper
Entre autoritarisme exacerbé et laxisme, il s’agit pour les parents d’occuper une juste place. Il n’y a cependant aucune recette magique dans la mesure où aucun binôme parent/enfant n’est identique à un autre. Tout simplement parce que chaque être humain est unique, qu’il soit petit ou adulte. Ceci étant dit, tant que l’enfant est mineur, la responsabilité incombe à toute personne tutélaire de nourrir correctement sa progéniture, aussi bien matériellement qu’affectivement. Il est évident que, pour se construire, le petit d’Homme a besoin de pouvoir s’étayer sur ces deux sécurités, même si l’amour qu’on lui porte n’est pas toujours ce qu’il attend. Ainsi, limiter l’utilisation d’une console de jeux afin que ce temps ne déborde pas sur le travail scolaire n’est pas toujours apprécié. Pourtant, les parents doivent rester garants d’une vraie logique, leur rôle étant de préparer leur héritier à la réalité de l’existence. En outre, il est important, surtout dans un contexte sociétal où les mères travaillent plus que par le passé, d’éviter toute culpabilisation qui pousse certains parents à vouloir se faire pardonner leur manque de disponibilité. Alain Braconnier précise que certains principes d’éducation nés à la fin du XXème siècle ont contribué à égarer et désorienter les parents, comme s’imaginer qu’il fallait aimer inconditionnellement ses enfants ou qu’être parent c’était d’abord se sacrifier, ou encore que l’autorité pouvait étouffer l’enfant et qu’il fallait le laisser totalement s’exprimer... L’expérience a montré que la voie du milieu se révèle la plus raisonnable pour le bien de tout le monde. Le dialogue parents/enfant a progressé : il est davantage question de convaincre que de contraindre par la force, à condition cependant que l’enfant ne devienne pas l’égal des adultes et que la complicité s’arrête où commence l’autorité grâce aux limites protectrices.
Divorcés mais toujours parents
Le paysage sociétal s’est largement modifié avec un nombre croissant de divorces. En 2011, les chiffres établissaient déjà qu’1,6 million d’enfants vivaient dans une famille recomposée. L’erreur à ne pas commettre consiste à faire de l’enfant un confident quant à une histoire qui ne concerne que les deux ex-conjoints. La difficulté est certes de taille, surtout si le conflit persiste. Toutefois, la vigilance est de mise. Dénigrer le parent absent en présence de l’enfant est toujours catastrophique pour son équilibre psychique. Si 80 % des enfants de divorcés ont leur résidence principale chez la mère, la fonction paternelle doit à tout prix être respectée. Notamment au niveau de la scolarité, il est incontournable que le père conserve son droit de regard. D’ailleurs, la loi oblige les établissements scolaires à informer la mère et le père du déroulement des études de leur enfant. L’idéal consiste évidemment à garder un lien éducatif quant aux décisions importantes. Les bons parents, après un divorce, sont ceux qui continuent à jouer un rôle important dans la vie de leur enfant. Le processus n’est pas évident car nul n’est exemplaire et les erreurs sont le lot de tous les parents, séparés ou… pas. Sachez également qu’un enfant accepte les règles de vie, qui peuvent être différentes chez l’un ou l’autre des géniteurs, s’il en comprend le sens et qu’elles sont imposées avec amour et fermeté. Il s’avère indispensable également de ne pas se lancer dans des comparaisons stériles de mode de vie et de penser faire mieux que son ex. Un enfant a plus de ressources que les adultes l’imaginent. Il a simplement besoin de pouvoir compter sur une mère et sur un père responsables…
Nathalie Rougier
|
